L’ancienne case de santé de Kharakhéna, érigée en poste de santé il y a de cela presque quatre ans, est dans un état déplorable. En cause, les conditions dans lesquelles est obligé de travailler le personnel soignant qui fait face à un manque criard d’équipements sanitaires. Il est obligé de dormir avec les malades dans des salles de soins, faute de disposer de logements. Même si la compagnie minière Barrick Gold a entamé la construction d’une salle d’accouchement accompagnée d’un bureau pour alléger les travaux du personnel soignant et améliorer l’environnement sanitaire des patients.
Il est 11h et quelques… lorsque le véhicule s’immobilise dans la cour du Poste de santé de Kharakhéna. Localité située dans le département de Saraya et faisant partie de la commune de Bembou et se dressant à quelques dizaines de kilomètres de Moussala, ville sénégalaise frontalière du Mali. Une chaleur accablante règne. Un coup d’œil sur le téléphone portable : la température affiche déjà 39 degrés. Malgré ces conditions climatiques extrêmes, une ambiance effervescente règne au niveau de la pompe manuelle installée dans l’enceinte du poste de santé par la compagnie minière Barrick Gold. Femmes et enfants rivalisent d’ardeur pour avoir de l’eau potable. Un gamin, accompagné de sa maman, s’avance et tend sa main en guise de salutations, le regard perdu.
Et sa maman de lancer : «Cet enfant est curieux.» Elle ajoute : «Il n’aime pas rester à la maison à m’attendre. Il m’accompagne à chaque fois que je sors pour venir cherche de l’eau au forage. Avant l’installation de ce forage, c’était la croix et la bannière pour obtenir le liquide précieux dans le village. On devait marcher des kilomètres pour trouver de l’eau qui n’était pas de bonne qualité.» Un hangar est aménagé à l’entrée du bâtiment qui sert de poste de santé. Des lits d’hospitalisation en bambou sont installés de gauche à droite. Couchée sur un de ces lits, une femme se tord de douleur.
Elle n’arrive plus à tenir sur place. Non loin d’elle, une autre est assise, le regard pensif et le visage grave. Elle a les mains tantôt sur la tête, tantôt sur la taille. Elle pousse de temps en temps un cri de douleur. Un peu plus loin, à l’intérieur du bâtiment, l’infirmier est débordé par les patients du jour. Il passe d’un malade à un autre sans répit. «Ici, c’est toujours comme ça. Ça ne désemplit pas», s’exclame Mady Dansokho, infirmier-chef de poste de Kharakhéna. Il accorde 5 mn d’entretien. «Nous sommes dans une zone très peuplée, avec la rencontre d’une multitude d’ethnies d’origines diverses venues de la sous-région. Huit nationalités ont été identifiées lors du récent recensement. C’est l’Afrique en miniature qu’on retrouve à Kharakhéna», note-t-il.
Dans cette zone d’orpaillage artisanal, lieu de rencontres et de brassage, le développement ou la présence de pathologies ne manquent pas. «Il y avait une épidémie de rougeole chez des enfants de plus de 9 ans du fait du défaut de vaccination», dit-il. Les maladies liées à la consommation de l’eau insalubre ne manquent pas dans cette zone. «On a enregistré de la fièvre typhoïde, des maladies diarrhéiques. En effet, le poste disposait de deux bassins d’eau. Mais son alimentation en eau potable était un réel problème et ne facilitait pas la bonne prise en charge sanitaire des patients», note-t-il. C’est ainsi que M. Dansokho s’est ouvert à l’entreprise minière Barrick Gold pour l’installation d’une pompe. «La pompe a été installée et fonctionne depuis plus de 3 mois», note-t-il.
Avec un taux d’accouchement par mois assez élevé, la compagnie dote le poste d’une salle d’accouchement, accompagnée d’un bureau pour la sage-femme. Au niveau de ce poste de santé qui manque presque de tout, le paludisme est la pathologie la plus fréquente. «Le palu est quasiment présent toute l’année, surtout en hivernage», informe M. Dansokho.
Les infections sexuellement transmissibles sont aussi fréquentes dans cette zone d’orpaillage. On enregistre des maladies respiratoires dues à la pollution de l’environnement. D’ailleurs, la pollution de l’environnement dans cette zone est une véritable bombe écologique qui mérite l’attention des autorités. En attendant, des efforts doivent être faits pour améliorer les conditions de prise en charge des patients dans cet édifice sanitaire d’une part, et d’autre part, améliorer l’environnement du personnel soignant qui fait face à un manque terrible de logements.