La rude adversité semble avoir aidé le maire de Ndioum à se bonifier sur le plan de la densité morale, révélant l’homme sous un nouveau jour.
Le ton est plus ferme, le vocabulaire plus enrichi même si le phrasé est encore haché, hésitant, comme lors d’une fameuse émission devant jury du 9 Mai 2021. Mais les Locales semblent avoir réveillé le monstre sacré qui dort en lui, bonifié par le combat pour l’honneur, civil ou politique : la traditionnelle querelle de leadership engagée contre Abdoulaye Daouda Diallo s’est solidifiée à Podor avec les meetings de remerciements post-24 janvier où Cheikh Oumar Anne semble l’avoir remporté en nombre et … finances, un paradoxe devant l’argentier de la République : cette journée de la Femme 2022 semble confirmer un tournant dans le leadership local. Pour l’histoire et l’honneur, il a également livré une bataille épique contre les autorités décentralisées dans des conclusions diffamatoires et contre ceux qui ont cherché à en tirer des conséquences. L’atome crochu est passé de l’infiniment petit à l’infiniment grand, reprend Pascal avec un Cheikh Oumar Anne retrouvant ses premières amours scientifiques
B-a-ba supérieur
Dopé par le bon succès des agapes universitaires du 7 avril, Cheikh Omar Anne met une distance appréciée avec une récente rencontre avec la presse qui n’avait pas manqué de se poser des questions sur ce ministre supérieur incapable de conjuguer au présent de l’indicatif.
«Ce 7 avril 2022 restera gravé en lettres d’or dans l’histoire de l’enseignement supérieur au Sénégal. Monsieur le président, vous avez fait de notre système le hub de l’enseignement supérieur en Afrique». Énoncée sans hésitation, cette expression technique confirme l’amélioration dans le parler du maire de Ndioum : plus posé, il ne donne plus l’impression de chercher des mots dans un vocabulaire sobre qu’il chercherait à bonifier.
La dernière charge durant le week-end du 23-24 avril en marge de l’ambassade des éleveurs du foirail est au fer rouge quand personne ne trouve grâce à ses yeux, surtout pas les embusqués qui avancent masqués.
Macky Sall a vu le baron à la place du larron que voulait décrire l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) qui avait soulevé la colère noire de l’ancien directeur du Centre des œuvres universitaires : en 2019 encore, nommé dans le gouvernement, il ruminait sa colère contre ces écrivains publics qui se voulaient moralisateurs de la gestion des deniers et que le président de la République a rappelé à l’ordre : il ne leur appartient pas de décider et l’information ne vaut pas nécessairement accusation recevable.
Cheikh Oumar Anne apparaît en tout cas tel cet albatros baudelairien, matheux peu soucieux de la syntaxe des puristes sénégalais, lui perçu en Industries chimiques, Génie chimique et Génie des Procédés et visiteur de la prestigieuse école X.
Il lui reste un dernier combat pour asseoir un leadership que lui contestent ceux qui prétendent mobiliser 19 maires sur les 22 du département de Podor.
La coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) a remporté les Locales du 24 janvier dernier dans 15 des 22 communes ; la force de l’opposition (Wallu Sénégal conserve la commune de Bodé-Lao) se renforce de 4 listes parallèles dirigées par des responsables de l’Alliance pour la République à Pété, Galoya, Dodel et Demette.
À Podor, sur 218.294 électeurs inscrits sur le fichier électoral, pour un potentiel officiel de 208.000 électeurs de la direction générale des élections, les 112.126 qui ont participé au scrutin dans 499 bureaux interrogent sur la possibilité des 100.000 parrainages promis ; les 73.323 parrains obtenus à date semblent conformes à la réalité d’un terrain titre foncier de Macky Sall. Cheikh Omar Anne se gausse d’être le parrain propre des deux-tiers des signataires.
P. MBODJE (Le Devoir)