La création et l’extension des lieux de culte (églises et mosquées) et cimetières pose de sérieux problèmes dans les localités de Niacoulrab, Tivaouane Peulh et Niague… En effet, avec l’explosion démographique dans la banlieue et la forte pression foncière, il n’y plus de terres. Les rares cimetières de ces villages traditionnels de cette partie des Niayes, qui datent de longtemps, manquent d’espace. Les réserves foncières existantes sont cédées ou très convoitées par les populations désireuses de se trouver un toit à Dakar, par les courtiers et autres promoteurs, les coopératives d’habitats, les Sociétés civiles immobilières (SCI) et même l’Etat.
«Il urge de trouver des solutions à ces problèmes que rencontrent les nouveaux habitants», alerte un travailleur de la municipalité de Tivaounane Peulh. En effet, face à la forte pression sur le foncier, avec comme conséquence, entre autres, un manque d’espaces pour la création de lieux de culte (églises et mosquées) et de cimetières et même l’extension de cimetières déjà pleins ou presque, pose de sérieux problèmes dans les localités de Niacoulrab, Tivaouane Peulh et Niague… «Les autorités n’ont jamais pensé à aménager de nouveaux espaces pour les lieux de culte et cimetières. C’est aberrant !», ont martelé les habitants de la commune de Tivaoune Peulh.
A titre d’exemple, le spectacle est désolant au cimetière catholique de Niague, localité des Niayes située sur l’axe qui relie le Lac Rose et Niacoulrab. C’est une ruelle presque impraticable qu’il faut emprunter pour se rendre au cimetière chrétien de Niague. Le mur de clôture est presque inexistant. Pourtant, les populations avaient commencé les travaux. Mais, elles n’ont pas pu achever les travaux de construction du mur de clôture. Pour cause, le manque de moyens financiers.
NIAGUE : LE CIMETIERE CATHOLIQUE EXISTE DE FAIT, MAIS SANS PAPIER
Abbé Homère Seck, curé, par ailleurs administrateur de la Quasi Paroisse Enfant de Jésus de Prague de Tivaouane Peulh, souligne que «le devis pour faire les travaux du cimetière de Niague est estimé à 5.000.000 F CFA. Ça fait cinq ans qu’on court derrière les autorités, en vain. Au début, la demande, c’était de bouche à oreille. Beaucoup enterrent leurs morts à Saint-Lazare. Il faut penser à aménager d’autres lieux, à l’avenir. Car, il n’y a plus d’espace dans ce cimetière».
Ce cimetière qui existe de fait, l’administrateur de la Quasi Paroisse Enfant de Jésus de Tivaoune Peulh explique : «nous n’avons aucun papier pour le moment. Alors que, de fait, l’église est propriétaire du terrain. Ce n’est plus possible de construire des habitations sur cette parcelle», a soutenu l’administrateur de la Quasi Paroisse Enfant de Jésus de Prague.
Et récemment, le Sous-Préfet de Sangalkam a été saisi sur la situation, grâce à une dame qui travaille à la Sous-Préfecture. «Nous avions entamé les travaux pour clôturer cet endroit, grâce au soutien de certains membres de la communauté. Malheureusement, les travaux sont à l’arrêt. Les gens qui décèdent sont enterrés à ce cimetière de Niague ou à Saint-Lazare. Peut-être que nous n’avons pas fait tout ce qu’il fallait ; c’est pourquoi, les autorités n’ont pas voulu nous aider», s’interroge Daniel Manga, chef de cœur de la Chorale de la Chapelle de Niague.
Le mur de clôture érigé ne fait pas plus de deux mètres (2 m) de hauteur et s’étend sur une distance de moins de cinquante mètres. La superficie du cimetière ne fait pas plus d’un hectare. La sécurité des lieux n’est pas assurée. Un certain M. Benjamin, censé pouvoir nous donner plus d’informations, était absent à notre passage. Nos tentatives pour le joindre par téléphone ont été vaines. Et Abbé Homère Seck de préciser : «il n’y a aucun autre responsable du cimetière à part moi. J’ai un adjoint mais il est décédé. A Saint-Lazare, des tombes ont été profanées. Pourtant, le cimetière est clôturé».
SEULS 3.000.000 F AFFECTES AUX LIEUX DE CULTE DANS LE BUDGET DE LA MUNICIPALITE DE TIVAOUNE PEULH
Cependant, contrairement à Saint-Lazare, «Ces lieux n’ont jamais été profanés», témoignent, les riverains. Les tombes ne sont pas à l’abri du regard des passants, surtout des enfants. Au début, «la communauté catholique n’était pas très importante, au regard de leur effectif. Aujourd’hui, la localité compte beaucoup d’habitants chrétiens, avec l’implantation de nouvelles cités (Tawfekh, Socabeg, Nanora, Darou Salam, Safco, Apix…). A cela s’ajoutent le Lac Rose (et son pôle urbain en construction), Benoba, entre autres».
La municipalité de Tivaouane Peulh, dans son budget, a affecté aux lieux de culte une somme de «3.000.000 FCFA, ce montant est insuffisant pour régler le problème des lieux de culte d’une localité. Cette somme est destinée à relever les murs des cimetières», a indiqué notre interlocuteur. Avant de relever : «en ce qui concerne la création et l’extension des lieux de culte, cela relève du ressort de la gouvernance. Car, les aménagements qui doivent être faits sont définis par le Plan directeur ou par celui de l’Urbanisme».
A NIACOULRAB, LA PROXIMITE DES MAISONS ETOUFFE LE CIMETIERE MUSULMAN
Autre localité, autre réalité. A Niacoulrab, la proximité entre les maisons et le cimetière musulman est saisissante. Il n’est plus possible d’agrandir le cimetière qui étouffe entre ces habitions. «A moins de déguerpir les riverains» souligne l’imam de Niacoulrab, Mamadou Diop. Créé avant 1947, Niacoulrab n’était qu’un petit village. Selon l’imam, Mamadou Diop, «les populations ont vendu leurs terres, sans tenir compte du fait que le village est en train de s’agrandir. Les gens ont besoin d’espace pour l’extension du cimetière. Mais, il l n’y a plus d’espace. Nous attendons un soutien des autorités, en l’occurrence l’administration, pour trouver une solution définitive à ce problème. Il nous faut un gardien pour assurer la sécurité des lieux. Car, nous ne bénéficions d’aucune subvention de la mairie».
Les notables de ce village traditionnel indexent l’ancien président de l’ancienne communauté rurale de Sangalkam, dont dépendait administrativement la localité et environs, avant les nouveaux découpages administratifs et la communalisation intégrale. Oumar Guèye, ancien ministre, disent-ils, a affecté à «150 personnes des parcelles, sans penser à l’extension du cimetière».
LE VILLAGE DE TIVAOUANE PEULH CHERCHE 2 HA, POUR L’EXTENSION DE SON CIMETIERE DATANT DE 1968
Le problème demeure entier à Tivaouane Peulh, malgré son érection en commune. Le Préfet du département de Rufisque ainsi que le maire sont informés de l’état du cimetière musulman, a laissé entendre un proche de l’imam ratib, Alassane Sow. Pour agrandir le cimetière, deux hectares (2 ha) sont prévus. «Le maire nous a promis qu’il allait négocier avec la magistrate, Mame Basse, pour qu’elle nous cède son terrain de deux hectares. Jusqu’à nos jours, les choses n’ont pas évolué», a fait remarquer Boubou Sow, le chef du village de Tivaouane Peulh.
Le lieu, aménagé en 1968, avec l’explosion démographique, est devenu étroit pour les populations de la commune. Une autre solution est envisagée, si le maire et la juge Mame Basse ne parvenaient pas à trouver un accord. «C’est de prendre contact avec Serigne Modou, propriétaire du terrain contigu au cimetière», révèle le chef du village. Aussi, les habitants espèrent que l’Etat déclassifie la forêt, de 30 à 40 hectares, pour permettre l’extension du cimetière.
MOSQUEE DE TIVAOUANE PEULH RENOVEE, UNE MAISON PRIVEE SERT DE CHAPELLE POUR LES CATHOLIQUES A NIAGUE…
En attendant, la grande mosquée de Tivaouane Peulh a été réfectionnée, grâce au soutien des immigrés et les fils de la localité. Ailleurs, à Niague, le lieu de prière pour la communauté catholique appartient à un privé, qui a accepté de céder sa maison transformée en chapelle. Ce lieu de prière, sis au quartier HLM de Niague, accueille les fidèles pour la célébration des messes. Le propriétaire, Pierre Diouf, a quitté Niague pour s’installer à Keur Massar. «C’est grâce à lui qu’on a pu obtenir ce local où les messes sont célébrées tous les dimanches et les jours de fête, par le curé, Abbé Homère Seck, administrateur de la Quasi Paroisse Enfant de Prague de Tivaouane Peulh. Ce domaine, le propriétaire peut nous le retirer à tout moment. D’ailleurs, c’est lui qui paie la facture d’eau et nous, on se charge du paiement de la facture d’électricité», a indiqué Marcelin Cabo, de la Communauté ecclésiale de base (CEB) de Niague.
…LA CHAPELLE DES SAINTS INNOCENTS DE NIAGUE TRES EXIGUË POUR CONTENIR LES FIDELES
La Chapelle des Saints Innocents de Niague est très exiguë pour contenir les fidèles. Et, le jeudi 18 mai dernier, la communauté catholique a célébré la fête de l’Ascension, la montée de Jésus Christ au ciel, en attendant son retour sur terre pour «juger les vivants et les morts». Le moment est solennel. Le curé, Abbé Omère Seck, dans son sermon, a invité les fidèles à être des chrétiens, c’est à dire aimer la solidarité et avoir le sens du partage. «Quand Dieu vous comble de biens, vous devez partager avec les autres», soutient le curé.
En outre, il a demandé aux fidèles de vaincre la timidité. «Car, il ne suffit pas d’être baptisé pour être chrétien. L’Evangile doit être transmis. Sans cette transmission, l’homme en mission sur terre va faillir à son devoir. Le chrétien ne doit pas avoir peur ; car, partout où il est, même en étant seul dans une foule, Jésus Christ est avec lui. Donc, il n’a pas à se cacher», a exhorté les fidèles, le curé Abbé Omère Seck.
A la fin de la messe, l’administrateur de la Quasi Paroisse Jésus Enfant de Prague, que nous avons rencontré à son bureau, est revenu sur les problèmes relatifs à l’acquisition des parcelles. «Nous avons besoin, au minimum de 3 à 4 hectares. Nous ne vendons pas les terres. Elles sont valorisées par la construction des écoles et dispensaires qui accueillent tout le monde, sans aucune discrimination de religions, d’ethnies…», a affirmé l’administrateur.
«La partie qu’occupent les sœurs et le dispensaire font partie du domaine de la Quasi Paroisse de Jésus Enfant de Prague de Tivaoune Peulh», a ajouté Abbé Omère Seck. «Au début, on communiquait avec le maire pour la clôture du cimetière de Niague, de bouche à oreille. Il n’y avait pas de correspondances», a révélé Abbé Homère Seck, curé de la Paroisse. Après leur rencontre avec le Sous-Préfet de Sangalkam, un courrier a été envoyé à l’autorité dans l’attente d’une réponse qui réglerait le problème.