Le rapport souligne que de nouvelles tendances très prometteuses émergent dans le secteur, comme l’adoption croissante du mobile learning, l’augmentation des partenariats entre les edtechs et les établissements éducatifs traditionnels et l’intégration accrue de l’intelligence artificielle dans les plateformes d’apprentissage en ligne.
Malgré leur rôle très important dans la démocratisation de l’accès à la connaissance sur un continent où 60 % de la population est âgée de moins de 24 ans, les start-ups africaines spécialisées dans l’éducation (edtechs) ont levé 140 millions de dollars seulement durant la période 2015-2022, selon un rapport publié le 6 septembre par le groupe de réflexion sur l’innovation dans le domaine de l’éducation Injini Think Tank.
Intitulé « African EdTech Insights Report », le rapport précise que l’année 2021 a été la plus faste durant la période sous revue, avec 81,03 millions de dollars de financements mobilisés.
Bien que l’Edtech soit considéré comme étant à ses débuts sur le continent, le nombre des start-ups ayant réussi à mobiliser des financements est passé de 210 en 2020 à 419 en 2022. Les jeunes pousses qui ont réussi à séduire les investisseurs au cours de l’année écoulée se trouvent essentiellement au Nigeria (95), en Afrique du Sud (64), au Kenya (45), en Egypte (36) et au Ghana (22).
Le rapport note cependant que le montant modeste des levées de fonds réalisées par les start-ups africaines qui s’efforcent de réinventer la façon d’apprendre et de se former s’explique essentiellement par le fait que secteur de l’éducation est l’un des derniers à connaître sa révolution digitale sur le continent.
L’écosystème Edtech africain devrait cependant continuer à croître et à renforcer son attractivité auprès des investisseurs durant les années à venir, car les besoins en matière d’éducation sont énormes et les investissements nécessaires à la construction d’écoles ou de centres de formation « physiques » restent très coûteux. Environ un enfant sur cinq n’est pas scolarisé sur le continent. Pour les enfants scolarisés, les ressources éducatives demeurent limitées malgré les 224 milliards de dollars injectés chaque année dans le secteur par les gouvernements africains.
Tendances prometteuses
Centre de réflexion rattaché à Injini, l’unique accélérateur de start-ups spécialisé dans l’Edtech en Afrique, Injini Think Tank souligne d’autre part que l’écosystème Edtech africain se compose majoritairement de petites structures, avec des modèles d’affaires majoritairement centrés sur le B2C. Dans ce cadre, cinq principaux types d’edtechs ont été identifiées en Afrique : des start-ups axées sur les enseignants (formation et le développement des compétences des éducateurs) ; des start-ups focalisées sur l’apprenant (des solutions pédagogiques pour le développement de la petite enfance et des ressources pour l’enseignement primaire et secondaire) ; des edtechs dédiées à l’apprentissage des langues ; des initiatives Edtech pilotées par les gouvernements ; et des jeunes pousses spécialisées dans le financement de l’éducation.
Le rapport indique par ailleurs que de nouvelles tendances très prometteuses émergent dans le secteur. Il s’agit en premier lieu de l’adoption croissante de l’apprentissage mobile (mobile learning), car de nombreux Africains ont un accès plus facile aux téléphones mobiles qu’aux ordinateurs de bureau ou portables.
L’intelligence artificielle (IA) et la « gamification » (le recours à des éléments et de mécanismes de jeu tels que les récompenses et les points dans des contextes non ludiques) sont aussi de plus en plus intégrées dans les plateformes et les applications Edtech africaines, afin d’améliorer les résultats de l’apprentissage.
L’IA est notamment utilisée pour personnaliser l’apprentissage pour chaque élève, alors que le gamification rend l’expérience d’apprentissage plus agréable et engageante.
Sur un autre plan, l’augmentation des partenariats entre les edtechs d’un côté et les établissements éducatifs traditionnels et les gouvernements de l’autre permet déjà d’améliorer la qualité de l’éducation et d’offrir de nouvelles opportunités aux apprenants.
Des défis liés aux problèmes d’accès à la technologie (prix des smartphones, faiblesse du réseau Internet dans les campagnes, coût élevé des données mobiles, etc.) restent toutefois à relever pour permettre au continent de tirer pleinement parti de l’énorme potentiel des technologies éducatives.