Malgré la baisse de l’intérêt des bailleurs de fonds internationaux pour le financement des projets pétroliers et gaziers, les activités en amont du secteur en Afrique feront preuve de résilience d’ici la fin de la décennie en cours.
L’Afrique de l’Ouest devrait accaparer plus de 50% du total des dépenses d’investissement dans les activités pétrolières et gazières en amont (l’exploration et la production) sur le continent d’ici 2030, selon un rapport publié en décembre dernier par la Chambre africaine de l’énergie (AEC).
Intitulé « The State of African Energy-2025 Outlook Report », le rapport précise que la domination de cette sous-région s’explique essentiellement par la hausse des investissements prévus dans certains grands producteurs historiques d’hydrocarbures comme le Nigeria ainsi que dans des eldorados gaziers ou pétroliers émergents tels que la Mauritanie, le Sénégal, le Ghana et la Côte d’Ivoire.
Avec des acteurs clés tels que la Libye, l’Algérie et l’Egypte, la sous-région de l’Afrique du Nord devrait, quant à elle, capter environ 35 % des dépenses d’investissement prévues sur le continent d’ici la fin de la décennie en cours.
La majeure partie des dépenses d’investissement sur l’ensemble du continent concerneront les hydrocarbures liquides (pétrole brut et condensats). Le gaz naturel gagnera cependant du terrain progressivement. Sa part dans les dépenses annuelles devant passer d’environ 30 % en 2023 à plus de 40 % d’ici 2030.
Les projets « greenfield » (projets qui démarrent de zéro) devraient attirer plus de 60 % du total des investissements, contre moins de 40 % pour les projets « brownfield » (projets existants à maintenir ou à faire évoluer).
Le rapport indique également que les dépenses d’investissement dans l’amont pétrogazier en Afrique ont atteint une valeur de 47 milliards de dollars en 2024, enregistrant ainsi une croissance de 23% par rapport à 2023. Ces dépenses devraient tomber à environ 43 milliards de dollars en 2025, en raison notamment des retards enregistrés dans les décisions finales d’investissement (DFI) relatives à plusieurs projets, avant de remonter progressivement pour s’établir à un niveau record d’environ 54 milliards de dollars en 2030.
Les énergies renouvelables représenteront 43% du mix électrique en 2030
D’autre part, l’activité de forage onhsore devrait rester dominante d’ici la fin de la décennie, avec environ 80% de l’ensemble des puits, grâce notamment à de nombreux projets situés en Afrique du Nord. L’Afrique de l’Ouest sera la locomotive des forages offshore, avec une part de 70 % de l’ensemble des puits. Quatre poids lourds du continent (l’Algérie, la Libye, l’Egypte et le Nigeria) seront à l’origine de près de 60 % de l’ensemble des puits forés à l’échelle continentale.
La Chambre africaine de l’énergie souligne par ailleurs que l’Afrique devrait porter sa production de pétrole de 6,5 millions de barils par jour (bpj) à fin 2024 à environ 7 millions de bpj à la fin de l’année en cours.
La production de gaz naturel sur le continent devrait, quant à elle, passer d’environ 250 milliards m3 en 2024 à un peu moins de 300 milliards m3 d’ici à 2030, grâce notamment aux projets en cours de développement au Mozambique et à l’entrée de nouveaux autres pays comme le Sénégal et la Mauritanie dans le club des producteurs de ce combustible sur le continent.
Sur un autre plan, le rapport fait remarquer que la part des énergies renouvelables dans le mix électrique du continent africain devrait passer de 27% en 2024 à 43% en 2030. Avec près de 44 gigawatts (GW) de capacités installées, l’hydroélectricité est historiquement la source d’énergie renouvelable la plus importante en Afrique à ce jour, contribuant à hauteur de 19 % au mix électrique global du continent et de jusqu’à 90 % du mix électrique dans des pays comme l’Ethiopie et la RD Congo.
La hausse attendue de la part des énergies renouvelables dans le mix électrique du continent d’ici la fin de la décennie découlera essentiellement de l’augmentation des nouvelles capacités solaires et éoliennes. Des projets solaires et éoliens à grande échelle d’une capacité cumulée de plus de 13 GW sont en cours de construction, notamment en Afrique du Sud, en Egypte, au Maroc, en Ethiopie et en Algérie, alors que quelque 500 GW sont en phase de conception à l’échelle continentale.