« Tel est pris qui croyait prendre »
Pour ceux qui ont des yeux et une cervelle, l’amorce du changement systémique avec le nouveau Pouvoir au Sénégal a eu un effet positif auprès de la population. Les choses sont claires. Il y a d’un côté les optimistes majoritaires, qui saluent les premières décisions courageuses de rupture, et il y a de l’autre côté minoritaire, les charlatans qui prédisent à l’aide d’une boule de cristal que l’échec est imminent.
Contentons-nous de compulser et de revisiter les premières séquences des actions de Monsieur Bassirou Diomaye Faye, Président de la République, après 80 jours d’exercice du Pouvoir.
- Il ne fait pas l’ombre d’un doute que la composition du Gouvernement a été faite d’une manière objective et équilibrée avec la nomination de personnes dont le profil sied parfaitement à la fonction.
Les ministères de Souveraineté que sont les Forces Armées, de l’Intérieur et de la Sécurité Publique et de la Justice ont été confiés à des dignitaires apolitiques expérimentés, rigoureux, et au passé glorieux. - La politique diplomatique de proximité déployée dès l’installation du nouveau Pouvoir en se rendant chez les pays voisins est un signal fort de l’ancrage du Sénégal dans le panafricanisme.
Il ne fallait plus ostraciser les Etats voisins, mais plutôt travailler à leur réintégration dans toutes les instances sous régionales et de les inscrire à nouveau dans le concert des nations africaines en les laissant mener leurs réformes et leur politique. - La situation foncière au Sénégal était devenue inextricable, alarmante, telle une pandémie dans toute l’étendue du territoire provoquant de graves litiges fonciers pouvant déboucher à la révolte des populations.
Il est donc heureux et salutaire que l’Etat central veuille désamorcer une bombe sociale qui allait fragiliser la cohésion nationale.
L’annulation du partage de ‘’Bouki’’ sur l’immense superficie de Mbour 4 à Thies et son affectation pour des projets immobiliers nationaux est une source de satisfaction générale.
Il en est de même sur les scandales de l’Aéroport Léopold Sédar Senghor, de la bande des filaos à Guédiawaye, sans oublier l’audit sur le bradage du patrimoine bâti de l’Etat. - Dans des difficultés financières très aigues depuis des années, le monde paysan était dans une grande détresse, frisant l’agonie.
Grace à la diligence de l’Etat, la catastrophe a été évitée de justesse avec le paiement de plusieurs années d’arriéré de paiement. Avec ce geste fort, l’Etat a assumé sa responsabilité pour sauver la présente saison agricole. - La Publication des rapports des corps de contrôle a révélé la très mauvaise gouvernance, liée à une corruption endémique qui a prévalu sur une très longue période au Sénégal.
Les sénégalais ont été abasourdis tant la prédation de nos maigres ressources ont été spoliées et saccagées.
Il y a eu tellement d’orgies financières que le ressort social de confiance entre l’ancien Pouvoir et le peuple s’est cassé pour aboutir à ce fort sentiment de rejet envers la classe politique traditionnelle. - La tenue du Dialogue National, consacré aux Assises sur la Réforme et la Modernisation de la Justice va permettre à l’amélioration du système judiciaire sénégalais, qui depuis quelques années a été chahuté, mettant en mal notre modèle démocratique.
Certainement, les Conclusions de ce dialogue sociétal réconcilieront les sénégalais avec leur Justice. - Les récentes actions citoyennes avec le Set-Setal ont été massivement suivies par les populations qui veulent un meilleur Cadre de vie, démontrant ainsi son adhésion totale à tout appel patriotique des Autorités étatiques.
C’est une relation fusionnelle que l’Etat doit susciter auprès de cette merveilleuse jeunesse, enthousiaste et engagée dans la voie du redressement national.
Et l’Etat doit veiller avec vigilance à ce que ne s’installe pas un Casus Belli entre les différentes générations pour une bonne et sereine transmission du bâtonnet ‘’témoin’’. - L’allégement remarquable et remarqué du dispositif de sécurité à Dakar a été bien apprécié par les populations qui ont été traumatisées durant des années par la présence intempestive et envahissante des Forces de Sécurité et de Défense.
L’Etat vendait de la peur aux citoyens sénégalais qui se retrouvaient dans un environnement délétère et angoissant.
Nous assistons aussi aujourd’hui à une gestion frugale de l’Etat, avec une sobriété protocolaire aux déplacements de Monsieur le Président de la République et des membres du Gouvernement. - Les différentes mesures prises par le Gouvernement pour l’acheminement des pèlerins à la Mecque, et le déplacement des sénégalais dans les régions à l’occasion de la Tabaski ont été positivement appréciées par les populations, ainsi que la gestion de l’approvisionnement du marché en moutons et denrées.
- La nouvelle et grande volonté de l’Etat pour une transparence dans la gestion de nos ressources naturelles avec l’envoi d’une forte délégation ministérielle dans la région aurifère de Kédougou donne de l’espérance aux populations pour un avenir meilleur.
- L’engagement solennel de Monsieur le Président de la République Bassirou Diomaye Faye avec le démarrage de la production pétrolière de Sangomar a amplifié la croyance que le Sénégal est entré dans une nouvelle ère de croissance et de développement.
- La décision salutaire de revisiter les contrats et conventions défavorables au Sénégal est à magnifier à plus d’un titre.
Elle permettra de rétablir une équité dans le partage des richesses produites à partir de nos ressources naturelles.
Pour dire, nos ressources halieutiques, nos phosphates, notre or, notre pétrole, notre gaz, notre zircon, notre lithium et autres doivent servir d’avantage au peuple qui en est le dépositaire et propriétaire.
Dans un post sur la page Facebook de la Convention des Dakarois du 23 Mai 2023, nous écrivions :
« Il nous semble aussi important que l’Etat du Sénégal doit avoir une plus grande confiance et empathie envers son secteur privé.
Il y a un complexe et une immortalité manifeste dans l’attribution de certains marchés de travaux d’envergure aux entreprises étrangères, alors que l’expertise et les ressources humaines qualifiées ne font pas défaut au Sénégal.
Le secteur privé sénégalais est outillé pour exécuter toute ingénierie technique et financière. Il y a de l’entregent, disposant d’un portefeuille relationnel important à travers le monde pour trouver des partenaires techniques et financiers de références.
Malheureusement l’Etat n’est pas à leur écoute, préférant traiter et négocier dans de lugubres officines avec ceux
Qui ont été initiés et informés des projets. Ces délits d’initiés font le lit de la corruption, de la concussion et de la surfacturation.
Dans tous les pays réellement souverains, il existe une discrimination positive pour protéger et appuyer son secteur privé. »
Comment comprendre qu’un simple aménagement de la Corniche Ouest de Dakar soit confié à une entreprise étrangère, alors que le Sénégal regorge d’architectes paysagers et d’environnementalistes ?
L’Etat doit comprendre que la pauvreté ne se partage pas et qu’il doit créer des richesses qui bénéficieraient à la Nation sénégalaise par l’augmentation du pouvoir d’achat. L’Etat doit libérer les immenses énergies novatrices des jeunes sénégalais dont le génie et le talent sont reconnus.
Le renouveau économique du Sénégal, passera indubitablement par l’endogénisation d’une agriculture performante, adossée à une industrie de transformation et de valorisation des produits.
Comment comprendre que le Sénégal, gros producteur d’arachide, n’arrive pas à produire de l’huile d’arachide, malgré ses différentes unités industrielles qu’il faut simplement réhabiliter (SONACOS) ?
Comment comprendre qu’il n’existe pas au Sénégal une tannerie pour la transformation des peaux et cuirs, alors que nous en produisons énormément avec les fêtes religieuses (Tabaski, Magal, Gamou, etc) ?
D’autres exemples peuvent être cités à volonté, tant le potentiel est énorme.
C’est ce paradoxe à inverser qu’il faut saluer le narratif de la vision du Gouvernement qui s’adosse sur une endogénisation intégrale du secteur tertiaire, à savoir l’Agriculture, l’Elevage et la Pêche, sans oublier l’Artisanat.
L’Etat, désormais sous la férule des nouvelles Autorités, devra faire preuve de ténacité et de fermeté.
Face aux groupes d’intérêt, au poids des habitudes et des droits acquis, il faut un réel courage politique pour réformer en profondeur.
Le Gouvernement du Sénégal doit poursuivre et intensifier ses efforts avec détermination pour engager des initiatives audacieuses et visionnaires qui inviteraient la jeunesse sénégalaise, porte étendard de la Nation, à s’approprier le PROJET.
Pour l’Agriculture, la mère des batailles, il s’agira d’avoir une stratégie pertinente en concentrant les moyens sur les filières prioritaires (riz, maïs, mil, arachide), et résoudre enfin la problématique de la conservation des produits horticoles en cas d’abondance de production.
Ce n’est pas le moment de nous divertir sur une production de blé au Sénégal, même si c’est possible.
Renforçons et développons d’abord les filières porteuses pour le rééquilibrage de notre balance de paiement, et encourageons les sénégalais à consommer du pain fait de blé et de mil.
C’est de la redondance que de le souligner.
Tous les leviers sont en place, il suffit de la volonté pour les actionner fermement.
Dans tous les domaines, le secteur privé national est en mesure de proposer un accompagnement complet qui inclut la phase amont (conception, études, financements, et exécutions).
Les Autorités sénégalaises doivent relever le défi de construire la confiance avec le secteur privé national qui doit être le moteur de la croissance, créatrice de richesses.
Certes, depuis son installation, le Gouvernement fonctionne avec des pare-feu car les urgences surgissent de partout, en prenant en compte la grande impatience des populations.
Néanmoins, il faut de la prospective et de la réactivité quand se présente des opportunités pour asseoir les bases des réformes économiques.
Avec toute la bonne volonté du Gouvernement, le Sénégal ne se développera pas sans une approche inclusive de tous ses fils.
Dans quelques années, un rendez-vous sera très attendu pour évaluer concrètement la tenue des engagements pris par le couple Diomaye-Sonko.
Il y sera moins de questions de promesses que de constats.
Babacar Louis Camara
Président de la Convention des Dakarois