Les joueurs et arbitres auront désormais la possibilité de dénoncer un geste ou une parole à caractère raciste en formant un X de leurs bras, a annoncé vendredi l’instance régissant le football mondial.
« Le football unit le monde », vante souvent dans ses campagnes la Fédération internationale de football (FIFA). Réunie en congrès à Bangkok (Thaïlande), l’instance régissant le ballon rond mondial a annoncé, vendredi 17 avril, qu’elle ne resterait pas les bras croisés face au fléau du racisme. Priorité pour l’année 2024 de son président, Gianni Infantino, qui s’est notamment entretenu avec le joueur madrilène Vinicius Jr, très régulièrement ciblé par des gestes et des propos racistes dans le championnat espagnol, la FIFA a dévoilé cinq piliers pour lutter ce phénomène discriminatoire qui mine le football, dont les quelques nouveautés seront appliquées dans les 211 fédérations affiliées.
Joueurs et arbitres pourront désormais signaler un geste ou une parole à caractère raciste en formant un X de leurs mains. Ce geste, consistant à croiser les bras devant la poitrine, n’est pas sans évoquer le salut du peuple du Wakanda popularisé par le film américain de Ryan Coogler Black Panther : Wakanda Forever (2002). Le réalisateur s’était lui-même inspiré des sculptures des Pharaons et de l’Afrique de l’ouest, ainsi que de la langue des signes américaine où ce geste signifie « amour » ou « câlin ».
Appelant à se mobiliser collectivement pour « éradiquer le racisme », l’instance dirigeante du football mondial a également annoncé qu’il constituerait désormais un délit spécifique dans le code de discipline, avec des sanctions « sévères », pouvant aller jusqu’à la perte d’un match. Le protocole en trois étapes est désormais rendu obligatoire dans toutes les fédérations. Il s’agit pour l’arbitre de pouvoir suspendre le match, puis de demander qu’une annonce soit passée pour arrêter le comportement problématique, puis, s’il n’a pas cessé, de décider de l’interruption du match d’une « durée raisonnable » (5 à 10 minutes en général), avant d’envisager l’interruption définitive si le comportement incriminé se poursuit.
Un protocole très rarement appliqué
La star du Real Madrid, Vinicius Jr, est l’une des voix les plus importantes à avoir dénoncé sans relâche le racisme dans le football. Fréquemment visé dans les stades espagnols, l’attaquant brésilien de 23 ans a récemment fondu en larmes en évoquant en conférence de presse ce combat contre les discriminations, pour lequel un match amical symbolique entre l’Espagne et le Brésil a été organisé fin mars.
Plusieurs rencontres de football, notamment en Europe, ont encore été perturbées ces dernières semaines par des incidents racistes en tribunes, qui ont parfois contraint les arbitres à interrompre les matches. Mike Maignan ou Juan Jesus, en Italie, Bukayo Saka en Angleterre, Nico Williams ou Aurélien Tchouaméni en Espagne en ont par exemple fait les frais alors que la Ligue professionnelle de football (LFP) vient d’instruire en France une affaire impliquant un joueur bordelais.
Depuis 2009, les arbitres ont la possibilité d’interrompre un match en cas de gestes ou de propos racistes. Gianni Infantino avait dissous la commission antiracisme au sein de la FIFA en 2016, au motif qu’elle avait atteint ses objectifs. En prévision du Mondial 2018, l’instance avait introduit l’approche en trois étapes vis-à-vis des actes racistes, notamment les chants. En réalité, ce protocole est très rarement appliqué. Et les campagnes de sensibilisation et d’affiches se sont depuis succédées sans succès.
Le Monde