Ousmane Sonko va-t-il déférer à la convocation de la justice ce mardi 16 mai dans le cadre du procès pour viols l’opposant à la masseuse Adji Raby Sarr ? En tout cas s’il respecte sa politique de «désobéissance civile», le leader du parti Pastef risque une arrestation, d’après la loi. Le dernier mot revient au président de la chambre criminelle.
C’est ce mardi 16 mai devant la chambre criminelle du tribunal de Dakar que s’ouvre le procès pour viols du président du parti Pastef Ousmane Sonko face à Adji Sarr. Accusé de viols répétés par la masseuse, le maire de Ziguinchor placé sous contrôle judiciaire dans cette affaire depuis mars 2021 a décidé de ne plus répondre à la justice dont il accuse certains magistrats de partialité et d’être à la solde du président de la République, Macky Sall.
L’opposant a d’ailleurs engagé une «campagne de désobéissance civile». «Ce n’est plus de la justice mais du banditisme judiciaire. J’ai décidé dans le cadre de ma campagne de désobéissance civile de ne plus collaborer avec la justice. Si la justice ne peut pas m’assurerla sécurité, je ne répondrai pas à la convocation. J’ai pris cette décision ferme et je l’assume», avait déclaré le maire Ziguinchor. Toutefois, avait-il dit averti : «prendre cette décision ne signifie pas qu’on donne un blanc-seing à la justice ou à quelconque magistrat dire comme il n’est pas venu répondre, on fera ce qu’on veut». Cette forme de «résistance» a fait qu’il ne s’est pas présenté au tribunal lors du procès en appel pour diffamation l’opposant à l’ancien ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang où il a été condamné à six mois de prison avec sursis et à une amende 200 millions de F CFA. Tout de même, il faut noter que presque toutes les convocations du leader du parti Pastef au tribunal ont été émaillées de violences où parfois il est exfiltré de son véhicule par les forces de l’ordre.
Va-t-il ce jour déférer à la convocation de la justice ? Visiblement non ! Mais puisque le viol a été criminalisé depuis 2020 au Sénégal, Ousmane Sonko a l’obligation de répondre présent. Selon l’article 238 alinéa 3 du code de procédure : «l’accusé qui n’a jamais été détenu se présente au plus tard la veille de l’audience au greffe qui s’assure de sa représentation en justice. L’ordonnance de prise de corps est exécutée si dûment convoqué par voie administrative au greffe de la chambre criminelle et sans motif légitime d’excuse, l’accusé ne se présente pas au jour fixé pour être interrogé par le président de la chambre criminelle. L’ordonnance de prise de corps est également exécutée sur décision motivée du président de la chambre criminelle lorsqu’il estime que la détention de l’accusé est nécessaire. Cette décision est sans recours.»
Autrement dit, Ousmane Sonko risque à tout moment d’être arrêté s’il ne se présente pas au tribunal.
En effet, depuis la semaine dernière, le leader du parti Pastef s’est retranché à Ziguinchor. Craignant une arrestation de leur leader à tout moment, les militants veillent les nuits devant son domicile, pour le «protéger», disent-ils. Hier, des échauffourées ont éclaté entre eux et les forces de l’ordre pendant toute la journée. Des faits qui rappellent les émeutes de mars 2021 suite à l’arrestation d’Ousmane Sonko dans le cadre de cette même affaire de viols. 14 personnes y avaient trouvé la mort. Sans oublier les destructions et pillages de stations d’essence et de commerces.
«J’ai déjà fait mon testament. Nous allons nous battre sur le terrain avec Macky Sall, quoi qu’il puisse nous en coûter», avait lancé Ousmane Sonko lors du meeting de la coalition Yewwi Askan Wi aux Parcelles assainies. Comme pour dire que le risque d’escalade est grand.