Le Sénégal a connu huit (08) années (2012 à 2019) marquées par une stabilité des prix des denrées et produits de consommation courante. Mais aujourd’hui, les consommateurs sénégalais subissent les assauts de la pandémie à coronavirus. Cette pandémie a frappé de plein fouet toute l’économie mondiale et les pays pauvres n’ont pas été épargnés.
Notre pays, le Sénégal n’y a pas échappé. Cette situation s’est traduite entre autres par une hausse généralisée de 15 à 20%, des prix des denrées de première nécessité comme le riz, l’huile et l’aliment de bétail dont la matière première (blé) est importée.
I – Les raisons de la hausse généralisée des prix.
La pandémie à coronavirus a eu comme conséquence un dysfonctionnement sans précédent des chaines d’approvisionnement. Ces dysfonctionnements sont dus principalement à quatre (04) facteurs.
Le premier : les pays d’importation ont restreint leurs exportations pour assurer leur approvisionnement domestique. Cette mesure a entrainé une baisse de l’offre de denrées de première nécessité et un renchérissement des prix à l’importation. Prenons l’exemple de l’huile de palme. Il a fait un bond spectaculaire passant de 515 à 1530 dollars. C’est aussi le cas de l’huile de soja qui passe de 645 à 1 317 dollars et enfin la tonne de l’huile de tournesol qui passe de 740 à 1780 dollars.
Le deuxième : c’est le ralentissement des rythmes de chargements et déchargements de containers. Ces ralentissements ont entrainé la baisse drastique du nombre de containers en circulation. Ils ont dans le même temps, limité le nombre de bateaux dans le trafic maritime. Ce qui a naturellement provoqué la hausse du coût du frêt.
Le troisième : c’est la baisse du nombre de containers disponibles. Cette baisse s’explique d’une part, par les lenteurs de déchargements. D’autre part par la baisse de la production de containers occasionnée par la disparition de certaines petites entreprises spécialisées dans la fabrication de containers. Enfin, cette baisse s’explique également par des difficultés d’approvisionnement en acier et autres matériaux de fabrication des containers. En conséquence, les prix des containers ont quadruplé par rapport à 2019.
Le quatrième : ce sont les tensions politiques au Mali. Ces tensions politiques ont une répercussion sur l’approvisionnement en viande vers le Sénégal. Elles se sont traduites par une baisse de l’offre avec pour conséquence la hausse des prix de la viande de bœuf.
II Les mesures prises par le gouvernement du Sénégal pour protéger le consommateur.
Pour contenir les prix dont l’un des plus grands pics a été noté en janvier 2021, le gouvernement, sur instruction du Président de la République, a réagi autour de trois mesures fortes:
• La première : la Taxe sur la valeur ajoutée appliquée à la farine (TVA) est passée de 18% à 6 %. Cette mesure a non seulement permis d’éviter la hausse du prix de la farine et du pain mais aussi entrainé une bqqaisse de 2.000 F.CFA la tonne au profit des boulangers.
• La deuxième : une Taxe d’Ajustement à l’Importation (TAI) de 5% sur les huiles brutes de palme, de sojà ainsi que de tournesol est appliquée ;
• La troisième : une Taxe d’Ajustement à l’Importation (TAI) de 35% sur les huiles de palme, de soja et de tournesol raffinées et enrichies en vitamine A.
III – Les perspectives
Les tendances des cours mondiaux des denrées de première nécessité n’augurent pas une baisse dans un horizon très proche. Les prévisions les plus optimistes tendent plutôt vers mars 2022.
D’ici là, nous espérons que l’Etat, par ces mesures fortes, une bonne régulation du marché conjuguée à une production endogène, arrivera à juguler les prix des denrées de première nécessité.
Madame Assome Aminata Diatta,
Ministre du Commerce et des PME