Le journal le Figaro s’illustre encore une fois, il est vrai sans succès auprès du public sénégalais ni audience significative dans l’opinion internationale, dans des attaques ad hominem contre les dirigeants de la société d’exploitation du Train Express régional de Dakar et à des critiques sans fondement sur la gestion de ladite société.
La démarche déloyale de l’auteur de l’article, paru au Figaro le 16 avril 2023 vise, naïvement et directement, le top management de la SETER sans procéder à une analyse de fond tout en étalant des contrevérités.
Il convient de s’interroger sur les motivations du journaliste et celles de tout éventuel commanditaire de ces publications ; les objectifs de cet article et ses sources suscitent des interrogations légitimes sur son éthique professionnelle. En effet, aucune des parties prenantes au projet n’a été sollicitée pour lui permettre d’accéder à une information complète et authentique et de disposer de données objectives et utiles pour porter des jugements pertinents et essentiels sur le TER de Dakar.
Il importe, tout d’abord, de préciser qu’il n’est pas exact d’affirmer, comme il le prétend, que le TER de Dakar est « une réalisation qui aurait dû être la vitrine internationale de la SNCF ».
Cela ne correspond à aucune réalité car le projet TER est une initiative du Président Macky SALL qui, lors de ses visites dans tout le pays, avant d’accéder au pouvoir, a posé un diagnostic général sur l’état du Sénégal et réalisé un programme sectoriel pour chaque domaine d’activité.
Un de ses constats concerne la situation de dégradation avancée du secteur ferroviaire qui se réduisait au Petit Train de Banlieue et aux circulations de deux sociétés minières qui ralliaient le Port Autonome de Dakar pour leur besoin d’exportation. Ce diagnostic intégrait également les nombreux problèmes de congestion et de mobilité de la région du Cap Vert.
La solution pour pallier ce problème a consisté à concevoir une nouvelle phase d’urbanisation par la réalisation à la périphérie de Dakar de nouveaux espaces urbains pour délocaliser les activités économiques commerciales sportives et administratives.
Diamniadio accueille aujourd’hui des administrations, des structures hospitalières, des universités, des sites industriels et commerciaux. Pour donner une cohérence globale à cette politique il est apparu la nécessité d’édifier des moyens de transport modernes confortables et sécurisés. Le TER est l’instrument qui lie Dakar aux nouvelles agglomérations et plus tard vers l’Aéroport International Blaise Diagne.
C’est dire que le projet TER trouve son origine exclusivement au Sénégal et n’est le réceptacle d’une quelconque ambition d’expansion de la SNCF. Monsieur François Delétraz peut se dispenser de s’inquiéter, au nom de la France, sur un projet pensé conçu financé et réalisé entièrement par notre pays pour les besoins exclusifs des seuls sénégalais.
Cependant, devant la récurrence des publications malencontreuses et polémiques du Figaro, la SENTER et la SETER tiennent à rétablir la vérité et rassurer les sénégalais en apportant un certain nombre de précisions sur le bon fonctionnement de leur TER.
Je voudrai, pour ce faire, préciser au public sénégalais que le TER de Dakar transporte actuellement en moyenne 75 000 voyageurs du lundi au vendredi avec des pointes journalières à plus 84 000 voyageurs et un léger fléchissement pendant le weekend end. La fréquentation du TER est en croissance régulière et conforme avec l’objectif de dépasser les 100 000 voyageurs par jour après la mise en service fin 2023 de la liaison avec l’Aéroport International Blaise Diagne et la réception des 7 rames supplémentaires déjà commandées.
Le plan de transport est défini par la SENTER qui assure les fonctions d’autorité Organisatrice, propriétaire du TER de Dakar et réalisé, conformément à son contrat, par la SETER en charge de l‘exploitation et de la maintenance. Celui-ci peut faire l’objet d’adaptations. Ainsi, comme l’année dernière à l’occasion du mois de Ramadan, le choix a été fait d’augmenter le plan de transport avant la rupture du jeûne pour permettre aux voyageurs de « partager en famille le « Ndogou » : 11 trains supplémentaires ayant leur terminus à Rufisque circulent depuis le 21 mars entre 15h et 19h.
Comme pour toutes les activités de mass transit, des zones de rétention sont organisées dans chacune des gares concernées afin de gérer les périodes d’affluence. Ainsi en Gare de Dakar avec l’aide du Groupement de Gendarmerie du TER, les voyageurs patientent sur le parvis et dans le patio afin de pouvoir accéder en toute sécurité aux trains.
A la demande de l’Etat sénégalais, la SETER a recruté, formé et accompagné plus de 950 collaborateurs aux métiers de l’exploitation et maintenance d’un système ferroviaire moderne faisant appels aux meilleures technologies ferroviaires mondiales. Un an après la mise en service du 17 janvier 2022, la SENTER a confié à la SETER en 2023 le contrat d’exploitation et maintenance du TER de Dakar pour les 3 prochaines années, charge à la SETER de :
– garantir un haut niveau de sécurité et de qualité de service ;
– favoriser le transfert des compétences ;
– développer de la fréquentation du TER de Dakar pour contribuer au désengorgement de Dakar et de la presqu’ile du Cap Vert.
La SETER a su réunir une expertise ferroviaire reconnue mondialement et un savoir-faire opérationnel local pour un bon fonctionnement en toute sécurité. Développer le mass transit en Afrique de l’Ouest est une première. Cette performance opérationnelle de la SETER est remarquable avec des chiffres record : un taux de ponctualité des trains à 98%, une activité sans discontinuer sur les 365 jours de l’année, une disponibilité moyenne du matériel roulant supérieure à 100 % et des indicateurs sécurité aux meilleurs standards mondiaux.
La technologie des plus modernes retenue sur ce projet, à savoir ERTMS niveau 2 est une première mondiale dans l’offre TER. La pertinence des choix techniques retenus par l’Etat Sénégalais pour les systèmes, matériels et infrastructures permettent d’atteindre ces niveaux de performance.
Les bons chiffres d’exploitation illustrent la pertinence des choix managériaux effectués par la SNCF pour la bonne utilisation de ces systèmes.
Choisie pour apporter son savoir-faire, la SETER a su faire monter en compétences les 950 agents, pour la plupart sans expérience en ferroviaire : moins de 1 % des salariés ne sont pas sénégalais et ils n’ont pas vocation à rester durablement à la Direction de l’Entreprise.
En effet, la gestion des flux et de la rétention est l’une des clefs du haut niveau de sécurité du TER de Dakar avec un taux d’incident sécurité très faible par rapport aux standards et autres systèmes ferroviaires internationaux. Il illustre le bon choix d’exploitation malgré des trains complets sur une grande partie de la journée.
La SETER fonctionne selon un contrat de prestation avec l’Etat sénégalais, l’ensemble des charges qui lui sont payées le sont selon des modalités contractuelles. Les éléments relatifs au coûts salariaux sont payés par un forfait de charge et non imputés à l’Etat du Sénégal contrairement à ce qui a été insinué.
Un contrat d’exploitation ferroviaire porte sur des enjeux majeurs et complexes, tant sur le respect des règlementations que sur les mécanismes financiers permettant d’assurer le bon fonctionnement opérationnel : contractuellement, les autorités ont prévu un délai de finalisation et de mise en place des clauses contractuelles lors de la signature comme cela se fait habituellement sur ce type de contrat.
La plupart des 950 salariés ont été recrutés il y a moins de 2 ans : la SETER retient ceux qui après leurs premières années ont pu confirmer leur adéquation avec les besoins de cette jeune entreprise. 98 % des agents en CDD ont été reconduit depuis la création de l’entreprise, et une dizaine de licenciements pour faute en 2022, ce qui est très raisonnable comparativement aux autres sociétés de la place.
Les fins de contrats sont partagées avec l’inspection du travail pour confirmer le bon respect des procédures en vigueur.
Comme la loi le permet, les salariés sont embauchés à la SETER tout d’abord en CDD, transformé ou non en CDI à l’issue sous réserve d’une validation résultant de la performance opérationnelle, du comportement de l’agent et de la pertinence du besoin. Le contrat de l’agent Maty Gning n’a pas été renouvelé pour 2 raisons principales :
Réorganisation de la Direction avec modification des postes et inadéquation du profil avec le besoin.
Comportements inadaptés aux valeurs de l’entreprise : éditions de propos et mails irrespectueux et injurieux envers des représentants de la Direction générale. A noter, à titre d’exemple, son mail d’appel à la grève adressé à l’ensemble des salariés en enfreignant non seulement les règles du droit du travail mais également la charte interne de gestion des outils informatiques.
C’est pour ces raisons que la décision a été prise de ne pas transformer son CDD en CDI.
Concernant la proximité de Maty Gning, avec des membres de l’opposition politique, il faut préciser que la SETER, en charge du service public du TER, n’a pas de rôle politique. Ses salariés qui s’associent avec des partis ou personnalités politiques portent leurs idées politiques pour leurs propres intérêts, distincts de ceux de la SETER.
Sur les faits d’Août 2022, l’inspection du travail s’est déplacée et n’a pas relevé d’anomalie.
Le respect des salariés et le bon fonctionnement interne sont prioritaires au sein de l’entreprise qui n’a pas hésité à arrêter sa collaboration, en octobre 2021, avec l’ancienne équipe dirigeante (Directeur Général et PCA) pour management délétère et non-respect de charte éthique professionnelle. L’actuelle Direction a été appelée à intégrer le projet il y a plus de 18 mois, le 15 octobre 2021, peu avant le démarrage de la marche à blanc afin de sécuriser la mise en service commercial.
Cette même direction assure un fonctionnement serein et une exploitation sans faille tous les jours de l’année.
Des contre-vérités ont été portées à l’encontre du Directeur Général, Patrick Tranzer :
En mission à la SNCF et Alstom la semaine passée, et en toute intelligence avec la SENTER, il est rentré à Dakar à la date prévue à l’issue de sa mission afin de poursuivre son activité locale. Dire qu’il est rentré en catastrophe n’est pas correct.
Par ailleurs sa principale expérience en Afrique dans le secteur ferroviaire sur plusieurs projets lui permet de manager et prendre les décisions stratégiques essentielles qui ont permis la réussite du TER de Dakar pour le lancement et la continuité de l’exploitation.
Je profite de cet article pour féliciter, encore une fois, l’actuelle équipe de la SETER qui qui s’est mise en situation de satisfaire la commande de l’Etat qui a déjà à leur égard fait un choix définitif sur l’exploitation et la maintenance du TER ; de ce point de vue la page est définitivement tournée.
Je manifeste toute ma satisfaction à monsieur Patrick Tranzer pour les résultats qu’il a obtenus ; je lui renouvelle la confiance des autorités et la mienne compte tenu de son profil adéquat et son brillant parcours professionnel dans le secteur ferroviaire.
Le projet du TER ne sollicite ni les encouragements ni les adoubements encore moins les éloges du Figaro qui peut toujours continuer à critiquer et à blâmer le projet conformément à sa devise « sans liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur »
Le TER du président Macky Sall va au-delà de la simple reconstruction du secteur ferroviaire ; il s’adresse à une nouvelle génération de sénégalais qui doit s’inspirer du projet pour en faire un symbole, instrument à dupliquer dans sa méthode et ses objectifs, dans sa dimension et sa capacité structurante à porter le développement de notre pays.
Voltaire a dit : « il faut toujours que ce qui est grand soit attaqué par les petits esprits »
Il ne conviendra plus de répondre au Figaro sur un sujet exclusivement sénégalais qui ne le concerne pas et sur lequel le journal tente inlassablement et inutilement de discréditer le travail d’honnêtes hommes. Nous avons assez réfléchi à notre projet pour en rajouter.
Merci pour votre « dévouement » mais il y a des situations plus préoccupantes en France qui méritent davantage votre attention et votre énergie. Pour vos éventuelles prochaines publications sur le TER de Dakar notre seule réponse sera désormais le silence.
Abdou Ndéné SALL
Directeur Général de la SENTER