Si Serigne Mboup, président de la Chambre de Commerce de Kaolack, se prévaut de son titre de président de l’Union nationale des chambres de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture du Sénégal (UNCCIAS) pour attaquer la légalité du bureau de la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar et la légitimité de son président, selon Abdoulaye Sow, c’est qu’il fait fausse route. L’UNCCIAS n’existant plus dans l’arsenal juridique du Sénégal depuis le 27 janvier 2017, date de création de la « Chambre nationale de Commerce, d’Industrie et des Services du Sénégal (CCI-SN) », Serigne Mboup ne ferait que dans l’invective et dans le chantage. Toute son ambition, c’est de diriger la chambre de Commerce de Dakar. C’est pourquoi, cette chambre consulaire, la plus importante de notre pays, n’écarte pas la possibilité d’une saisine de la justice pour diffamation et citations abusives.
Jusqu’ici, le président de la Chambre de Commerce, d’Industrie, d’Agriculture de Dakar (CCIAD), Abdoulaye Sow, n’a jamais voulu répondre aux invectives multiples de Serigne Mboup, président de la Chambre de Commerce de Kaolack. Il en était dissuadé par les membres du bureau de la CCIAD, des amis, des parents. Mais ce temps-là est révolu. Les nombreuses invectives et les citations abusives — il y a eu environ 8 à 9 plaintes du patron du CCBM (Comptoir commercial Bara Mboup) contre Abdoulaye Sow — ont fini par convaincre les élus de la chambre consulaire de la nécessité d’une riposte contre Serigne Mboup. C’est pourquoi, ce mercredi, c’est la quasi-totalité du bureau de la CCIAD qui s’est mobilisée autour de son président pour décider d’en découdre avec Serigne Mboup.
Le patron de CCBM en a véritablement pris pour son grade, hier. Selon le trésorier général adjoint, Bruno D’Erneville, les attaques de Serigne Mboup pour contester la légitimité du bureau ont commencé le 18 février 2020 quelques semaines après l’élection du président Abdoulaye Sow et son équipe le 27 novembre 2019. « Sur instruction de Mme Assome Aminata DIATTA, ministre du Commerce, le gouverneur de la région de Dakar a convoqué l’Assemblée générale de la CCIAD en vue de l’élection d’un nouveau président. Le gouverneur de la région de Dakar et les services du ministère du Commerce ont organisé les élections. Les membres élus de l’Assemblée de la CCIAD ont voté dans la sérénité et, au sortir des résultats, Abdoulaye Sow a été déclaré vainqueur et son challenger du jour, en l’occurrence Ibrahima Lô l’a félicité et aujourd’hui, il est le premier Vice-président de l’Institution consulaire de Dakar. C’est ainsi que Abdoulaye Sow a été élu en toute transparence. Autre illustration de la bonne marche de notre institution, le budget de la CCIAD a été voté le 09 juillet dernier par l’écrasante majorité. Sur les 60 titulaires, 58 élus l’ont approuvé » souligne Bruno D’Erneville.
Et le trésorier d’ajouter que « bien avant cette session budgétaire, un groupe de quatre personnes, dont deux suppléants, à l’origine d’un soi-disant collectif dénommé pompeusement « Na Lerr », a été instrumentalisé à dessein afin de diffuser des accusations fallacieuses à l’encontre de notre institution, ses organes délibérants et son Président dans le seul but de les discréditer et d’empêcher le vote du budget. Mais leur tentative a été vaine ».
Le président Abdoulaye Sow, prenant la balle au rebond, a martelé afin que nul n’en ignore, ce qui suit. « Nous ne saurions tolérer ces manœuvres. Elles traduisent, en effet, une immixtion dans le fonctionnement de l’institution consulaire. Un acte d’autant plus grave qu’il a été inspiré par Serigne Mboup, président de la Chambre de Commerce de Kaolack, censé être au fait des textes qui régissent les chambres de commerce, mais qui a choisi de braver la loi et le règlement pour assouvir ses désirs personnels, et chercher à instaurer le flou et l’amalgame. Autant de raisons qui ont poussé la CCIAD à suspendre ses activités au sein de l’Union depuis le 03 juillet 2020, et ceci jusqu’à nouvel ordre » indique le président Abdoulaye Sow.
Profitant de l’occasion, il a fait la genèse de l’acharnement de Serigne Mboup contre sa personne. « Le Président de la Chambre de Commerce de Kaolack a battu campagne pour mon élection à la tête de la CCIAD. Par la suite, il m’a exigé un certain nombre de faveurs que je ne saurai lui accorder. D’abord, il a exigé que le poste de secrétaire général de la CCIAD revienne à un de ses amis, ensuite il voulait que la CCIAD accueille les bureaux de l’Union nationale des chambres de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture. Serigne Mboup voulait aussi que lui soit transmis les copies des courriers du président de la Chambre de Commerce de Dakar et enfin il a demandé à choisir les membres du Conseil d’administration du Port autonome de Dakar ainsi que celui du Conseil sénégalais des chargeurs (Cosec) affectés à la CCIAD » a expliqué le président Abdoulaye Sow dans une salle médusée.
La réforme des CCIAS qui « tue » Serigne Mboup
Bref, si l’on a bien compris le président Abdoulaye Sow, Serigne Mboup voulait être un président-bis de la CCIAD en s’adossant à son fauteuil de président de l’Union nationale des Chambres de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture du Sénégal (UNCCIAS). Mais ce qui est constant, c’est qu’aujourd’hui Serigne Mboup n’a plus de bases légales pour parler au nom de l’UNCCIAS qui n’existe plus depuis le vote de la loi du 27 janvier 2017. Cette loi stipule qu’ « il est créé une institution consulaire dénommée « Chambre nationale de Commerce, d’industrie et des Services du Sénégal (CCI-SN) ». Cette dernière est représentée dans chaque région par une Chambre régionale de Commerce, d’Industrie et de Services. « Si on se réfère à cette loi, l’Union nationale des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture du Sénégal (UNCCIAS) n’existe plus dans l’arsenal juridique du Sénégal. En outre l’article 8 de la loi de 2017 indique qu’ « à titre transitoire, les Chambres consulaires existantes continuent de fonctionner jusqu’à la mise en place des nouvelles assemblées consulaires résultant de l’application de la présente loi et de ses décrets d’application ».
A cet égard, il faut souligner que toutes les 14 chambres consulaires du Sénégal sont dans une phase transitoire en attendant les décrets d’application de la loi de 2017 » souligne le bureau de la CCIAD. « Cependant, il est impératif de relever que l’UNCCIAS n’est pas une Chambre consulaire au sens de la loi, par conséquent cette entité n’a plus d’existence juridique dans cette transition vers la Chambre nationale » ajoute le bureau.
Saisine annoncée des tribunaux contre Serigne Mboup
Au niveau du bureau de la CCIAD, on estime que l’attitude de Serigne Mboup procède simplement d’une volonté de détruire l’image du président et de l’institution. « Tout ce que Serigne Mboup dit est faux. Dans ce pays, il y a des dirigeants qui ne vivent que de la délation. Tout ce qui est dit sur la Chambre de Commerce n’est que de la manipulation, des mensonges organisés, une pression sur le gouvernement. Cela suffit et cela doit cesser ! Birane Yaya Wane ne peut pas porter le combat de Serigne Mboup parce qu’il n’est ni délégué, ni titulaire, ni suppléant au niveau de la Chambre de Commerce. Nous n’allons pas accepter la pression d’où qu’elle puisse venir » tonne le Grand Serigne de Dakar, Ibrahima Diagne, par ailleurs membre du bureau de la Chambre de Commerce. Il est appuyé par Bruno D’Erneville. « Les agitations de Serigne Mboup ne sont dictées que par sa volonté de diriger la Chambre de Commerce de Dakar. Or, il est présentement le président de la Chambre de Commerce de Kaolack. Il est libre d’avoir des prétentions, mais qu’il démissionne auparavant de son poste de président de la Chambre de Commerce de Kaolack. Toute la zizanie qu’il installe, c’est qu’il se sent petit dans son fauteuil de président d’une chambre régionale. Il a raté ses ambitions démesurées qui lui font faire beaucoup d’erreurs. Serigne Mboup n’est pas élégant dans sa démarche » indique M. D’Erneville.
Au niveau du bureau de la CCIAD, il est envisagé la saisine de la justice pour citations abusives et diffamation. Serigne Mboup a porté plainte entre 8 à 9 fois contre le président et certains membres du bureau. Une autre bataille judiciaire est donc en perspective. Ibrahima Lo, vice-président de la Cciad, a lui aussi pesté contre les pourfendeurs du bureau de la chambre consulaire. ‘’Nous sommes 11 membres du bureau et avons le même langage. Nous n’avons pas de temps à perdre. Nous préférons passer le peu de temps dont nous disposons à travailler au service de la chambre ou à nous consacrer à nos activités personnelles’’. Abdel Kader Ndiaye, vice-président de la Chambre, a lui aussi annoncé des poursuites contre tous ceux qui ont voulu traîner dans la boue le nom de l’institution et des membres de son bureau. ‘’Nous allons faire prévaloir nos droits devant les juridictions’’, a-t-il menacé.
Le Témoin