La journée d’hier a été rude pour les habitants de la cité Keur Gorgui, les partisans et sympathisants d’Ousmane Sonko et les forces de l’ordre.
Les affrontements auxquels on a assisté ont occasionné beaucoup de blessés, des dégâts matériels importants et des arrestations.
Mais, jusqu’ici, le leader de Pastef, député de son état, reste libre. La procédure déclenchée ne sera certainement pas en flagrance.
Donc, il faudra lever son immunité parlementaire avant de devoir le convoquer légalement pour qu’il s’explique sur les accusations dont il fait l’objet.
Car, le dossier ouvert contre lui est lourd parce que portant non pas sur des affaires de gestion, d’offense au Chef de l’Etat ou autres, mais de mœurs. On parle de viol à plusieurs reprises à l’aide d’armes. Or, d’après certaines indiscrétions, l’homme serait détenteur d’armes.
Pire, la fille serait mineure et aurait un faux état civil actuellement, ce qui, avec la criminalisation du viol, doit pousser le leader de Pastef à prendre cette affaire au sérieux.
C’est sans doute ce qu’il est en train de faire avec ses conseils. Etudier, pendant qu’il est encore temps, les meilleures stratégies de défense.
Car, à coup sûr, la levée de son immunité parlementaire ne va pas tarder et il pourrait se retrouver en état d’arrestation et sous mandat de dépôt.
Il reste cependant une grande inconnue : Quelles sont les preuves dont disposent les services du procureur dans cette affaire ? Où en est l’enquête ?
Comme il s’agit d’une affaire judiciaire et que le procureur doit convaincre le Ministre de la Justice de la saisine de l’Assemblée nationale pour la levée de l’immunité du député, on en saura grand-chose, pour le moment.
Mais, il y a des éléments portés à l’attention du grand-public comme le fait que le mis en cause reconnait lui-même se rendre dans ce salon de massage. Et manifestement sans ses gardes de corps ou membres de ses proches.
L’autre certitude, c’est qu’il se livrait à des séances de massage et la plaignante en question, Adji Sarr, était une de ses masseuses.
Or, pour le moment, c’est sa parole contre celle de Sonko. Si la plaignante soutient qu’il y a eu viol répétitifs avec violence, Sonko argue le contraire et ne reconnait même pas l’existence de rapports sexuels consentis.
Il affirme, mordicus, que les relations étaient purement professionnelles.
Alors, face à ces deux versions complétement contradictoires, c’est aux enquêteurs de rétablir la vérité des faits au risque de voir l’affaire classée sans suite ou simplement, au tribunal de faire bénéficier le doute au leader politique.
Or, ces adversaires politiques tiennent là, une occasion en or, de démonter ‘’le phénomène Sonko’’ qu’ils ont la maladresse d’avoir créé. Ils ne vont jamais s’en priver si jamais le leader du Pastef n’était pas blanc comme neige.
Alors, le jeune politicien, devenu de facto le chef de l’opposition, joue son avenir politique. C’est la plus rude bataille à laquelle il lui a été donné de participer. Et s’il veut survivre politiquement, il devra la gagner.
Car, n’oublions pas que le viol a été criminalisé et les sanctions devenues très lourdes. Et il doit prendre conscience du fait que son emprisonnement ferait beaucoup plaisir à certains parce synonyme de la perte de ses droits civils et civiques.
C’est la raison pour laquelle il a transposé l’affaire judiciaire sur le terrain politique. Excellente stratégie mais qui ne saurait suffire.
Car, ici, c’est une dame qui a porté plainte contre quelqu’un pour des faits extrêmement graves.
Donc, même s’il y avait une main invisible, ce qui est probable, elle ne serait pas directement impliquée. C’est là toute la complexité de l’affaire, pour Sonko.
Il devra, de prime abord, mener la bataille judiciaire qui requiert une extrême vigilance même si les viols font partie, souvent, des plus crimes les plus difficiles à démontrer.
Ce qui veut dire que s’il a laissé des traces compromettantes, il lui sera difficile de sauver sa tête.
En tout état de cause, les sénégalais attendent la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.
Assane Samb