L’aveu de culpabilité est la meilleure des preuves » dit-on en droit. Le groupe Emedia, par la voix de l’un de ses avocats-conseils, en l’occurrence Me Bamba CISSE, a, sans le savoir, livré aux Sénégalais d’ici et d’ailleurs, le corps du délit à savoir le non-paiement des droits TV dus à New World TV, société togolaise détentrice des droits de la Coupe du Monde FIFA « Qatar 2022 ». Me CISSÉ en a rajouté une couche en confirmant ce que l’on savait déjà, que Emedia a reçu notification de New World TV de défaut de paiement. Où se trouve alors la « forfaiture » dès lors qu’Emedia est défaillant ?
Si ce n’est pas de l’amateurisme, ça en a tout l’air !
La messe étant dite, l’on s’interroge alors sur ce branle bas de combat aux allures de gladiateurs sur fond de « retenez-moi, plutôt invitez-moi au banquet, sinon je fais un malheur ! ».
Et la mauvaise foi y passe quand le patron du groupe, Mamoudou Ibra KANE, pour qui nous n’avons que respect et estime, crie sans sourciller que l’Etat du Sénégal s’est substitué à la RTS pour payer les droits de retransmission.
S’il ignore qu’il en a toujours été ainsi, c’est alors pathétique. La RTS, Société Nationale, n’a qu’un actionnaire : l’Etat du Sénégal. Elle est délégataire de service public et, dans cette posture, elle a l’obligation de fournir aux citoyens sénégalais un service gratuit. L’équipe nationale du Sénégal étant qualifiée à cette Coupe du Monde FIFA « Qatar 2022 », l’Etat du Sénégal, dans ses missions régaliennes, a fait ce qui lui revient de droit au bénéfice exclusif de tous les Sénégalais.
Nous sommes en affaires et c’est connu : dans les affaires, les sentiments n’ont pas leur place.
Comment un groupe, passé premier dans un appel d’offres international, devant la RTS, la TFM et SEN TV comme il s’en vante, peut-il être si oublieuse de ses obligations au point de se faire rappeler à l’ordre à l’effet d’honorer des engagements pris en connaissance de cause ?
La sortie de Mamoudou Ibra KANE flanqué des avocats de son groupe a le mérite de régler un point : la crédibilité et la notoriété de la RTS en ce qu’elle « rafle tous les marchés ». Comment une Télévision Nationale que l’on dit non attractive, non regardée, peut-elle susciter l’intérêt des annonceurs au point de faire « main basse sur la publicité ».
Certes, la RTS est une Société Nationale, mais elle fonctionne comme une entreprise commerciale. En l’absence d’un financement de l’Etat – la signature du décret portant financement du service public de l’audiovisuel est encore attendue – la RTS vit de publicité et d’une redevance. Sous cet éclairage, elle est fondée à se battre pour exister, pas contre la presse privée, mais pour sa survie. Rien d’autre !
Idrissa N’diaye
Journaliste indépendant