L’intersyndicale des travailleurs des Industries chimiques du Sénégal (ICS) a dénoncé avec énergie, au cours d’un point de presse tenu ce samedi à Thiès, le management de leur « entreprise par un pilotage à vue fondé sur une discrimination notoire, laquelle va jusque dans les familles par un bafouement manifeste des droits des travailleurs sénégalais résidents dans les cités entretenu par le Directeur central des exploitations (DCE) ».
« Le défaut d’organisation déploré depuis l’arrivée d’INDORAMA entraine un manque de prise en charge effective des affaires du personnel et sape le plan de carrière des sénégalais contrairement à la loi numéro 2022-17 du 05 mai 2022 (promulguée le 23 mai) relative au contenu local dans le secteur minier », remarque l’intersyndicale des travailleurs des Industries chimiques du Sénégal (ICS), qui souligne que « Les départs cumulés d’année en année sans recrutements formels a conduit à un manque d’effectif que le management a voulu contourner par des contrats illégaux établis par l’actuel DCE à la centrale à charbon depuis 2016 et l’élargissement du phénomène dans tous les sites ».
Les responsables syndicaux Cheikh Tidiane Diène et Ousmane Ndiaye ont d’abord tenu à rappeler que « Depuis la recapitalisation par le Groupe INDORAMA en août 2014 et les investissements importants qui ont été réalisés ayant permis la réhabilitation des installations dans les différents sites de production jusqu’en 2016, les Industries Chimiques du Sénégal ont produit les résultats suivants : « 2015 : 89 milliards de FCFA ; 2016 : 166 milliards ; 2017 : 161 milliards ; 2018 : 216 milliards ; 2019 : 267 milliards ; 2020 : 200 milliards (à cause de problèmes techniques) ; 2021 : 385 milliards ; 2022 : 01 milliard de dollars US (plus de 600 milliards de francs CFA) ; soit un chiffre d’affaires cumulé de plus de deux mille (2000) milliards de francs CFA depuis l’arrivée du groupe INDORAMA ». Ils informent que « Les bénéfices engrangés, selon les déclarations de notre ministre de tutelle durant ses passages à l’Assemblée nationale, sont de l’ordre de vingt à trente pour cent du chiffre d’affaires (en 2021 le bénéfice était de l’ordre de 200 millions de dollars US soit plus de 100 milliards de francs CFA) ». Pour l’exercice 2022, estiment les travailleurs des ICS, « Nous avons atteint ce bénéfice au premier semestre ».
Mauvais management de l’entreprise, absence d’organigramme clair, manque de DRH sénégalais de métier et de politique sociale adéquate
Aussi de renseigner : « Après une dénonciation auprès de l’inspection régionale du travail et de la sécurité sociale de Thiès, une mise en demeure a été servie par l’autorité compétente à la direction générale des ICS. Suite à cela, un début de solution a été acté par un protocole signé le 24 novembre 2022 entre la direction générale et les délégués du personnel pour la régularisation de deux cents quarante-huit (248) travailleurs dans l’effectif des ICS, tous sites confondus, sur un échéancier de treize mois maximum à compter de décembre 2022. Les négociations reprendront au deuxième semestre 2023 pour les cas irréguliers restants, les journaliers et les travailleurs aux contrats atypiques ». Ils ne manquent surtout pas de saluer la bonne volonté de la direction générale d’avoir accepté de négocier ce protocole avec l’accompagnement de l’inspection du travail de Thiès.
Toutefois, malgré la volonté mitigée de la direction générale de poursuivre les négociations sur les autres catégories de travailleurs et du respect de la conformité réglementaire des entreprises d’intérim et de sous-traitance, l’intersyndicale dénonce « Le management actuel de l’entreprise, l’absence d’organigramme clair, le manque de DRH sénégalais de métier, le manque de politique sociale adéquate (traitement salarial, politique d’habitat conséquente, quart plan pour l’encadrement, gestion des plans de carrières entre autres) ». En lieu et place de doubler la capacité de production de l’usine d’engrais de Mbao comme stipulé dans le contrat avec l’Etat du Sénégal, les travailleurs déplorent le fait que « Le Top Management ait préféré l’arrêt des installations durant des mois par manque de programmes ». Ce doublement, selon eux, permettrait de « couvrir les besoins du pays et de soumissionner pour les pays de la sous-région ».
De cet état de fait, ils appellent les députés à réclamer « l’accord signé entre l’Etat du Sénégal et INDORAMA, pour en informer l’opinion nationale et procéder à son évaluation ». L’Intersyndicale des travailleurs, consciente du rôle des ICS comme locomotive de la croissance économique du pays, invite l’Etat et les parlementaires à « un suivi particulier du respect du contrat et du management de l’entreprise dans l’intérêt supérieur de la nation et au profit de toutes les parties ». Les responsables syndicaux Cheikh Tidiane Diène et Ousmane Ndiaye pensent que « Cette attitude de veille et de contrôle de la représentation nationale éloignerait les ICS du spectre des différentes crises connues dans le passé ». Et d’en appeler au « sens des responsabilités du Président de la République pour la défense des intérêts supérieurs de la nation ».