La révocation de Barthélémy Dias de son poste de maire de Dakar rappelle celle de son mentor et prédécesseur, Khalifa Ababacar Sall, conséquence de ses ennuis judiciaires dans l’affaire dite de la « caisse d’avance » qui lui avait valu une condamnation à 5 ans de prison, souligne APS.
En mars 2009, sous la bannière de la coalition Benno Siggil Senegaal (s’unir pour relever le Sénégal, en wolof), Khalifa Ababacar Sall est élu maire de Dakar avec 81 voix sur 100 des suffrages exprimés devant Karim Wade, fils du président Abdoulaye Wade et candidat du Parti démocratique Sénégalais, alors au pouvoir.
En juin 2014, il est réélu haut la main cette fois sous la bannière de la liste Taxawu Ndakaaru (Debout pour Dakar). Il avait battu Aminata Touré l’ancienne premier ministre et candidate à Grand Yoff pour le compte de la majorité d’alors.
En 2017, les ennuis judiciaires commencent pour l’ancien patron des Jeunesses socialistes. Il est notamment accusé d’avoir profité de ses fonctions pour « détourner » la somme d’un milliard 800 millions de FCFA.
Khalifa Sall, incarcéré depuis mars 2017 dans l’affaire dite de la « caisse d’avance » de la mairie de Dakar, sera condamné à 5 ans de prison le 30 mars 2018, une peine confirmée par la Cour d’appel de Dakar, le 30 août 2018, et la Cour suprême, le 3 janvier 2019.
Il sera révoqué de ses fonctions de maire de la capitale sénégalaise, au lendemain de la confirmation de sa condamnation par la Cour d’appel.
Khalifa Sall va recouvrer ainsi la liberté après plus de deux ans de détention. Il a bénéficié d’une remise de peines intégrales avec ses codétenus Mbaye Touré et Yaya Bodian.
Privé de ses droits civiques dans l’affaire de la caisse d’avance, Khalifa Sall n’a pas pu se présenter à l’élection présidentielle de 2019.
Ironie du sort, celui qui avait fait cavalier seul, sous la Bannière de Taxawu Dakar pour se faire élire à la tête de la mairie Dakar avant de la perdre après des ennuis judiciaires, sera remplacé par un de ses lieutenants les plus en vue, Barthélémy Dias lors des élections locales de 2022.
M. Dias sera lui aussi rattrapé par ses ennuis judiciaires qui remontent à 2011.
En 2017, il avait été condamné pour « coups mortels », dans l’affaire de l’attaque de sa mairie de Mermoz-Sacré-Cœur, à deux ans de prison, dont six mois ferme, ainsi que des dommages et intérêts de 25 millions de francs CFA à verser à la famille de la victime.
Le verdict a été confirmé en appel. En décembre 2023, la Cour suprême avait rejeté le pourvoi introduit par les avocats de Barthélémy Dias.
Lors de l’ouverture de la session parlementaire, le ministre de la Justice a officiellement saisi le bureau de l’Assemblée nationale de procéder à la révocation du mandat de M. Dias.
En application des dispositions de l’article 61, dernier alinéa, de la Constitution et l’article 51 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, dernier alinéa, le bureau de l’institution parlementaire, réuni le jeudi 5 décembre 2024, a procédé à la radiation de M. Barthélémy Dias.
Après l’assemblée nationale, l’opposant Barthélémy Dias a été déchu de son poste de maire de Dakar.
Vendredi au cours d’une conférence de presse interrompue par la police dans l‘enceinte de l’hôtel de ville de Dakar, Barthélémy Dias dénonce une « dictature » des nouveaux tenants du pouvoir et compte saisir les juridictions habilitées.
« Personne ne peut me dessaisir de ma fonction de maire de Dakar, tant que mon droit de recours n’est pas encore exercé », clame M. Dias devant des journalistes.