Dr Mamadou Mansour Diouf s’écriait tout récemment à propos de Covid19 : reveillez-vous, bon sang! Il pensait peut-être que nous Sénégalais, pensions que tout n’arrive qu’aux autres. Eh bien! Nous sommes devenus les autres. Covid-19 est bien là mais, rassurez vous. Il aura fort à faire face à un Président déterminé, face à nos vénérés guides religieux et à nos chefs coutumiers, face l’unité des leaders politiques et d’opinion (daan Corona), face à la discipline dont nous ferons montre en nous appropriant les recommandations des autorités sanitaires et en respectant les mesures prises par l’Etat, dans notre exclusif intérêt.
En attendant la victoire annoncée, j’ai quand même deux soucis majeurs.
Le premier a trait aux velléités de stigmatisation des porteurs du virus. Un peuple est uni pour le meilleur et pour le pire. Loin de moi l’idée de recommander d’embrasser tous les malades et tous les suspects mais tout de même: ce sont des Sénégalais et ils n’ont pas, à ce que je sache, des plaies répugnantes et des boutons galeux, des visages tuméfiés pas glamour pour un sou. Il faut leur parler (même si c’est sous protection), il faut leur faire comprendre ( surtout aux suspects) que c’est une forme de grippe qui peut cependant être mortelle et très contagieuse mais que ça se soigne. C’est notre rôle à nous tous. Sinon, le danger viendra de la honte d’être désigné ennemi no1 du quartier, l’irresponsable compagnon de Covid, le tueur en puissance et, par conséquent, du réflexe de cacher la chose….
Mon second souci est que cette crise montre la fragilité de certains équilibres. Le hadji annulé. Jamais, même en rêves, nous l’avons imaginé. Les USA interdisent l’entrée des Européens sur le territoire américain. Une incongruité diplomatique et relationnelle, entre grandes puissances, inimaginable. Arrêter tous les championnats de football pour cause de force majeure mondiale, aucune fédération ne l’avait prévu dans son règlement. Ne plus pouvoir se donner la main, ne plus organiser de mariages, ni de baptêmes, ni de… les études sociologiques n’ont pas été aussi perspicaces pour l’envisager. Vous avez dit « dé-mondialisation », dé-socialisation ». Si la maladie est rapidement terrassée, ils ne seront jamais à la mode. Dans le cas contraire …haro sur nos neurones pour créer un monde nouveau.
Unités, disciplinés et solidaires, nous ferons cependant face.