Hier soir, le Président-putchiste nous a donné une dramatique illustration du discours clair-obscur, de l’exercice achevé du dilatoire et de la violation à haut vol des décisions du Conseil constitutionnel.
Entre les douces paroles rassurantes d’une fin de mission le 2 avril 2024, les décisions annoncées de recours systématique au Conseil constitutionnel en cas d’absence de consensus, la volonté affichée de libérer les détenus politiques cependant à travers une loi d’amnistie, le Président-putchiste a planté un décors d’horizons indéterminés, d’incertitudes volontairement suggérées.
Le Président-putschiste a minutieusement, malicieusement planté la scène d’une haute trahison assumée de notre Constitution.
Il a tout au long de l’entretien détricoté une à une les décisions du Conseil constitutionnel du jeudi 15 avril 2024.
Sous des mots bien choisis, un ton à amadouer les plus sceptiques, le Président de la République a remis en cause la date de la fin de son mandat le 2 avril 2024 en laissant entendre que l’élection présidentielle ne sera pas terminée à cette date, que le pouvoir ne peut-être vacant et qu’en définitive l’article 36 alinéa 2 de la Constitution règle la question de l’impossible vacance de pouvoir.
Le Président-putchiste est revenu sur la période électorale fixée par le Conseil constitutionnel en refilant le forfait au dialogue politique qu’il va organiser lundi et mardi autour de la date de l’élection présidentielle et de l’interprétation de l’article 36.2 de la Constitution. Il laisse entendre du bout des lèvres que l’élection présidentielle n’atteindra pas l’hivernage.
La liste des candidats fixée le 20 janvier 2024 par le Conseil constitutionnel n’est pas définitive. Elle peut bien évoluer au gré des décisions « consensuelles » du dialogue politique.
Ainsi la continuité du processus électoral acté par le Conseil constitutionnel par la publication de la nouvelle liste des candidats après le désistement de Docteur Rose Wardini sera remise en cause. De fait le dialogue politique interrompra consensuellement le processus électoral.
Le Président-putchiste au lieu d’inviter à une concertation les dix-neuf candidats intéressés et concernés, créera un arbre à palabre fourre-tout favorable à ses desseins funestes.
En dehors des deux thèmes affichés du dialogue politique, le Président-putchiste suggère des thèmes qui touchent la sensibilité des Sénégalais, leur désir de justice, leur compassion.
Il suggère par exemple l’amnistie de tous les détenus des différents évènements politiques, l’amnistie des faits politiques sous son magistère.
Au lieu de libérer les détenus politiques, il veut aussi passer en perte et profit les assassinats récurrents des jeunes, absoudre les assassins. Tout est dit dans un air sibyllin, avec un détachement qui fait froid au dos.
Le Président-putchiste sait qu’il doit libérer les prisonniers politiques, le candidat Bassirou Diomaye Faye et le Président Ousmane Sonko. Il ne parle à aucun moment de la levée de l’interdiction du PASTEF qu’il doit aussi prendre s’il désire réellement apaiser l’espace politique.
Ce fut un Président-putchiste, complètement entrainé dans l’art du double langage, de la duperie, de la ruse, qui s’est adressé à nos compatriotes à travers les questions peu appuyées de journalistes peu précis et particulièrement peu affûtés.
Nous sommes édifiés. Le Président-putchiste a planté le décors du deuxième coup d’État en cours.
Il a expliqué comment il va s’appuyer sur le dialogue politique, les pseudo consensus malicieusement élaborés pour violer une à une les décisions du Conseil constitutionnel.
Nous comprenons alors ses lenteurs, les dilatoires affichées et sa mauvaise volonté manifeste.
Nous sommes dans le coup d’État, seule la lutte le fera échouer.
Dakar, vendredi 23 février 2024
Prof Mary Teuw Niane