Les dernières projections de la Banque mondiale annoncent une baisse de 9 %, soit 44 milliards de dollars (2481 milliards de FCfa), des envois de fonds des migrants vers l’Afrique subsaharienne. Ce repli résulte des effets de la pandémie de la Covid-19 qui a affecté les activités des travailleurs migrants de beaucoup de pays africains et du reste du monde.
En raison de la propagation de la pandémie de la Covid-19, les transferts des migrants devront connaître un ralentissement dans presque toutes les régions du monde, alerte la Banque mondiale dans un récent rapport. S’agissant de l’Afrique subsaharienne, l’institution financière indique que les envois de fonds vers cette zone devraient reculer d’environ 9 % en 2020, soit 44 milliards de dollars (2481 milliards de FCfa). Elle précise que si les flux à destination du Kenya restent, pour l’instant, positifs, ils devraient finir par plonger en 2021. Les transferts vers tous les grands pays bénéficiaires devraient baisser. Ces baisses ne sont pas sans conséquences sur les conditions de vie des populations. En effet, la Banque prévient que du fait de l’ampleur de la crise sanitaire qui a touché, à la fois, les pays d’origine et de destination des migrants subsahariens, ce tassement des remises migratoires devrait aggraver l’insécurité alimentaire et la pauvreté.
Concernant la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, les transferts d’argent devraient chuter de 8 % en 2020, soit 55 milliards de dollars, pénalisés par le ralentissement durable attendu de l’économie mondiale. Les envois vers l’Égypte, premier pays bénéficiaire de la région, se sont jusqu’ici révélés contra-cycliques (relatif au sens inverse de la situation conjoncturelle). Ces flux devraient finir par baisser avec l’affaiblissement des cours du pétrole et le ralentissement économique dans les pays du Golfe. Pour la zone Europe et Asie centrale, la Banque mondiale prévoit un repli de 16 % (48 milliards de dollars) des remises migratoires sous l’effet de la pandémie et du repli des cours du pétrole. Pratiquement, tous les pays de la région affichent une chute des envois de fonds supérieure à 10 % en 2020. La dépréciation du rouble russe risque elle aussi de ralentir les transferts d’argent en provenance de la Russie.
À une échelle beaucoup plus globale, la Banque mondiale indique que les transferts d’argent vers les pays à revenu faible et intermédiaire devraient se replier à 508 milliards de dollars en 2020, en recul de 7 %, avant de connaître un nouvel effondrement, en 2021, à 470 milliards de dollars (-7,5 %). L’atonie de la croissance économique, l’insuffisance des niveaux d’emploi dans les pays d’accueil des migrants, la faiblesse des cours du pétrole et la dépréciation des monnaies des pays d’origine des transferts d’argent par rapport au dollar expliquent, en grande partie, ce déclin.
Mamta Murthi, vice-présidente de la Banque mondiale pour le développement humain et présidente du Comité directeur sur les migrations, soutient que la Covid-19, vue sous l’angle migratoire, a des effets généralisés puisqu’elle touche, à la fois, les migrants et les familles qui dépendent de ces envois de fonds.
Elle assure que la Banque mondiale poursuivra sa collaboration avec ses partenaires et les États afin de préserver cette véritable planche de salut et de contribuer au développement du capital humain. Malgré le recul attendu, les remises migratoires devraient constituer une source de financement extérieur encore plus importante pour les pays à revenu faible et intermédiaire en 2020, nuance le rapport de la Banque mondiale dans lequel on souligne que ces transferts ont atteint un niveau record de 548 milliards de dollars en 2019. Ils dépassent ainsi les investissements directs étrangers (534 milliards) et l’aide publique au développement (environ 166 milliards).