Après les députés absentéistes, voilà des députés dont la présence gène, parce qu’ils parlent de sabre à brandir contre des collègues, versent dans des invectives, des injures pour d’autres, etc. Aujourd’hui, des députés sont également accusés de trafic de passeports diplomatiques et au moins un député est accusé de trafic de faux billets. Autant de cas graves et bien d’autres qui incitent à penser qu’il faut repenser tout le processus d’investiture du député, l’organisation de l’Assemblée, son mode de fonctionnement, ses missions, etc.
Car, si ces faits concernent des députés pris individuellement, il n’en reste pas moins vrai que leurs attitudes dépeignent sur l’institution parlementaire, même si le Président de l’Assemblée nationale s’en défend en ces termes : ‘’L’Assemblée nationale évidemment ne peut aller chez chaque député pour savoir quel thé il boit le matin ou quel café il boit avant de s’endormir. Cela doit être clair dans l’esprit de tout le monde. Chacun est responsable des actes qu’il pose et les députés ici à partir de ce micro, c’est la loi qui le dit, ne peuvent pas être poursuivis pour les opinions qu’ils expriment en tant que député. L’Assemblée nationale ne peut pas être responsable des actes que posent les députés chez eux ou quand ils ne sont pas en séance plénière ou en réunion”.
Or, tout lié. On ne peut pas parler d’Assemblée nationale sans parler de député. Et pour prendre un exemple parallèle à celui du Président Niass, si un député prend de l’alcool et devient un ivrogne, l’image du Parlement en prend un sacré coup.
Car, aujourd’hui, beaucoup de Sénégalais, y compris de hautes personnalités comme le Khalife général des Tidjanes, sont dépités par ce qui se passe à l’Assemblée nationale.
Outre le fait que l’institution a du mal à assumer son rôle de contrôle de l’action gouvernementale, elle verse dans des polémiques, querelles et mêmes bagarres qui ne l’honorent pas.
Et pendant ce temps, des députés s’adonnent à des trafics. Et on doit se taire. Non, c’est impossible. Certes, l’Assemblée est le prolongement des luttes de pouvoir entre majorité et opposition, mais c’est loin d’être une arène de compétition politique. Et là-dessus, pouvoir et opposition sont aussi responsables les uns que les autres. Alors, il faut nettoyer les écuries d’Augias. Et ce n’est pas à la seule Justice de le faire.
L’Assemblée, comme le rappelait son Président hier, a ses textes, son règlement intérieur. Et certains de ses textes ont été érigés justement pour permettre à l’institution de se protéger des agissements de certains de ses membres.
Et c’est parce que l’Assemblée ne peut rien quand un député pose un acte en dehors de l’institution, qu’une fois saisie, elle doit faire diligence pour enclencher toutes les procédures idoines afin de permettre l’éclosion de la vérité.
Mais, ce n’est pas tout. Il faut que l’Assemblée mette en avant toutes les procédures appropriées afin de dissuader d’autres parlementaires à suivre certains mauvais exemples. Les sénégalais s’attendent à ce que des mesures idoines soient prises pour que l’Assemblée nationale soit une institution de prestige, de respectabilité et de crédibilité pour le Sénégal. Pour cela, il faudra réfléchir également au profil du député et mettre désormais des garde-fous. Tout le monde n’est pas ‘’députable’’ si tant est que l’on veut que l’Assemblée soit vraiment d’une grande utilité.
Et, à ce propos, Niass qui se prépare à se retirer de la vie politique et peut-être de la tête de l’Assemblée, gagnerait à entamer les réformes internes nécessaires à redorer l’image de l’institution parlementaire.
Les prochaines législatives de juillet 2022 offrent l’occasion des assises de l’assemblée avec un dialogue par exemple qui aurait permis de revenir sur certains textes encadrant le vote des députés et le fonctionnement de l’Assemblée sans oublier sa composition.
Assane Samb