L’affaire opposant les habitants des quartiers Almadinah, Cité Diazaka (Rufisque Est) et Basturk immobilier société anonyme (Bisa), une entreprise spécialisée dans la production de béton et implantée dans ces quartiers, occupe toujours l’actualité dans la zone située à la sortie 10 de l’autoroute à péage. Bien que le contentieux se poursuive au Tribunal, où les deux parties ont fait face lors d’un procès s’étant tenu le 13 janvier après un premier renvoi, les membres du Collectif regroupant les habitants des deux quartiers sont sur le qui-vive.
«Le Tribunal a décidé de dépêcher sur place un expert pour évaluer nos accusations à l’encontre de Bisa», a posé mardi Mamadou Diagne, porte-parole du Collectif des habitants des deux quartiers. Lui et ses collègues avaient organisé une rencontre avec la presse pour réitérer leur volonté de faire quitter la centrale implantée «dans une parfaite illégitimité» dans la zone. «Bisa n’est que catastrophe écologique par rapport à l’engagement du Sénégal à la Cop21 et autres statuts sur l’environnement auxquels le Sénégal a souscrit», a-t-il lancé avec dépit, regrettant qu’un établissement classé ait pu être érigé dans un quartier.
Le gros problème, d’après lui, c’est comment cette entreprise a pu disposer de documents de la part des autorités. «Lors de l’audience, ils ont présenté des documents stipulant qu’ils ont le droit d’exercer leur activité dans le quartier. Sur quelle étude d’impact environnemental sont basées ces décisions pour avoir cette attestation de conformité par rapport à l’environnement vu que l’absence d’audience publique remet en cause l’étude d’impact», a-t-il dénoncé.
Mame Goor Mboup alias Diazaka a du mal à expliquer comment Bisa a pu disposer de documents. «Pour l’étude d’impact environnemental, c’est un chef de quartier qui vit à 3km d’ici qui a signé, alors que nous avons le nôtre qui habite dans le quartier», a-t-il posé en illustration. Pire encore, a-t-il rajouté, ils ont commencé l’exploitation en fin 2020 alors que les papiers qu’ils ont présentés datent de septembre 2021. «Un document signé par le directeur de Cabinet du ministre de l’Environnement et non par le ministre lui-même», a relevé l’artiste et conseiller municipal à Rufisque.
«On ne se laissera pas faire, nous interpellons le Président Macky Sall ainsi que le nouveau ministre de l’Environnement, Alioune Ndoye», a dit Diazaka. Pour Mamadou Diagne, des lettres de contestation ont été envoyées au ministère de l’Environnement pour protester contre l’avis de conformité en faveur de Bisa pour s’implanter dans la zone. «Un établissement classé ne peut être érigé dans un quartier», a-t-il insisté, espérant que leur appel sera entendu