Le Premier ministre Amadou Ba qui a été désigné candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby) et de la grande majorité présidentielle à l’élection du 25 février prochain, par le chef de l’Etat, Macky Sall, le samedi 9 septembre dernier, n’est pas parti pour connaitre une marche facile vers le palais de la République. En effet, alors qu’il est toujours sous la tempête d’une rébellion de certains de ses camarades de parti qui refusent toujours de cautionner sa désignation, un autre défi relatif à sa position par rapport à la gouvernance politique et financière du président Macky, se dresse sur son chemin vers le fauteuil présidentiel.
Désigné officiellement candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby) et de la grande majorité présidentielle pour le scrutin du 25 février prochain, le samedi 9 septembre dernier, par le chef de l’Etat, Macky Sall, le chemin de l’actuel Premier ministre Amadou Ba vers cette élection risque d’être tout sauf un long fleuve tranquille malgré la bénédiction du patron. Et pour cause, à peine désigné, l’actuel candidat de la coalition au pouvoir fait face depuis près d’une semaine à un mouvement de rébellion animé par certains de ses camarades de parti. Il s’agit de son ex-patron dans le gouvernement du 6 juillet 2014 au 5 avril 2019, Mahammed Boun Abdallah Dionne, ses collègues dans les gouvernements Dionne I et II : Aly Ngouille Ndiaye et Abdoulaye Daouda Diallo et de son camarade de parti au sein de l’Alliance pour la République (Apr) et ex-subalterne à la Direction des impôts et domaines, El Hadji Mamadou Diao. Ces derniers refusent toujours de cautionner sa désignation par le président de la République et président de leur parti, l’Apr, et de la coalition Benno comme candidat de ladite coalition au pouvoir depuis mars 2012.
Aly Ngouille Ndiaye qui occupait jusqu’ici le poste de ministre de l’Agriculture a même annoncé sa démission du gouvernement quelques minutes après la décision du chef de l’Etat. De son côté, El Hadji Mamadou Diao par ailleurs maire de la commune de Kolda a tenu un point de presse le mardi 12 septembre pour annoncer sa candidature à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Cette sortie lui a valu d’ailleurs son limogeage quelques heures après par le chef de l’Etat de son poste de Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc). S’agissant de l’ancien Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne et l’actuel président du Conseil économique social et environnemental (Cese), ils camperaient sur leur refus catégorique de se ranger derrière l’actuel candidat désigné de la majorité présidentielle malgré leur rencontre avec le chef de l’Etat cette semaine.
Aujourd’hui, avec ces poches de résistance à la candidature de l’actuel Premier ministre que l’actuel chef de l’Etat semble avoir du mal à maitriser, c’est une véritable menace qui pèse sur l’objectif de la victoire dès le premier tour de la coalition au pouvoir fixé par Macky Sall lui-même. En effet, le profil et la répartition géographique (nord, centre et sud) de ces candidats dissidents de l’Apr risquent d’impacter négativement les chances de l’actuel patron du gouvernement surtout face à des candidats de l’opposition, notamment ceux du bloc de la coalition Yewwi Askan wi galvanisés par les résultats des dernières élections territoriales et législatives mais aussi le contexte économique et politique actuel très tendu. Car, au-delà du spectre de la dispersion des voix, à cause d’une éventuelle implosion des candidatures au sein de la majorité actuelle, l’autre défi qui attend le candidat Amadou Ba sur son chemin de la présidentielle de 2024 sera certainement sa position par rapport au bilan immatériel des 12 ans de gestion du président Macky Sall, notamment dans le domaine de la gouvernance politique et démocratique mais aussi de la gestion des ressources économiques que beaucoup d’observateurs jugent « désastreuse ».
Autrement dit, sera-t-il un « candidat de la continuité ou de la rupture » des 12 ans de la gouvernance du président Macky Sall même s’il est incontestablement comptable du bilan pour avoir été Directeur général des impôts et domaines, puis successivement ministre de l’Économie, des Finances et du Plan, ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’étranger et aujourd’hui Premier ministre. L’élection présidentielle étant le rendez-vous d’un homme avec son peuple, l’enjeu pour le candidat Amadou Ba face à un électorat qui semble résolument engagé pour une gouvernance de rupture, sera certainement sa position par rapport aux nombreux dossiers de malversations financières impliquant certains membres du régime en place qui font, aujourd’hui, partie du premier cercle de ses soutiens. A cela, il faut également ajouter le fonctionnement à géométrie variable de la Justice qui, selon certains observateurs dont les responsables d’organisations des droits de l’homme, est sous les ordres du fait des nombreux cas d’impunités constatés depuis un certain temps, notamment lors des répressions meurtrières de manifestations pacifiques.
Ainsi, le défi sera pour lui de maintenir l’équilibre entre un appareil politique incarné par la coalition Benno qui prône une continuité dans la gouvernance du pays et un électorat qui semble opter depuis les élections générales de 2022 (territoriales et législatives) pour une nouvelle gestion démocratique du pays basée sur la bonne gouvernance et la reddition des comptes.