Les principaux producteurs africains de coton durable sont la Tanzanie, l’Ouganda et le Bénin. Mais le Burkina Faso, le Mali, le Soudan, le Tchad et l’Éthiopie offrent un important potentiel de développement d’une filière cotonnière plus rentable, respectueuse de l’environnement et socialement responsable.
L’Afrique ne représente que 4% de la production du coton certifié conforme aux normes volontaires de durabilité (voluntary sustainability standards/VSS) à l’échelle mondiale, selon un rapport publié en janvier dernier par l’Institut international pour le développement durable (IISD).
L’Asie concentre 92% de l’offre mondiale de coton produit conformément aux normes VSS, qui ont été établies par plusieurs initiatives portées par ONG comme Better Cotton, Organic, Cotton made in Africa (CmiA) ou encore Fairtrade.
L’Inde, la Chine et la Turquie sont les principaux acteurs mondiaux de cette filière cotonnière respectueuse de l’environnement et socialement responsable.
Le rapport, qui se base sur les chiffres de l’année 2019, révèle également que les principaux producteurs africains de coton durable sont la Tanzanie, l’Ouganda et le Bénin.
A l’échelle mondiale, plus de 2,5 millions d’agriculteurs ont produit entre 6,24 et 6,46 millions de tonnes de coton durable en 2019 pour une valeur à la ferme estimée à entre 3 à 5 milliards de dollars. Au cours de la même période, la production mondiale de coton conventionnel a enregistré une baisse annuelle moyenne de -0,98 %.
Le coton durable représente désormais plus de 25% de la production totale de la filière à l’échelle planétaire.
L’Institut international pour le développement durable a d’autre part indiqué que l’Inde, la Chine, les États-Unis, l’Ouzbékistan et le Brésil offrent le plus grand potentiel d’expansion des superficies dédiées au coton durable au regard de l’importance de leur production conventionnelle.
Parmi les pays producteurs de coton les moins développés, le Burkina Faso, le Mali, le Soudan, le Tchad et l’Éthiopie offrent également un important potentiel de développement de la production cotonnière durable compte tenu de l’adoption très limitée des normes volontaires de durabilité dans ces pays.
Les exploitations certifiées durables sont les plus rentables
Le rapport souligne par ailleurs que la demande de coton certifié conforme aux normes VSS demeure essentiellement concentrée en Europe et en Amérique du Nord, en raison des réglementations favorables, mais aussi de la propension des consommateurs à prendre des décisions d’achat responsables et des marques de prêt-à-porter à utiliser la durabilité pour différencier leurs produits sur le marché. Cette demande devrait s’accélérer dans les années à venir, grâce notamment aux réglementations obligeant les entreprises à s’approvisionner en matières premières plus durables et à atténuer les risques environnementaux et sociaux liés à leurs activités. Tel est par exemple le cas de la directive de l’Union européenne (UE) sur la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises (CSRD), qui a été adoptée par le Parlement européen en novembre 2022, pour rendre les entreprises plus responsables publiquement en les obligeant à publier régulièrement des données sur leur impact sociétal et environnemental.
En ce qui concerne les revenus des contonculteurs, le rapport indique que les recettes des exploitations certifiées durables sont généralement plus élevées que celles des fermes conventionnelles. En Inde, la rentabilité des exploitations qui appliquent les normes VSS est par exemple 52% plus élevée que celles produisant le coton conventionnel.
Sur un autre plan, l’Institut international pour le développement durable rappelle que les normes de durabilité appliquées dans la filière coton à travers le monde permettent de lutter contre les effets environnementaux et sociaux liés à la production de coton conventionnel, dont les pénuries d’eau, la contamination des sols et de nappes phréatiques par le ruissellement des pesticides, le travail des enfants, les fortes émissions de gaz à effet de serre et les mauvaises conditions de travail. Ces pratiques permettent également de renforcer la résilience climatique du secteur agricole. A titre d’exemple, le programme Better Cotton exige des agriculteurs de mettre en œuvre des mesures d’utilisation rationnelle de l’eau dans les régions touchées par le stress hydriques, tandis que l’initiative Cotton made in Africa oblige les agriculteurs à adopter des pratiques de lutte intégrée contre les parasites afin de réduire l’utilisation des pesticides.