L’Union pour la Restauration des Valeurs dénonce la mauvaise gestion du gouvernement face à la pandémie. Les décisions politiques sont restées et demeurent incomprises dans la tête des sénégalais.
Force est de constater que des mesures politiques ont été privilégiées au détriment des mesures sanitaires lors de cette crise. Certains choix ou conduites à tenir afin d’éradiquer l’épidémie n’ont pas été pris dans les moments jugés opportuns.
Il paraît extrêmement difficile de ne pas accuser le gouvernement de “mise en danger de la vie d’autrui”, de “non-assistance à personne en danger pour les détenus et pourquoi pas “d’homicide involontaire”.
Les responsabilités de chacun auraient mérité d’être éclaircies.
Plusieurs questions se succèdent et s’imposent…
Commençons par le début. Qu’en est-il des actions de dépistage vis à vis de la population ?
Le 06 avril 2020, un outil informatique, d’auto-évaluation en ligne a été mis en place. Son objectif est d’orienter les populations vers une structure de soins selon les symptômes.
Mais finalement qui en a eu vraiment accès ?
Les personnes âgées ?
La jeunesse?
Les personnes analphabètes ?
Celles en état de précarité ?
À t-on pu réellement vérifier, évaluer, chiffrer l’efficacité de cet outil technologique, numérique ?
Finalement, les sénégalais se sont retrouvés livrés à eux-mêmes face à un large risque de contamination, au milieu de cette “guerre”, appellation utilisée par le Président français .
Qu’en est-il des plans pour assurer les stocks de masques ?
Afin de mieux gérer la propagation du virus n’aurait-il pas fallu faire adopter le port du masque de protection systématiquement ?
Comment le gouvernement a pu autoriser une reprise d’activités professionnelles sans dépistage au préalable de chaque salarié et ce sans veiller à ce que le port de masque soit respecté selon les milieux et conditions de travail ?
La responsabilité des employeurs devait-elle être engagée vis-à-vis de leurs salariés ?
Ou était-ce à ces derniers, d’assurer leur propre sécurité au travail en anticipant sur les actions de prévention nécessaires ?
Le ministre de la santé a t-il pensé à la protection des personnes à risques comme celles âgées, les enfants, ou encore celles vivant avec des maladies chroniques ?
La population a dû subir un confinement partiel forcé. La détresse économique a entraîné une détresse psychologique de la population. Cela s’expliquant par le fait qu’elles soient restées pour une large majorité sans travail et sans aides de substitution de l’état.
La majorité de la population sénégalaise se doit de sortir quotidiennement pour subvenir aux besoins de la famille. La plupart de la population est tributaire à 90% de l’économie informelle.
Alors comment un gouvernement peut-il omettre de prendre cela en compte en toute connaissance de cause ?
Finalement, n’est-il pas là, la raison du non-respect de cet enfermement partiel ?
De même que appeler les sénégalais “ à vivre avec le virus”. Cela n’a-t-il pas engendré un relâchement des gestes barrières par la population ?
Une fois de plus , les décisions économiques ont encore pris le dessus sur la sauvegarde des vies humaines et des mesures sanitaires .
Ce semi-confinement a juste permis de dissimuler les lacunes du gouvernement qui n’a pas pu répondre positivement face à la menace. C’est au moment où les besoins sont les plus importants que les stocks de masques sont au plus bas, voire inexistants. Pourquoi ne pas avoir contacté de grands fournisseurs afin de répondre à la demande en masse de manière à en fournir suffisamment à tous?
Qu’en est-il de la gestion des frontières ?
À ce niveau, le manque de vigilance a été souligné car certains voyageurs en contact avec des individus contaminés venus d’Europe sont passés à travers les mailles du filet. D’où la propagation du virus sur le territoire . A partir du 20 mars 2020, la compagnie Air Sénégal annule l’ensemble de ses vols. Mais pourquoi ne pas avoir pris la décision de fermer les frontières dès les prémisses de la pandémie et surtout au regard de sa propagation?
N’est-ce pas l’aspect économique qui a été privilégié au détriment de l’aspect sanitaire ?
Quelques chiffres…
Le 02 mars, découverte du 1er citoyen contaminé par le virus.
Le 23 mars, le Président Macky SALL déclare l’état d’urgence sanitaire au Sénégal. Le couvre-feu est instauré entre 20h00 et 06h00 du matin. Mais cette mesure est imposée sans aucune communication claire au préalable à l’égard de la population. De ce fait, l’enjeu restait méconnu auprès des plus jeunes, d’où les défiances vis à vis des forces de l’ordre.
Pourquoi ne pas avoir pris le temps de clarifier les objectifs d’une telle mesure avant de l’instaurer ou de l’imposer?
Au 2 avril 2020, le Sénégal compte 190 cas positifs, dont 44 guéris et 143 sous traitement. Deux jours après, le pays est placé en situation d’urgence pour 30 jours.
Au 04 juillet 2020, cette fois, il y a 7272 cas confirmés, dont 4713 cas soignés et 129 morts.
Entre deux, au 11 mai 2020, alors que le nombre croissant de cas augmente considérablement, le gouvernement annonce un assouplissement du couvre-feu (21h00 / 05h00) au lieu de (20h00 /06h00). Contre toutes attentes, les lieux de cultes, les marchés sont autorisés avec le port des masques et respect des distanciations obligatoires. Tout cela sème la confusion dans l’esprit de la population qui voyait peut-être en cela le signe d’une disparition du COVID-19, soit une amélioration de la situation.
Du jour au lendemain, la population doit passer d’une distanciation sociale à une socialisation à distance. Les sénégalais ne savent plus où donner de la tête. L’inquiétude flambante sème le doute dans l’esprit des sénégalais. Même le Khalife général des Tidianes s’est exprimé pour demander au chef de l’État de bien vouloir expliquer la situation réelle à ces derniers . Il réclamait à son niveau des clarifications.
Le 26 août 2020, le Sénégal comptait officiellement 13186 cas d’infections au covid 19, dont 8852 sont guéris, 4058 seraient sous traitement et malheureusement 275 décès d’après le ministère de la santé.
Ainsi le rôle d’information a été assuré auprès de la population. Chaque fois un point est fait sur le nombre de contaminés, de guérisons, de décès. Ces chiffres devaient contribuer à conscientiser les populations sur le réel danger que représente ce virus. L’effet escompté n’était bien évidemment pas au rendez-vous. Bien au contraire, les personnes banalisaient la maladie . Pour d’autres, jusqu’à ce jour le virus n’a jamais existé! Est-ce que ces derniers seront en mesure de respecter un jour les gestes barrières ? Mais ils continueront malencontreusement à faire proliférer la maladie par leur ignorance.
Qu’en est-il du système de santé du pays ? Existe t-il ?
Il laisse à désirer. Les structures rencontrent des pannes de matériaux et des manques d’équipements pour prendre soin des personnes atteintes de la pathologie.
Le 1er avril 2020, concernant les moyens, il y avait 56 lits de réanimation, plus 40 lits supplémentaires disponibles. Au delà de ces chiffres, le système ne pouvait plus assurer la crise. Cette dernière met en avant l’obligation de réformer ce système inefficace, inadapté, pleins de manquements reconnu presque unanimement.
Sur le plan économique, le 23 mars lors de son discours, le président Macky SALL annonce 1000 milliards de francs CFA en tant que fond spécial ( “Force- COVID-19”). Cette aide concernait les plus démunis, la diaspora…
Ceci dit une partie des sénégalais a été laissé pour compte . Que devons nous comprendre ? Que tous ne sont pas logés à la même enseigne ?
Toutes ces incohérences au niveau des décisions ont contribué à mettre le doute sur l’existence de la pathologie , d’où le non respect des mesures barrières ou plus encore sa forte négligence.
Une question s’impose.
Est ce que cette crise aurait pu être gérée autrement ?
Qu’il s’agisse du Président de la République, du représentant de l’OMS à Dakar, du ministre de la santé ainsi que des experts, “personne n’avaient rien vu venir” CP. “Et ils ne savaient pas” CP. Et jusqu’à présent, ils ne savent toujours rien…
D’ailleurs à propos de la mauvaise gestion du covid 19, d’un point de vue plus général, le Professeur Christian Perronne s’y est intéressé dans son oeuvre s’intitulant : “Y a t-il une erreur qu’ils n’ont pas commise”?
Et il ajoute : “COVID-19, l’union sacrée de l’incompétence et de l’ignorance”. Je vous laisse imaginer la teneur de son livre !!
Pour conclure, il reste à savoir comment le Sénégal envisage de gérer les retombées financières de cette crise. Maintenant que tout est dit, une vérité reste indéniable, il y aura un avant et un après COVID-19.
Fatima Fall
Secrétaire national en charge de la communication et des Sénégalais de l’extérieur du parti URV