La dette du Sénégal est encore soutenable, même s’il y a des efforts à faire pour l’assainissement des finances pour parer à toute éventualité de chocs (externes, internes). C’est l’économie du séjour de la mission du Fonds monétaire international (Fmi), du 12 au 24 octobre 2023, à Dakar.
Le chef de mission du Fonds monétaire international (Fmi), Edward R. Gemayel, et le ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba, ont tenu hier, mardi 24 octobre, audit ministère, une conférence de presse conjointe au terme d’une mission effectuée, du 12 au 24 courant, à Dakar. Ceci dans le cadre de la première revue du nouveau programme économique et financier soutenu par le Mécanisme élargi de crédit (Mec), la Facilité élargie de crédit (Fec) et la Facilité de résilience et de durabilité (Frd). Et il en ressort qu’à la fin 2023, «la dette du Sénégal ressortirait à 72,2%, incluant le surfinancement des quatre (4) premiers mois de l’année 2024», a expliqué le chef de mission Edward R. Gamayel.
En excluant ce financement ponctuel, la dette du Sénégal reste en deçà des 70% de la norme communautaire, puisque celle-ci (dette) «ressortirait à 69,2%», a soutenu le ministre Mamadou Moustapha Ba.
Revenant sur la question du surfinancement, un montant lié au service de la dette et évalué à 604,8 milliards pour les 4 premiers de mois de 2024, M. Gamayel n’entrevoit pas cela comme étant un surendettement ; mais plutôt il faut le mettre en relief par rapport aux différents chocs notamment le conflit Russo-Ukrainien, celui du Moyen-Orient (Israël-Palestine) qui a fait monter le prix du baril de pétrole à la date du lundi 23 octobre courant, et la présidentielle de février 2024.
Ce qui laisse à penser que le Fonds monétaire international (Fmi) tient à rentrer dans ses créances, avant la fin de l’année. Mais, le chef de mission du Fmi, dans ses explications dira : «Afin d’éviter que le Sénégal soit en défaut de paiement du service de sa dette durant les 4 premiers mois de l’année 2024, nous (Sénégal et Fmi) avons pensé qu’il était judicieux d’emprunter ce montant chiffré à 604,8 milliards de FCFA en 2023. Mais également pour se prémunir d’éventuel durcissement des marchés», a-t-il expliqué M. Gamayel.
En termes clairs, le niveau d’endettement à fin 2024 sera toujours le même, avec ou sans le financement. Puisqu’il s’agit de «s’endetter plus en 2023 et moins en 2024», a-t-il indiqué.
Se voulant rassurant, le ministre Moustapha Ba d’écarter tout rapprochement entre surfinancement et surendettement. Sur ce, notera-t-il : «L’accès aux marchés en début de gestion souvent difficile, compte tenu des impératifs électoraux et autres, justifierait une telle option de surfinancement».
LA CROISSANCE EN BAISSE DE 1,2% EN 2023
Selon la Fmi, l’économie Sénégalaise n’est pas toujours pas en pleine reprise d’activités économiques. Ce retard est lié aux facteurs externes et internes. Pour les facteurs exogènes, on note la pandémie à Covid-19, la crise Russo-ukrainienne, la hausse du prix du baril de pétrole, la crise alimentaire, l’inflation et actuellement la crise au Moyen-Orient. Au niveau interne, on note, entre autres, les tensions sociopolitiques, le report de la production du pétrole jusqu’au second semestre 2024. Ce qui n’est pas sans conséquences sur le taux de croissance de 2023 qui a été révisé de 5,3% à 4,1% pour l’année.
En outre, tablée à 10,6% en 2024, la croissance économique a été révisée à 8,3% principalement à cause du retard de la production des hydrocarbures attendue au second semestre 2024. Quoique la croissance ait été revue à la baisse, le Sénégal, par rapport à l’Afrique subsaharienne, est à 4,1% alors que la moyenne est de 3,3% en 2023. Pour 2024, le Sénégal sera à 8,3% ; alors que l’Afrique subsaharienne sera à 4% de croissance.
L’INFLATION EN HAUSSE DE 3,4%
S’agissant de l’inflation, théoriquement établie à 3,1%, elle sera révisée à 6,5% en 2024. Et ce, en raison de l’ensemble de facteurs relatifs à la crise Russo-ukrainienne, au conflit Israélo-palestinien ayant entrainé la hausse du prix de baril depuis lundi dernier, à 94 dollars, contre 80 dollars dans les prévisions du budget 2023/2024 du Sénégal. Voilà comment rétroagissent tous «ces conflits sur le marché domestique Sénégalais», a dit le ministre.
RÉDUCTION DES SUBVENTIONS EN 2024
Que les Sénégalais se le tiennent pour dit. En 2024, peu de subventions seront accordées ; mais elles seront surtout ciblées. De 4,4% du Produit intérieur brut (Pib) de subvention dans le secteur de l’énergie en 2022, (750 milliards de FCFA), on est à quasiment à 2,9% du Pib en 2023 (556 milliards de FCFA). Or, la Loi de finances initiale (Lfi) avait prévu 450 milliards de FCFA. Et en 2024, les subventions seront réduites au profit de l’investissement.
Pour s’en convaincre, explique le ministre «le budget d’investissement sur ressources internes pour 2024 aura augmenté exceptionnellement de 250 milliards de FCFA». Cette hausse va de pair avec un meilleur ciblage des subventions. Et ce, malgré les hausses connues en janvier dernier sur les hydrocarbures.
Sur la subvention à l’électricité, «seule la tranche sociale qui consomme en moyenne 150 kwth par mois sera concerné», a précisé le ministre.
DÉFICIT BUDGÉTAIRE
Concernant le déficit budgétaire, le gouvernement s’est résolu à le réduire à 3% d’ici 2027. De 6,6 en 2022, le gouvernement s’est engagé à le porter à 4,9% en 2023 et à 3% en 2027. Ceci pour contenir l’inflation et créer un coussin budgétaire, en cas d’éventuels chocs.
En termes de recettes budgétaires, le Sénégal se positionne en bon élève, par rapport à la sous-région.