Des centaines de personnes ont afflué à la Cité du Lac Rose pour s’installer. A l’origine de ce mouvement, un message sur Whatsapp informant de la disponibilité de logements supposés appartenir à l’ex-Première dame Marième Faye Sall et que l’actuel chef d’Etat a décidé d’offrir gratuitement aux populations. Il a fallu l’intervention énergique de la gendarmerie pour déloger ces gens qui croyaient au «Ubbi Deuk».
Un fait inédit s’est déroulé entre vendredi 12 et lundi 15 juillet. Des centaines de personnes ont afflué à la Cité du Lac, dans la commune de Bambilor, pour s’installer dans les logements sans aucune formalité. A l’origine de ce mouvement de masse, une annonce via Whatsapp informant que toute personne le souhaitant pouvait venir s’installer et disposer ainsi gratuitement du logement. «Ubbi Deuk (ouvrir habiter)» : il n’y a pas à chercher midi à quatorze heures pour ces nombreuses personnes. «On a entendu que c’est la cité de Marième Faye Sall et que le Président Bassirou Diomaye Faye est en train de la donner aux populations. C’est pourquoi on est venus nous installer», a témoigné Moussa, venu avec sa famille de Tivaouane Peulh. «On éprouve d’énormes difficultés avec la location, c’est pourquoi je suis venu occuper une des maisons», a-t-il poursuivi, rappelant qu’il fait partie des victimes des démolitions de maisons de Tivaouane Peulh.
Dans cette atmosphère indescriptible, des batailles entre nouveaux occupants se disputant la priorité ont éclaté, rajoutant ainsi au chaos. «De 18h à 23h j’étais là, ce que j’ai vu, je ne peux pas le décrire, c’est du jamais vu (…) Heureusement que l’Etat a réagi, et de manière prompte», a narré Ousmane Dia, chef de quartier Déni Birame Ndao, qui n’en revient toujours pas. Le soulagement de Moussa n’aura été que de courte durée, puisque des éléments de la Gendarmerie nationale sont venus lundi déloger tout ce beau monde. Les stigmates pour autant restent visibles sur les lieux. Des numéros de téléphone inscrits sur des murs pour marquer la propriété, des vitres cassées, des portes et fenêtres démontées, des accessoires sanitaires et autres objets volés… Tel est le décor à la Cité du Lac Rose.
Une tentative rapidement annihilée par la gendarmerie
Le promoteur du projet n’a pas eu les mots pour décrire la situation. «C’est écœurant, tout ça détruit en un jour ; c’est difficile», a en effet déploré Babacar Chimère Diouf. «C’est du banditisme, ce sont des squatteurs. Ils étaient plus de 500 personnes, ils ont cassé des vitres et forcé les portes pour accéder aux maisons. Ils ont même mis leurs noms sur les bornes des parcelles qui ne sont pas encore construites, c’est incroyable. Les informations qui circulent selon lesquelles le site appartiendrait à Marème Faye Sall sont complètement fausses, je ne la connais même pas, je ne l’ai jamais vue», a-t-il encore relevé, non sans revenir sur l’ampleur du préjudice subi.
«J’ai contracté un prêt auprès de la banque, ce n’est pas l’argent de Marième Faye Sall. Nous avons signé un accord avec l’Etat pour qu’il se charge de l’installation de l’électricité et de l’eau, mais jusqu’à présent, rien n’a été fait. C’est la raison pour laquelle les chantiers sont arrêtés depuis septembre 2021», a-t-il expliqué, rappelant que ce projet s’inscrit dans le cadre du programme des 100 mille logements lancé par l’Etat du Sénégal. Ce à quoi il s’attend, c’est l’accompagnement de l’Etat, à travers notamment la réalisation des Voies et réseaux divers (Vrd) pour mettre les logements à la disposition des Sénégalais.
Un lot de 153 logements est pour l’heure entièrement achevé, en attendant les autres. Pareille situation avait été vécue quelques années plus tôt. C’était au site de recasement des sinistrés de la banlieue communément appelé Plan Jaxaay. Privés de toit, plusieurs personnes avaient initié le tout premier «Ubbi Deuk» sur ces logements qui étaient propriété de l’Etat. Après des mois passés dans les lieux, ils avaient finalement été déguerpis au profit des véritables bénéficiaires. C’est dire que la question du logement demeure un réel casse-tête pour la majorité des concitoyens.