Le spectre d’une montée des cas de contaminations est devenu une réalité ces dernières semaines. Le ministère de l’Intérieur a sorti une note pour un contrôle plus rigoureux du port du masque et des mesures barrières dans l’espace public. Une mission qui n’est pas une promenade de santé pour les policiers qui veillent au grain.
Dans le taxi clando qui quitte Hamo 6 à Guédiawaye pour Pikine Tally Bou Mack, les enceintes de la vieille roulotte servent de haut-parleurs au prêche d’un « Outaz » officiant sur une bande Fm dakaroise. Dans l’habitacle, se répand la « bonne parole » entrecoupée de dédicaces à des « sokhna » (dames) pour leur « téranga » (générosité). Soudain, le chauffeur baisse le son de la radio. « Il y a un contrôle de police. Il faut mettre vos masques », conseille-t-il. L’embouteillage s’installe de l’entrée de la caserne des sapeurs-pompiers de Guédiawaye au stade Amadou Barry. Et ce n’est pas que du fait des travaux, apparemment à l’arrêt, du Brt en face de la mairie de la ville de Guédiawaye. Les occupants se débattent pour trouver un vendeur ambulant de masques. Ils ont bien fait puisque moins de 100 mètres plus loin, un vrai « check-point » est en place. Un fonctionnaire de police et un Agent de sécurité de proximité sont positionnés de part et d’autre de la route. « Madame, il faut aller payer 3.000 FCfa », signale l’un des policiers à une dame en « ndokette » bleu, descendue d’un car rapide, dont l’incompréhension se lit sur les yeux.
Mosquées, bars, restaurants…
Debout, le regard aiguisé, Dianko Mballo, l’adjoint au commissaire central de Guédiawaye, est en mode vigie. Il regarde, questionne, donne des ordres. « Le commissariat central de Guédiawaye est la juridiction qui polarise 7 commissariats d’arrondissement et 3 postes de police », présente le commissaire Mballo. « Depuis hier (jeudi 3 décembre, ndlr), une note du commissariat central de Dakar rappelle à tous les commissariats, qui sont dans sa juridiction régionale, de faire respecter davantage les mesures barrières imposées par un arrêté du ministère de l’Intérieur en octobre », poursuit le commissaire Mballo. Le vendredi 4 décembre, les fonctionnaires de police ont été envoyés pour vérifier le respect des mesures barrières et l’existence de dispositifs de lavage des mains dans les mosquées, mais aussi le port du masque et la distanciation entre les fidèles lors de la prière dans les lieux de culte. « Désormais, ceux qui ne respectent pas la loi seront invités à sortir de la mosquée », prévient le commissaire Mballo. Ces contrôles ne se limitent pas qu’aux véhicules de transport public et aux lieux de culte. Les restaurants, bars, marchés et autres superettes sont concernés. Et Dianko Mballo poursuit : « Ce que nous faisons à Guédiawaye, tous les autres commissariats et postes de police le font ».
Contrôler mais aussi rendre compte. À midi, une remontée d’informations est effectuée aux supérieurs hiérarchiques à Dakar pour faire le point de la matinée sur le nombre d’interpellés dans les transports en commun, les marchés et autres supérettes pour non-respect du port obligatoire du masque. Le procédé est reconduit pour la tranche horaire de 15h – 19H. Idem pour la nuit, notamment dans les bars et autres restaurants, mais cette fois-ci l’attention est portée sur le respect des mesures barrières comme la distanciation physique, le lavage des mains et l’emploi des produits conformes de gel hydro alcoolique.
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Plus de 500 personnes interpellées en banlieue dakaroise
Les chiffres des forces de police sont fournis par l’adjoint au commissaire central de Guédiawaye. « Pour la banlieue (département de Pikine et de Guédiawaye), les commissariats qui dépendent de nous ont interpellé 319 personnes vendredi dernier à midi pour non-port de masque. Pour le même motif, le chiffre était de 207 dans l’après-midi. Et la nuit, des gérants de bars (Golf et Pikine) ont été invités à venir payer des contraventions pour non-respect des mesures barrières », renseigne Commissaire Mballo. Ce dernier attire aussi l’attention sur le bon port du masque. « Certains le mettent uniquement sur la bouche ou juste sur le nez. Cela crée des situations ubuesques lors des contrôles », sourit-il presque.
Source « Le SOLEIL »