Au Mali, si le ministre malien de l’Administration territoriale a mis en avant des « raisons techniques » pour justifier ce report de l’élection présidentielle, pour certains acteurs politiques, cette annonce cacherait un malaise bien plus profond.
Hamidou Doumbia, secrétaire politique du parti Yelema (Le changement) soupçonne le caractère « prémédité » de ce que le gouvernement de transition qualifie de « léger report » de la présidentielle, initialement prévue en février 2024.
Pour lui, « cela n’a pas fait l’objet d’un consensus. Parce que dans ce genre de situation, il faudrait revenir avec une nouvelle date. Mais le report est pour quand ? », demande Hamidou Doumbia. « Les raisons évoquées ne sont pas des raisons qui me semblent être des raisons pertinentes. Au contraire, ce sont des raisons qui montrent l’impréparation du gouvernement, qui montrent l’amateurisme dans la préparation du processus électoral. »
La question sécuritaire passée sous silence
Il se dit surpris que, parmi les raisons évoquées pour justifier la prolongation de la transition, ne figure pas la question sécuritaire, au moment où les groupes armés signataires des accords d’Alger et le gouvernement s’affrontent dans le nord du pays.
Amadou Aya, secrétaire général adjoint de la Codem, estime que « la question sécuritaire devrait être abordée par le gouvernement dans ce communiqué, afin d’amener un compromis politique pour aller à l’élection présidentielle. Nous estimons que c’est important d’engager des discussions avec la classe politique pour sortir de la situation dans laquelle nous sommes. »
Sidi Touré, chargé de la communication du parti d’opposition Parena, note pour sa part que le calendrier électoral pouvait être sauvé si les acteurs politiques avaient été consultés en amont.
Pour lui, ”l’organisation des élections est une question de volonté politique. Avec la volonté politique, certaines raisons techniques évoquées par le gouvernement auraient pu trouver des solutions, notamment à travers la relecture de la loi électorale et la gestion de la ’prise en otage’ du Ravec (Recensement administratif à vocation d’Etat civil). Le Parena regrette qu’une telle décision ait été prise sans concertation avec la classe politique et la société civile. »
Avant cette nouvelle prolongation, le gouvernement de transition avait déjà fixé, en juin 2022, à 24 mois la durée de la transition, à compter de mars 2022, fixant la fin programmée de la transition militaire à mars 2024.