Condamné à 120 coups de fouet à lui infligés par les membres de la garde du Lamido, suite à une histoire banale, le jeune homme de 33 ans souffre de lésions infectées au niveau du fessier. L’affaire qui a été révélée au grand jour à travers une image choquante de la victime publiée sur les réseaux sociaux, est portée devant les tribunaux.
Insoutenable, inadmissible, intolérable, inhumain… Les épithètes ne sont pas suffisamment puissants pour qualifier la scène abjecte qui s’est déroulée à Tcheboa, un arrondissement ayant pour chef-lieu Ngong, et créé par Décret N°92/206 du 05 octobre 1992.
Située dans la vaste province de l’empire peul de Sokoto, cette localité qui couvre la rive gauche des plaines de la Benoué, a été le théâtre d’un drame digne de l’époque de l’esclavage. La victime a pour nom : Woulvang, un jeune homme de 33 ansqui souffre depuis quelques jours, de lésions infectées au niveau du fessier.
L’image choquante publiée sur les réseaux sociaux du pauvre sujet abandonnésous un arbre dans l’après midi du lundi 13 février 2023, a provoqué l’ire et l’indignation de l’opinion publique, des Ong de défense des Droits de l’Homme et même de certains partis politiques au premier rang desquels le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) dont le Secrétaire national délégué chargé des Droits de l’Homme et de la gouvernance, qui s’est récemment rendu au chevet de celui qui a subit 120 coups
de fouet en guise de correction. Son crime (de lèse-majesté) ? Avoir osé se retrouver au centre d’une altercation avec le gestionnaire du marché de bois de Ngong. A la demande dudit gestionnaire, Woulvang sera alors « enlevé par des gardes en service au Lamidat de Tcheboa, village dont l’autorité du Lamido s’étend également sur le village Ngong dans le département de la Benoue », rapporte Me Sikati.
Conduit de force dans l’enceinte du Lamidat de Tcheboa, poursuit-il, « Woulvang sera atrocement torturé autant que le confirment les larges plaques de blessures laissées sur ses fesses, et sera ensuite abandonné sans assis- tance sur la voie publique ». De la même source, l’on apprend que le jeune homme avait démissionné de ses fonctions d’employé auprès du gestionnaire du marché susmen- tionné, «décision qui n’a pas été acceptée par ce dernier.
Cette situation est d’autant plus alar- mante et critique que le Lamido de T cheboa est parait-il coutumier de pareils actes, et aurait même fait l’objet d’une condamnation pénale non exécutée à ce jour». Suffisant pour que le Mrc dénonce avec véhémence ces actes de torture atroce, sauvage, inhumain, et rap- pelle en même temps qu’une «jus- tice privée barbare ne saurait avoir sa place, ni être tolérée dans un Etat de Droit».
Procureur de la République
Quoi de plus légitime que de boucler son coup de gueule en invitant les autorités administratives à prendre en charge les soins médi- caux de la victime, et les autorités judiciaires à engager des poursuites légales contre toutes les personnes impliquées dans les faits dénoncés ? Une exigence soutenue par la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun (Cdhc) dont les équipes ont rendu visite au jeune Woulvang non sans condamner avec fermeté l’acte :
« les faits de traitement inhumain infligé à la victime sont avérés. La Cdhc a échangé avec la famille à l’hôpital de district de Ngong Nous avons proposé à la famille de saisir le procureur de la République près les tribunaux de la Bénoué. Par ailleurs, nous effectuerons une descente au lami- dat Ngong pour complément d’information », annonce l’organisme créé en 1990. En attendant, la victime continue de souffrir de sa blessure profonde qui a touché les muscles fessiers.
Joint au téléphone par nos confrères du quotidienLe Jour, le sous-préfet de Ngong a confirmé l’information sur ce cas de torture au Lamidat de Tchéboa. « Nous avons ordonné l’ouverture d’une enquête et avons interpellé le chef traditionnel sur ce cas. Les premiers éléments font état d’un abus de la part des notables du Lamidat qui ont agi à la suite d’une plainte déposée par un commerçant pour injures contre le jeune homme au lamido. Nous avons instruit que ce jeune soit pris en charge », a-t-il déclaré.
Selon une source proche de l’enquête, une double enquête aurait été instruite par le sous-pré- fetde Ngong et le procureur de la République près destribunaux de la Bénoué à Garoua. Affaire à suivre !