L’ex-président comorien Ahmed Abdallah Sambi, placé en détention préventive depuis plus de quatre ans pour une affaire de corruption, sera finalement jugé pour « haute trahison » devant la Cour de sûreté de l’Etat, ont dénoncé lundi son avocat et sa famille.
L’ancien chef d’Etat (2006-2011), principal opposant de l’actuel président Azali Assoumani, était à l’origine poursuivi pour « détournement de deniers publics, corruption, faux et usage de faux » dans le scandale dit de la « citoyenneté économique », qui impliquait la vente de passeports comoriens à des apatrides des pays du Golfe.
« On nous parle aujourd’hui de haute trahison, un crime qui viendra justifier une peine plus lourde devant la Cour de sûreté de l’Etat dont les décisions ne sont pas susceptibles de recours », a dénoncé Tisslame Sambi, fille de M. Sambi, jointe au téléphone par l’AFP.
« Ce renvoi devant la Cour de sûreté de l’Etat constitue le summum de l’illégalité et de la violation des règles de la procédure ainsi que des droits de la défense », a fustigé Me Ahamada Mahamoudou.
La date du procès n’a pas été divulguée. Interrogé par l’AFP, le commissaire du gouvernement, Ali Mohamed Djounaid, a déclaré qu’il n’était « pas impossible qu’il se tienne avant la fin du mois de novembre ».
L’ordonnance de renvoi datée du 10 septembre et dont l’AFP a obtenu copie souligne que puisque « la loi n’a pas défini la haute trahison, ni fixé les peines, ni prévu la procédure, il convient de se faire une construction juridique de cette notion de haute trahison ».
Plusieurs personnalités politiques ont été inculpées dans le scandale de la « citoyenneté économique » révélé par un rapport parlementaire en 2017, dont deux anciens vice-présidents en poste entre 2011 et 2016.
Ahmed Abdallah Sambi, 64 ans, avait été placé en résidence surveillée en mai 2018 pour troubles à l’ordre public puis en détention trois mois plus tard. La durée légale de la détention provisoire dans l’archipel de l’océan Indien est de huit mois au maximum.
Les médecins recommandent depuis presque trois ans l’évacuation à l’étranger de l’ancien président, à la santé dégradée, pour des soins. Mais le régime du président Assoumani refuse d’accéder à cette requête, accusant M. Sambi de vouloir échapper à la justice.