Un rapport suggère que les swaps de devises pourraient aider les pays africains dans le financement de leurs projets d’énergies renouvelables. Les swaps permettent d’échanger des montants de prêts en devises fortes contre des montants équivalents en monnaie locale, réduisant ainsi les effets néfastes des fluctuations monétaires.
Le recours aux swaps de devises est en mesure de permettre aux pays africains de se couvrir contre le risque de change lié aux financements des projets d’énergies renouvelables libellés en devises fortes, selon un rapport publié le 22 mai par le Partenariat Making Finance Work for Africa (MFW4A), une initiative lancée en 2007 par le G8 pour soutenir le développement des systèmes financiers en Afrique.
Intitulé « Green Energy Project in Africa », le rapport précise que les projets d’énergies vertes en Afrique sont principalement financés par des institutions multilatérales ou des bailleurs de fonds bilatéraux grâce à des prêts à long terme libellés en devises fortes comme le dollar américain et l’euro. Cela crée inévitablement un énorme risque de change, vu que les monnaies nationales africaines tendent à se déprécier par rapport aux devises fortes au fil du temps.
Entre 2007 et 2022, de nombreuses monnaies africaines se sont en effet dépréciées à des taux cauchemardesques par rapport au dollar américain. Il s’agit, entre autres, du cédi ghanéen (-946%), du kwacha malawite (-631%), du birr éthiopien (-479%) ou encore du kwacha zambien (-368%).
Elaboré en collaboration avec le Currency Exchange Fund (TCX), un fonds créé en 2007 par plusieurs institutions de financement du développement et pays donateurs pour fournir à ses membres et à leurs clients des solutions de couverture du risque de change inhérent à leurs opérations dans les pays en développement, le rapport révèle également que trois pays africains ont vu leurs monnaies perdre plus de 35% de leur valeur par rapport au billet vert sur la seule année 2022. Il s’agit de la Sierra Leone, du Ghana et de l’Egypte.
S’endetter dans sa propre monnaie, plutôt qu’en devise forte
Alors que les financements nécessaires à la construction de centrales solaires, les parcs éoliens, ou encore les barrages hydroélectriques sont libellés en dollar américain ou dans d’autres devises fortes, ces projets génèrent des revenus en monnaie locale. Conséquence : les revenus des projets deviennent insuffisants pour assurer le remboursement des prêts.
Pour gérer ce risque de change, les gouvernements se trouvent obligés soit de répercuter le coût additionnel sur le consommateur final en augmentant les prix de l’électricité, au risque de créer des tensions sociales et de favoriser la pauvreté énergétique, soit d’accepter une envolée du service de la dette, qui pèsera inéluctablement sur la situation des finances publiques.
Le Partenariat Making Finance Work for Africa et le Currency Exchange Fund soulignent cependant que le recours aux swaps de devises peut permettre aux pays du continent d’éviter l’impact négatif des fluctuations des taux de change sur le prix des produits énergétiques offerts aux consommateurs ou sur leurs finances publiques.
Dans le contexte de ces échanges de devises, appelés swaps, les pays africains et leurs bailleurs de fonds internationaux concluent un accord. Selon cet accord, ils échangent une certaine somme d’argent, qui est le montant principal d’un prêt dans une devise forte, et ses intérêts sur une durée définie. En retour, ils reçoivent un montant équivalent et les intérêts correspondants dans leur propre monnaie. Les pays emprunteurs peuvent ainsi s’endetter auprès des bailleurs de fonds internationaux dans leur propre monnaie, plutôt qu’en devise forte alors que le fournisseur de couverture, comme le Currency Exchange Fund, absorbe le risque de change. Ainsi, les tranches de remboursement des prêts restent inchangées, quelles que soient les fluctuations des taux de change.
Le rapport souligne par ailleurs que les pays du continent sont appelés à accélérer le déploiement des énergies renouvelables alors que près de 600 millions d’Africains n’ont pas encore accès à l’électricité.