En un demi-siècle, l’agriculture mondiale a connu une progression exceptionnelle. Le niveau de production alimentaire a atteint un niveau inédit dans l’histoire et la recherche technologique laisse entrevoir des grandes perspectives d’amélioration. S’il faut se réjouir de ces avancées, de nombreuses voix appellent cependant à changer un système alimentaire mondial, dont l’empreinte environnementale est considérable. Et ce, d’autant plus que les contraintes liées au changement climatique et aux limites des ressources vont croissant. Aperçu en 8 points sur la situation du système alimentaire.
13 millions de kilomètres carrés
C’est la superficie des terres occupées par l’agriculture dans le monde. Cette surface permet de produire suffisamment pour nourrir potentiellement toute l’humanité. Par exemple, selon la FAO, les céréales devraient connaître une production globale de 2,76 milliards de tonnes en 2020/2021, soit 58 millions de tonnes de plus qu’en 2019, un record historique.
Les rejets de méthane dans les rizières représentent près de 10 % des émissions globales du secteur agricole.
3 cultures fournissent la moitié des calories d’origine végétale
Dans le monde, trois céréales, à savoir le riz, le blé et le maïs fournissent plus de la moitié des calories d’origine végétale et plus de 40 % des apports énergétiques mondiaux selon la FAO. D’après les données de l’organisme onusien, ces cultures occupent plus de 583 millions d’hectares (5,8 millions km2). Cela représente l’équivalent de la superficie combinée de l’Algérie, la République démocratique du Congo et l’Ethiopie.
Avec l’augmentation prévue de la population à 10 milliards de personnes, d’ici 2050, la demande des trois graminées devrait atteindre 3,3 milliards de tonnes par an, soit 800 millions de tonnes de plus qu’en 2014. Une pression supplémentaire sur les ressources dans un contexte déjà marqué par les conséquences du changement climatique, la dégradation des terres ainsi que la raréfaction de l’eau.
600 millions d’exploitations
D’après la FAO, il existe dans le monde plus de 600 millions d’exploitations agricoles qui produisent pour alimenter plusieurs milliards d’individus à travers le monde. 90 % de ces fermes s’appuie sur la main-d’œuvre familiale.
90 % des fermes s’appuie sur la main-d’œuvre familiale.
Selon l’organisation onusienne, ces exploitations occupent 70 à 80 % des superficies de terres arables et génèrent environ 80 % de la valeur du système alimentaire mondial.
30 %
C’est la part de l’agriculture dans les émissions de gaz à effet de serre (GES). Les rejets de méthane dans les rizières représentent près de 10 % des émissions globales du secteur agricole. Par ailleurs, d’après la FAO, l’élevage de bétail génère près de 15 % des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique. Dans cette catégorie, la production de viande de bœuf et d’agneau détient la palme. Le processus de production d’un kilogramme de viande bovine émet ainsi 27 kg de GES en équivalent CO2 contre 39 kg de GES pour l’agneau. Pendant ce temps, la production de poulet n’émet que 6,9 kg de GES.
Moins de 3 % des variétés de plantes disponibles sont cultivées
Selon les estimations de la FAO, à peine 3 % des quelque 250 000 variétés de plantes disponibles sont cultivées. De même, sur les 30 000 espèces végétales comestibles, seulement 170 sont exploitées à l’échelle commerciale, d’après les données du Forum économique mondial.
La banane Cavendish représente 95 % du commerce mondial alors qu’il existe plus de 1000 variétés de bananes.
Cette situation fait planer un risque sur la biodiversité du système alimentaire global, dans la mesure où, en cas de maladie ou d’infection des variétés demandées par l’industrie, les conséquences pourraient être dramatiques pour les circuits alimentaires mondiaux. En outre, de nombreuses cultures dites « traditionnelles » qui présentent des effets intéressants pour la santé humaine sont sous-exploitées en raison du manque d’intérêt de l’industrie agroalimentaire.
Dans cette catégorie, le cas de la banane est assez symptomatique pour être souligné. Une seule variété, à savoir la Cavendish, représente 95 % du commerce mondial alors même qu’il existe plus de 1000 variétés de bananes. Si la commercialisation d’une seule variété rend la récolte et le transport plus économique et permet de proposer un produit uniforme partout, la FAO indique notamment que cela reste risqué. Et pour cause. La Cavendish est sans pépins, ce qui signifie que le fruit est stérile, c’est-à-dire incapable de se reproduire via le processus normal d’ensemencement. Elle est, en outre, sous la menace de la maladie de Panama, provoquée par un champignon redoutable qui a déjà décimé la variété Gros Michel, jadis vedette des circuits de distribution.
70%
C’est le volume d’eau douce de la planète consommé par l’agriculture, d’après la Banque mondiale. On estime ainsi que l’activité agricole consomme près de 2500 milliards de mètres cubes d’eaux de surface ou souterraines pour l’irrigation des cultures.
14 % des récoltes est perdu chaque année
Dans le monde, 14 % de la nourriture produite est perdue annuellement avant d’atteindre le marché, selon la FAO. L’organisation chiffre ces pertes à 400 milliards $ par an, soit l’équivalent du PIB du Nigeria.
Faute d’infrastructures, une partie importante des récoltes ne parvient pas jusqu’au consommateur.
Selon l’organisation, les causes de ce problème vont du manque d’infrastructures de stockage, aux attaques parasitaires en passant par les mauvaises conditions climatiques. D’une manière générale, cette situation reste préoccupante dans la mesure où près de 690 millions de personnes souffrent de faim dans le monde.
10 000 milliards $
C’est la valeur marchande du système alimentaire mondial d’après La Food and Land Use Coalition, organisation qui rassemble des économistes, des spécialistes de l’environnement, de l’alimentation et de l’agriculture. Si ce chiffre démontre l’importance économique du secteur agroalimentaire mondial, le groupe d’experts met en lumière le fait qu’en réalité, l’industrie, telle qu’elle fonctionne aujourd’hui, détruit plus de ressources naturelles qu’elle ne crée de richesse. En effet, selon ses estimations, les coûts associés à la production alimentaire s’élèvent à près de 12 000 milliards $, soit un peu moins que le PIB de la Chine.
Espoir Olodo