- Il fut le premier Khalife de Seydi El Hadji Malick Sy en 1922.
- A l’image des Prophètes Mouhamad ( S.A.W)et Issa, Serigne Babacar Sy a parlé bien avant d’avoir vécu sept (07) jours sur terre.
- 65 ans après sa disparition, il est plus que jamais logé dans les cœurs et esprits de plusieurs générations de musulmans en général, de fidéles de la confrérie Tidjane en particulier.
Par une nuit, à Saint-Louis, alors qu’il était dans une chambre en compagnie de Ibnou Araby Ly, un saint de la confrérie Khadrya, Serigne Babacar fut en proie à des convulsions intenses au point d’inquieter son ami. Après avoir retrouvé ses esprits, Il se confia à Ibnou Araby Ly : »Le Tout Puissant vient de me faire connaître ses 100 noms qui renvoient à ses attributs. Il m’a demandé d’en choisir un comme viatique et j’ai choisi le nom de Bacitou « . Lorsque son interlocuteur lui demanda la signification du nom, Serigne Babacar lui répondit ceci : »Mon rayonnement sur le monde visible sera plus vivace aussi longtemps que je serais dans le monde intelligible ». 65 ans après son rappel à Dieu, Serigne Babacar Sy est plus que jamais logé dans les cœurs et esprits de plusieurs générations de fidéles de la confrérie Tidjane.
Une naissance symbolique
Le mystère qui entoure la dimension ésotérique de Serigne Babacar Sy fut percé par deux (02) lieutenants d’El Hadji Malick Sy à qui il avait chargé des faire des retraites divinatoires ( « listikhar ») sur ce qu’il adviendrait de son union avec Rokhaya Ndiaye. Après avoir effectué la mission qui leur était assignée, le moment était venu d’en décliner les contours. Serigne Malick Sarr fut le premier à communiquer les résultats de sa retraite à El Hadji Malick Sy :
« J’ai pu observer une chaine aux maillons dorés relier le ventre d’une jeune fille au ciel. Il m’a été donné de savoir que la fille en question renvoie à une certaine Rokhaya Ndiaye mais aussi que la chaine symbolise son enfant qui aura pour nom Ababacar ». Lui confia t-il. A sa suite, Amadou Barro Ndiéguène lui rapportera ce qu’il avait observé :
« J’ai vu une jeune fille du nom de Rokhaya Ndiaye. Elle aura un fils dont l’érudition et l’estime qu’il a auprès du Seigneur seront d’une grandeur telle qu’on trouverait des éléments de comparaison avec les vôtres. Il faudra cependant que tu fasses certaines prières pour la garder aussi longtemps que tu voudras car même étant dans les liens du mariage, elle ne manquera pas de faire l’objet de convoitises de personnes de toutes les races et de tous les horizons ». Bien qu’ayant mesuré la portée des informations qui lui avaient été fournies et loin de s’extasier comme le feraient certaines personnes, El Hadji Malick Sy adopta cette lucidité propre aux grands hommes jusqu’à ce que Serigne Babacar naquit une matinée de l’an 1885 au moment il terminait son fameux Taysir.
Le signe annonciateur de la grandeur spirituelle de Serigne Babacar se déclinera comme un soleil de midi. Ayant la nostalgie de son ami qu’il n’avait pas revu depuis belle lurette, El Hadji Malick Willane qui habitait la localité Médina Ndiol décida d’aller lui rendre visite à Saint-Louis. Après les salutations d’usage, El Hadji Malick lui annonça la nouvelle de la naissance de Serigne Babacar et lui recommanda d’entrer dans la chambre pour bénir le nouveau- né. Il ne fit pas trois (03) pas que ce dernier se leva brusquement pour décliner son identité : »Je m’appelle Babacar ». A l’image des Prophète Mouhammad et Issa qui ont parlé bien avant d’avoir vécu sept (07) jours, Serigne Babacar a accédé au grade de « Fardiya » qui renvoie au verset de la sourate Yaasine dans lequel Dieu dit quand il veut que quelque chose soit, il Lui suffit qu’il veut quelque chose et cela se réalise.
Son éducation
Contrairement à la plus part des enfants lorsqu’ils avaient le même âge, le jeune Ababacar faussait compagnie à ses amis à chaque fois qu’ils étaient sur le point de s’adonner aux jeux d’enfant. Il n’a non plus jamais accepté que ses compagnons posent leurs mains sur ses épaules. Il n’insultait pas plus qu’il ne tenait jamais pas des propos désobligeants. Un jour un homme qui était venu voir son père se plaignit de ses sautillements :
« Qu’il est turbulent votre enfant ». Serigne Babacar se tourna vers lui et réagit « J’ai coupé le cordon qui te liait à la voie tidjane ». Surpris et assommé par de tels propos, il fixa El Hadji Malick pour chercher un rempart après avoir promené partout son regard. Ce dernier lui fit cette recommandation : »Il faut t’excuser avant qu’il ne soit trop tard car je connais Ababacar ». Ayant réalisé que l’enfant qui venait de lui parler n’était pas comme les autres, il ne le se fit pas dire deux fois. A l’âge de la scolarisation, il fut d’abord confié à un marabout appelé Serigne (01) Malick Sarr, premier grand disciple de Seydi El Hadji Malick Sy et père de Serigne Mounirou Sarr. Il avait le privilège d’être le confident chargé de veiller sur sa famille lors de son pèlerinage à la Mecque. Il était également son gendre car il avait comme épouse Sokhna Fatoumata Sy fille ainée d’El Hadji Malick Sy. Ce qui renseigne encore sur la sincérité de la foi de Maodo qui aurait pu nourrir le complexe de supériorité pour se garder de donner sa fille en mariage à un de ses disciples.
A L’époque, les écoles coraniques étaient très peu répandues dans le pays. Et selon une tradition bien établie, les enfants étaient envoyés loin de leurs parents et auprès d’un maître coranique réputé pour son érudition et la qualité de son enseignement. C’est ainsi que El Hadji Malick confia le jeune Ababacar à son frère El hadji Mor Khoudia Sy établi à Mbirkilane. Il lui apprit l’écriture et les différentes matières de lecture du coran dont le « Tajwid »et le « Warsh ». Il dépassait de très loin ses camarades par sa rapidité de mémorisation. Tout ce qu’il apprit était comme à jamais gravé dans sa mémoire. Son oncle et maître Mor Khoudia Sy sous la direction duquel il maîtrisa le Saint Coran était tout émerveillé par son intelligence, sa finesse d’esprit et sa belle voix.
Sa carrière scientifique et littéraire
Il doit à son père sa formation scientifique et mystique car il n’a jamais voulu que quelqu’un s’interpose entre eux pour quelque raison que ce soit. Ce qui est d’autant plus vrai que lorsqu’un jour il fut confié un matin à Nah Gassama qui est le père de feu Cheikh Gassama, ex- animateur d’une émission religieuse à radio Sénégal, il partit dans l’après- midi rejoindre son père. Quand il lui demanda pourquoi il n’était pas resté, il lui fit cet aveu: »Je suis comme confondu à ta personne à telle enseigne que je ne peux admettre qu’il y’ait un intermédiaire entre nous ».
L’estime et l’amour que Seydi Ababacar Sy vouait à son père dépassaient l’ordinaire. Le fait suivant en est une parfaite illustration. On raconte qu’un jour, El Hadji Malick chargea Seydou Nourou Tall d’aller prendre Serigne Babacar pour accueillir le petit fils de Cheikh Ahmed Tidiane Chérif. Quand son ami et compagnon de tous les jours l’informa, il lui répondit qu’il ne pourrait pas y aller. Croyant qu’il n’avait pas bien entendu ce qu’il venait de lui dire, il se fit plus clair:
« Notre père El Hadji Malick veut qu’on aille ensemble accueillir le Chérif qui est en route pour Tivaouane. La réponse de Serigne Babacar ne varia pas: »Je ne peux pas y aller ». Seydou Nourou Tall qui n’en croyait pas à ses oreilles revint à la charge: »Si tu penses vraiment que tu ne t’es pas trompé, je vais aller transmettre textuellement à El Hadji Malick ta réponse ». Plus déterminé et serein que jamais , Serigne Babacar Sy reprit ce qu’il avait déjà dit:
« Va lui dire que Babacar Sy n’est pas dans les dispositions d’accueillir l’hôte « . L’intransigeance dont il avait fait montre poussa Seydou Nourou Tall à s’interroger : « L’heure est grave ! Comment peut-on refuser d’exécuter une recommandation émanant d’un Saint de la trempe d’El Hadji Malick, surtout, si cela vient de son propre fils ». Les jambes lourdes, la mine grave, il retourna sur ses pas, très contrarié de devoir dire à celui qui l’avait envoyé que sa demande avait été rejetée. Lorsqu’il le vit venir, El Hadji Malick Sy l’aborda le premier qu’il n’eut pas le temps de s’expliquer : »J’ai le pressentiment qu’Ababacar a refusé » ?, lui dit-il » Oui et comment le savez vous ? », questionna Seydou Nourou Tall.
Et le sage de Tivaouane, d’éclairer sa lanterne : »Bien qu’étant le petit fils de Cheikh Ahmed Tidiane, le Chérif qui a l’intention de venir à Tivaouane ne me reconnaît pas dans son cœur comme l’héritier légitime de son grand père sur terre. Ababacar l’a senti depuis longtemps et il n’est pas du genre à se montrer conciliant face à ceux qui sont enclins à sous estimer ce que Dieu à fait de moi ». C’est son père El Hadji Malick qui lui a appris l’interprétation du coran, le Hadith, ou traditions prophétiques, le droit musulman, l’origine du droit musulman et la biographie du Prophète(PSL). Il apprit et maîtrisa également toutes les branches de la littérature arabe dont la métrique, la grammaire, la rhétorique, la versification et la logique. Il mena toutes ses études avec beaucoup de minutie. Ce qui lui valut d’exceller en maître dans chacune de ces matières à Tivaouane.
Son éducation mystique
Selon la tradition des Soufis, la connaissance et l’observation des principes de la « charia » sont un préalable sans lequel tout aspirant à Dieu par la voie du Soufisme est exposé au manichéisme. Dans le même ordre d’idées, des études coraniques, juridiques et littéraires seraient ,sinon, peu efficientes au moins incomplètes si elles ne sont pas doublées d’une formation mystique. Le jeune Ababacar a été bien préparé pour recevoir une telle formation si l’on sait que depuis sa tendre enfance son père avait remarqué en lui des prédispositions mystiques jalousement gardées contrairement à son frère ainé Ahmadou Sy qui manifestait ses pouvoirs mystiques à loisir.
On raconte qu’un jour, au moment où il était plongé dans ses retraites, El Hadji Malick vit venir Serigne Babacar et Sidy Ahmed qui était tout en pleurs. Lorsqu’il leur demanda pourquoi il était dans cet état, Sdy Ahmed lui donna cette réponse : » Lorsque Babacar et moi étions dans la brousse, j’ai vu venir du ciel des anges qui l’ont recouvert d’un manteau de lumière et ils ne l’ont pas fait pour moi ». En guise de consolation et ayant bien décrypté le sens du message reçu de son fils, son père lui dit : « Toi, c’est moi qui vais te revetir d’un manteau ». Seydi Ababacar commença à Tivaouane sous la surveillance de Seydi El Hadji Malick Sy à recevoir ce qu’on pourrait appeler une éducation de l’âme. Pour sa a production littéraire, Seydi Ababacar Sy nous a laissé un énorme héritage littéraire d’une richesse et d’une profondeur admirable. Il était un poète confirmé composant des vers à loisir et à toutes les occasions des poèmes sur l’environnement, les préoccupations de l’heure, le thé, le lait, les plats Saint-Louisiens, etc. Un jour à la gare de Tivaouane, à l’arrivée d’un train, il composa un poème pour dire aux voyageurs de ne pas se tromper de train car celui qui venait d’arriver n’allait pas à leur destination.
Seydi Ababacar Sy était doté d’un grand esprit de synthèse car, en peu de vers, il réussit à exprimer ce qu’une autre personne aurait dit en plusieurs pages. C’est ce qui explique le caractère sibyllin de ses poèmes dont la traduction est souvent malaisée. Il y développe également des idées d’une très grande portée et pleines de significations dans un style impeccable. Dans la majeure partie de ses poèmes, il chante la gloire de Dieu, les mérites du Prophète Mouhammad (PSL), Cheikh Ahmed Tidiane Chérif et Cheikh Omar Al Foutiyou Tall. Plus d’une vingtaine dont un de 70 vers sont conçus en l’honneur du fondateur de la voie. Notons dans le même sillage, un poème de 215 vers consacrés à la biographie du Prophète Mouhamed (PSL). Il prie pour lui-même, pour Cheikh Ahmed Tidiane Chérif et pour le Prophète dont il chante les mérites, le voyage nocturne, l’ascension et tous les merveilles que lui réserva le Créateur en lui transmettant cette religion de paix, de pitié et de droiture. Il termine par une imploration de l’Unique de déverser sa bénédiction et son Salut sur l’ensemble de la famille du Prophète à ses compagnons aux élus bien guidés qui s’inclinent et se prosternent pour leur Seigneur.
Les 120 vers qui composent cette invocation sont ponctués par des versets du Coran et de Hadiths dont la pertinence du choix ne saurait laisser indifférents ses contemporains.
Ses voyages
Il se fixa d’abord à Rufisque sur ordre d’El Hadji Malcik qui y comptait de nombreux fidèles. Serigne Babacar Sy avait pour mission de représenter son père, d’enseigner le Saint Coran , le Droit musulman, et les principes de la confrérie. Aux uns, il transmettait déjà et le « wird » et bénissait les autres à nouveau. Il y reprit également sa vie mystique caractérisée par de longues retraites en brousse et dans sa chambre. Ses déplacements le menèrent aussi à Joal où il accrut le nombre de sérères ayant embrassé la religion musulmanes, la direction de son père.
La conversion à l’Islam de la plus part des habitants de la Petite Côte, ce fut lui. C’est également à Rufisque que Serigne Babacar Sy a effectué sa fameuse retraite spirituelle de mille cent onze (1111) jours à l’issue desquels il fit la rencontre de son maître Cheikh Ahmed Tidiane Chérif en chair et os. Saint-Louis : Serigne Babacar Sy, c’est un truisme que de le dire, vouait un attachement viscéral à la ville de Saint-Louis. Il avait l’Habitude de dire à haute et intelligible voix : « Je préfère un camion rempli de fidèles en provenance de Saint-Louis vers Tivaouane que 100 camions venant d’autres localités à destination de Tivaouane ». L’on raconte qu’un jour les marabouts Alioune Guèye et Mor Sassoum Diakhaté qui étaient ensemble s’interrogèrent à son sujet :
« Le fils d’El Hadji Malick dont on dit qu’il est Saint-Louis entrain de faire tourner sa canne et de s’habiller comme un aristocrate. Ce serait dommage pour la confrérie et pour nous tous qu’il n’étudie pas à l’image de son père dont il prétend être l’héritier légitime ». Déterminés à ne pas se limiter à des conjectures, ils prirent la décision d’aller le trouver pour jauger ses connaissances. Une fois à Saint-Louis, ils le matraquèrent de toutes sortes de questions auxquelles il répondit avec une précision qui dépassait de très loin leurs attentes et leur niveau que Serigne Morssassoum Diakhaté ne put se priver de chanter ses louanges « N’eût été la nature singulière de ta personnalité et l’attitude responsable et courageuse que tu as adoptée face aux défis de l’heure, les disciples d’El Hadji Malick que nous sommes seraient dans la tourmente ».
Il est important de remarquer en effet qu’il était de la nature de Seydi Ababacar Sy d’être taciturne ne s’intéressant que sur les questions qui le concernaient directement ou ayant trait à l’Islam et à la confrérie. Quelque prolixe que fut son interlocuteur, il s’en tenait à la formule : »Que Dieu te bénisse « (Tabaraka Allahou). Ce qui n’a pas manqué de retenir l’attention d’un vieux griot demeurant à Tivaouane qui exprimait toujours sa stupéfaction à propos de cette expression : »Je ne sais pas si elle signifie tu mens trop ou tu t’occupes toujours des affaires d’autrui ? ».Mais pouvait-il en être autrement.
Serigne Babacar Sy devait rester au chevet de son père dont la succession fut ouverte après sa disparition survenue le 27 juin 1922.
Accession au Kalifat
Arrivé à Tivaoune en 1922, Seydi Ababacar Sy trouva son père alité qui lui confia en substance : »Il n’y a pas de repos ici bas. Dieu t’accompagnera aussi longtemps que tu feras preuve de courage. Il semble que la tâche d’exercer le Califat te revient puisqu’après moi tu dois accomplir cette mission. J’espère bien que tu pourras l’assumer car depuis ta tendre jeunesse, j’ai remarqué en toi trois (03) qualités : le souci permanent de parfaire tes connaissances, ton attachement à la religion et un profond respect assimilable à une crainte à mon endroit.Tout ce que je regrette, c’est ta probité trop marquée vis-à-vis des autres et mon intime conviction est qu’on ne saurait jamais guider les gens en ayant cette attitude. Aussitôt après le rappel à Dieu de son père intervenu le 27 juin 1922, certaines personnalités de la cité religieuse firent appel à Serigne Babacar qui les trouva à la mosquée.
» Il faut que quelqu’un succède à ton père et nous estimons que tu n’es pas la personne la mieux indiquée en présence des compagnons de ton père et de tes oncles ici présents », lui dirent-ils. Les sages de Tivaouane soutenaient, à juste raison, l’argument selon lequel la confrérie n’est pas un patrimoine familial en rappelant la chaine de transmission successivement d’El Hadji Malick jusqu’à Cheikh Ahmed Tidiane et que même Mouhamed Ghali, successeur du fondateur de la confrérie, n’avait aucun lien de parenté avec lui dont les petits fils n’ont un quelconque droit à faire valoir au Kalifat.
En réaction à l’invite des potentiels successeurs de Maodo, Serigne Babacar leur apporta cette mise au point : «Vos suggestions sont trop tardives, les tenants de la confrérie ont fait de moi le successeur d’El Hadji Malick Sy sept (7) ans avant sa mort. Et même si j’étais issu de Lamine Fandène (I Dignitaire et propriétaire terrien sérère demeurant à Fandène, une localité située dans la région de Thiès), je serais le Khalife car c’est un décret divin irréversible devant lequel la nature humaine est impuissante », rapporte le journaliste Amary, auteur d’un livre sur le Saint Homme. Poursuivant son propos, il se fit beaucoup intransigeant : » En réalité, Il n’y a que deux (02) grandes chaises disponibles présentement, à savoir, celle du Khalifat et celle du disciple. Pour la première nommée, j’y suis ,déjà , assis. Pour la deuxième chaise, vous feriez mieux d’y s’asseoir de gré avant que je ne vous y fasse asseoir de force « . Une crainte révérencielle sincère envers son créateur. « Qui craint Dieu est craint par les êtres », a-t-on l’habitude de dire.
Serigne Babacar Sy est le symbole vivant de cette vérité de par les actes de foi qu’il a posés durant son existence. Les 2 anecdotes suivants le démontrent. L’invitation du gouverneur Corny Gentil : »Un jour, Serigne Babacar fut convié par le gouverneur Corny Gentil qui lui proposa les services de la France, en ces termes : »Le gouvernement français m’a chargé de vous demander pourquoi vous déclinez toujours les invitations qu’il vous adresse. Vous ignorez sans doute que votre présence rehausse les cérémonies et réconforte la France qui vous demande de bien vouloir honorer de votre présence les rencontres qu’elle aura à organiser. Nous voudrions enfin connaître votre vœu le plus cher pour le réaliser à votre entière satisfaction. En réaction à cette invite, Khalifa Aboubacar leur administra cette réponse: » A propos des invitations, je ne pourrais pas les honorer compte tenu de mon âge et de mes responsabilités. Il faudra songer à inviter les plus jeunes. En ce qui concerne mes vœux les plus chers, la France ne saurait les réaliser seul Dieu peut les concrétiser pour l’honneur d’El Hadji Malick Sy.
Et à ce moment précis le meilleur service que vous pouvez me rendre est de mettre fin à cette discussion pour je puisse m’acquitter de la prière de 17h « . Serigne Babacar Sy aurait bien pu nourrir un complexe d’infériorité pour se gaver des mets et boissons qui ornaient la table en face de laquelle il avait pris place ou encore se garder d’exprimer son souhait d’aller prier. Mais forte de la détermination qui est aussi la marque des hommes de Dieu, il ne s’est pas embarrassé de considérations protocolaires pour se libérer afin d’effectuer un des 5 piliers essentiels de la religion. Dieu n’a-t-il pas recommandé dans son livre saint.
Les beignets de maman Astou Kane
Généralement, les relations qui unissent les grands pères à leurs petits fils sont empreintes d’un amour réciproque à nulle autre pareille. Celles qui existaient entre Serigne Babacar Sy et ses petits-fils ne faisaient pas exception à la règle. Comme en atteste le fait suivant : « A l’image des dames d’un certain âge qui sont la plus part du temps enclines à avoir une occupation pour se dégourdir et retarder la phase tant redoutée de la vieillesse, Sokhna Astou Kane consacrait une partie de son temps à la vente des beignets très prisés par les enfants du quartier.
Une après-midi, alors qu’il était tranquillement assis entrain d’égrener son chapelet. Le petit Mansour qui est le fils ainé de Cheikh Tidiane Sy Al Makhtome vint vers lui pour lui faire part d’un besoin pressant : « Grand-père, je voudrais que vous ouvriez le couvercle pour me voler des beignets ». Lui dit-il avec insistance en désignant par l’auriculaire le bol de beignets soigneusement gardé dans un coin de la chambre. Serigne Babacar sourit de son sourire légendaire non sans lui chuchoter d’une manière affective et docile : »Ah! mon petit fils, tu me demandes de faire ce que je n’ai jamais fait de ma vie ». Il le prit par le bras et partit retrouver son épouse pour plaider la cause du petit fils : »Les deux (02) mendiants que nous sommes voudraient que tu leur donnes en aumône des beignets », sollicita -t-il à la grande surprise de Sokhna Astou Kane qui n’en crut pas à ses oreilles », révèle toujours le journaliste Amary Guèye.
Les prières toujours exaucées d’un ami de Dieu
Comme nous l’apprend feu Mbaye Dondé Mbaye dans une des chansons qu’il lui a dédiées, il n’existe pas un être qui porte Seydi Ababacar Sy dans son cœur, de façon sincère, sans avoir eu à communier avec lui et recueillir le flux de lumière qui l’habite. Les faits qui suivent en sont une parfaite illustration.
Le prisonnier de guerre : on était en pleine guerre mondiale, El Hadji Doudou Diop Yagui Niane qui habitait la rue Carnot et d’autres militaires sénégalais s’étaient faits prisonniers. Les dirigeants de l’armée française décidèrent de les éliminer pour s’en débarrasser. Chaque jour, un prisonnier devrait être exécuté. Lorsque vint le tour du disciple de Serigne Babacar Sy qu’il était, Il ouvrit son calepin pour en extraire la petite photo de son guide et lui parla : »Comme les autres prisonniers, je serais tué demain. Ce qui ne m’empêchera pas de vous réitérer ma fidélité. Que je sois mort ou vivant, çà ne changera rien à l’allégeance que je t’ai faite. Du fait de la grande distance entre là où je suis et Tivaouane, je ne peux que vous dire au revoir à travers ton image « . Après avoir fait ses adieux. Il attendit tranquillement dans sa cellule son tour de passer à la guillotine lorsqu’un sommeil profond et inhabituel le surprit. En rêve, il vit son maitre qui était accompagné de son père El Hadji Malick Sy.
Ils le sortirent de la cellule et lui demandèrent de les suivre. Parvenus en un lieu désert, Serigne Babacar me dit « Rentres chez toi au Sénégal avec une fermeté effroyable », a-t-il narré. Quand le moment tant redouté arriva. Un gradé se présenta à lui pour lui faire part de la décision qui était prise en son encontre : »Toi, tu ne seras pas tué mais tu vas rentrer au Sénégal. C’est dans ton propre pays que tu seras sanctionné « . Le lendemain, ils embarquèrent à bord d’un bateau pour Dakar. Dans le navire l’officier français chargé de le surveiller comme de l’huile sur le feu ne cessait de lui faire des remontrances » Sale nègre, une fois à Dakar, tu verras de quel bois je me chauffe ». « Sale raciste quand nous serons à Dakar, tu sauras qui est Babacar Sy », répliqua -t-il.
Alors que le bateau n’était pas loin d’accoster, un télégramme en provenance de Paris ordonna que le surveillant retourne manu militari dans son pays. Il fut menotté aussitôt tandis celui qu’il était chargé de surveiller avait fini de débarquer pour rallier Tivaouane. Arrivé dans la ville sainte en un moment de bénédiction des milliers de disciples par Serigne Babacar, tout le monde le regarda du fait de l’attrait de la tenue militaire qu’il portait.
Après avoir longuement attendu devant la porte du salon la sortie d’une délégation qui s’entretenait avec le Khalife, il fit son entrée dans le salon. Lorsqu’il serra la main de Serigne Babacar Sy, ce dernier le salua par son nom. Quand il voulut lui raconter la situation qu’il a vécue, le Khalife le fixa du regard avant de lui faire une mise en garde : » Il ne faut jamais causer du tort à vos semblables mais quiconque vous touche aura affaire à moi « . « Ne savez vous pas que si je n’avais pas des égards pour mon père El Hadji Malick, je ferais parler mes photos « . Le fait qui va suivre atteste que, comme il le disait lui-même, Serigne Babacar n’est assez connu que par celui qui l’a chargé de la mission de veiller sur sa progéniture terrestre et céleste.
Le pèlerinage à la Mecque
Au nombre des vœux les plus chers à un musulman, il y’a certainement le pèlerinage à la Mecque. Ayant fait des pieds et des mains pour accomplir le 3ème pilier de l’Islam, un individu qui était hanté par le souci de faire admettre ses droits à la retraite sans l’effectuer se confia à un de ses amis qui lui suggéra d’aller à Tivaouane pour en parler à Serigne Babacar Sy. « Qu’est ce que ce marabout peut bien faire pour quelqu’un qui désire aller à la Mecque ? » s’interrogea t-il.
« Faisons au moins l’effort d’y aller et tu verras toi-même ce qu’il peut faire », lui répondit celui qui devait l’amener dans la ville sainte. Une fois à Tivaounae et après avoir décliné le but de leur visite, le saint homme fit une courte prière agrémentée d’un (S’il plait à Dieu) » Incha Allah » prononcé avec emphase/insistance. Sur le chemin du retour, le prétendant au pèlerinage commença à rouspéter : »Je croyais que Serigne Babacar allait me donner le billet mais…
Une si simple et courte prière ne valait vraiment pas la peine de faire le déplacement jusqu’à Tivaouane « . Le lendemain,quant il se présenta à son lieu de travail, le Directeur Général l’appela pour lui faire cette notification: « On a offert au service un billet pour le pèlerinage à la Mecque et après avoir longuement discuté l’administration et le personnel ont convenu, au lieu de le tirer au sort, on a retenu le critère de l’ancienneté. Comme tu es le plus âgé des employés, tu es le bénéficiaire.
Les rapports avec ses contemporains
Les exemples avec son frère Serigne Abdou Aziz et El Hadji Tidjane Niang de Saint-Louis. Les rapports qui existaient entre Serigne Babacrar Sy et son demi-frère El Hadji Abdoul Aziz Sy dépassaient de très loin le cadre familial et étaient plus qu’exemplaires. Etabli à Saint-Louis, il venait de temps en temps rendre visite à son père à Tivaouane. Un jour, au moment il s’apprêtait à retourner, le petit Abdoul Aziz se sentit trop seul et ne put s’empêcher de verser des larmes. La fibre paternelle d’El Hadji Malick Sy se remua qu’il dut faire cette recommandation à Serigne Babacar : « Amène- le avec toi jusqu’à la gare et si possible fais semblant de le monter dans le train pour le consoler. Avant qu’il ne prenne le départ, fais le raccompagner par une personne qui pourrait l’amener jusqu’à la maison « .
L’Amour qu’El Hadji Abdoul Aziz Dabakh vouait à son frère n’a d’égal que cet aveu qu’il a fait à haute et intelligible voix : » Sur une balance, l’amour que j’ai envers Serigne Babacar pèserait mille fois beaucoup plus lourd que celui que lui voue tous les autres sénégalais réunis « . Un jour alors qu’il se promenait tranquillement dans les rues de Tivaouane, il entendit la voix de Mbaye Dondé entonner une chanson : « O toi le Khalife de Maodo, je t’ai demandé et tu m’as assuré que tu es le garant de la stabilité du pays, celle du pouvoir et de la religion « .
Arrivé chez lui, Serigne Abdou Aziz Sy l’appela et lui dit de reprendre de vive voix ce qu’il avait dit. Lorsque Mbaye Dondé s’exécuta, il fit ce commentaire : « Je ne suis pas sur que Serigne Bababacar Sy soit, comme tu le dis, le garant de la stabilité du pays, du pouvoir et de la religion. Ce que je peux certifier par contre, c’est que depuis qu’il nous a quittés, ni le pays ni le pouvoir encore moins la religion ne connaissent la stabilité « . Les signes avant coureurs du Califat qu’il qu’El Hadji Abdou Aziz Sy Dabakh a hérité au mois de mars de l’an 1957 lui ont été rapportés par Serigne Babacar Sy bien avant qu’il n’y accède : »Lorsque vous étiez petit notre père El Hadji Malick te dorlotait en te disant Oh toi mon fils préféré sache que lorsque la voie et la religion seront dans une zone de turbulence, tu es celui qui aura la redoutable mission de les y sortir. La tache ne sera pas facile, mais, tu y parviendras ».
Appelé par le Khalife lui-même, Il se heurta à un des chambellans qui lui interdit l’accès et lui intima l’ordre de faire le rang comme tout le monde. Lorsque ceux qui l’avaient reconnu comme frère de Serigne Babacar voulurent s’en prendre à celui qui filtrait les entrées, Serigne Abdou fit preuve d’une humilité qui laissa pantois ceux qui avaient assisté à la scène : « Laissez-moi, comme il le souhaite, faire le rang. Peut être que c’est cette posture qui me permettra de recueillir le flux de lumière qui habite mon grand frère et marabout « .
Rappel à Dieu de Serigne Babacar Sy le 25 Mars 1957
Le renoncement de soi pour la survie et le salut des autres .
De son vivant, Seydi Ababacar Sy avait l’habitude de s’adresser à ses proches en exhibant son chapelet : « Je vivrai autant d’années que le nombre de perles qui composent cet objet de comptage « . Qu’est ce qui a donc fait qu’il ait été rappelé à Dieu avant d’avoir vécu cent (100) ans sur terre ? Cette question qui ne souffre d’aucune impertinence trouve sa réponse dans les explications de Khalifa Badiane. Témoin de l’histoire, il a vécu les derniers instants de Serigne Babacar nous a en dit plus. « Au moment où, dans son salon de la maison dénommée Ndiassane, Serigne Babacar soutenait qu’il vivrait 100 ans, j’étais présent. En plus d’avoir crée un grand vide autour de ma personne, son décès à l’âge de 72 ans m’avait beaucoup affecté. Ne voulant pas être dans une confusion et un doute perpétuels, je pris la décision d’aller rencontrer les 3 personnes à qui il avait confié la mission de faire des prieres pour qu’il quittât ce bas monde. Il s’agissait de son fils Serigne Mansour Sy, de Cheikh Tidiane Kane et de Amadou Cissé, le père de l’actuel khalife de pire. Après avoir rencontré les 2 premières qui m’ont dit la même chose longuement réfléchi, je pris la décision de renoncer à vouloir le rencontrer la 3e personne ».
Il faut rappeler que l’option prise par Serigne Babacar Sy d’affronter la mort ne relevait pas d’un hasard. En effet, bien qu’étant le dépositaire du Khalifat, pourtant authentifié, du Tout-Puissant dans les mondes visible et intelligible et reconnu comme tel par des dignitaires de la voie épris de bonne foi et doués d’intelligence, Serigne Babacar ne faisait pas l’unanimité. Il n’en n’avait pas la prétention, étant entendu que le meilleur des prophètes n’avait pas cette faveur, si c’en est une. A défaut de pouvoir accepter où d’avoir une attitude de retenue par rapport au décret divin qui avait de Serigne Babacar ce qu’il fut, des personnes ont cru devoir pactiser avec le diable pour le médire d’une manière gratuite. Rongées par les maladies de la jalousie et du clanisme, bon nombre de ses pourfendeurs mourraient comme des mouches s’ils ne tombaient dans la déchéance physique et morale. Serigne Babacar Sy ne pouvait pas cautionner pour longtemps que les esprits retors qui dorment en lui punissent ses ennemis d’une manière aussi avilissante sortit de ses gongs pour faire une déclaration de taille : « Mon existence sur terre ne vaut pas la perte d’autant de vies humaines. Il vaut mieux que je m’en aille pour accueillir ceux que je vais précéder dans l’au-delà « .
Dans la matinée du lundi 25 mars 1957 à 08h 10/30mn et suite à une infection pulmonaire chronique, Khalifa Ababacar Sy rendit l’âme dans sa demeure dénommée Kaolack, plus précisément dans la chambre de son épouse Astou Kane et devant des témoins oculaires que sont ses fils Mansour Sy, Cheikh Tidiane Sy, Abdou Aziz Sy.
Au sein de la famille, la tristesse et la consternation étaient à leur comble. Serigne Abdou Aziz Sy Al amine craqua et s’étendit, de tout son long, sous le lit tandis que Mansour Sy se recroquevilla dans un coin. Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy qui avait encore de la sérénité à revendre dissipa sa mélancolie née de sa subite solitude dans le chewing gum qu’il ne cessait de mâcher de façon saccadée. Comme pour conforter davantage les justifications de l’acte posé par son père avec la fameuse prière, il lui adressa la parole pour plaider une cause :
« Ceux qui t’ont mis en colère au point de vous pousser à quitter ce bas monde savent pertinemment que tu es le saint de ton époque. Ils connaissent parfaitement et mesurent à leur juste valeur les faveurs que le Tout-Puissant t’a accordées mais pour l’amour de Dieu et de ton Maître qui est mon homonyme, pardonnes-les leurs fautes ». Présent au lieu où devait s’effectuer le bain mortuaire, El Hadji Ousmane Kane qui est le grand frère de la deuxième épouse de Serigne Babacar Sy fut prié de ne pas y participer sous prétexte qu’il était son gendre. Un tel argument sera vite réfuté par Cheikh Tidiane Sy qui convoqua l’histoire du Sceau des Prophètes pour y extraire un cas d’école afin de trancher :
« Alioune est le gendre du Prophète Mouhammad, ce qui ne l’a pas empêché de faire partie de ceux qui l’ont fait le bain mortuaire. Ne perdons pas en conjectures car le temps presse « . L’on transporta le corps vers sa dernière demeure. Sur ordre de son beau frère, El Hadji Ousmane Kane, ceux qui étaient chargés de creuser la tombe avancèrent de quelques mètres par rapport à l’emplacement initialement retenu car, en bon visionnaire, il leur fit savoir que très probablement, une route et une mosquée seraient érigées au même endroit. A l’image du corps qu’ils transportaient, ceux qui tenaient la civière n’étaient plus de ce monde pour avoir perdu leurs sensations. Au nombre des personnalités religieuses qui entouraient la sépulture du saint homme, on peut noter, Serigne Chaybatou Fall, Serigne Alioune Guèye, Serigne Alpha Thiombane de Mont Rolland, Serigne Samba Ngotty Lo, Serigne Moussa Niang, Serigne Cheikh Alioune Camara et bien d’autres encore.Serigne Cheikh Tidiane Sy déchira le silence de cathédrale qui enveloppait l’atmosphère en s’écriant :
« Je ne vois pas comment ce trou si étroit pourrait accomplir la redoutable mission d’engloutir toute une mer ! ». Lorsqu’il demanda aux compagnons de son défunt père d’ensevelir le corps qui était déjà mis sous terre, personne n’osa le couvrir de sable. C’est ainsi que Serigne Mansour et lui-même s’acquittèrent de cette tache O combien difficile. Au moment les dernières pelletées commençaient inexorablement à couvrir les parties du linceul blanc qui enveloppait le corps, ils ne purent s’empêcher de verser des larmes. Serigne Cheikh Tidiane Sy signa un pacte d’outre-tombe avec son père : » L’usure du temps ne te rendra jamais vieille à mes yeux et à partir d’aujourd’hui et jusqu’à ce que je te rejoigne, aucun être ne sera jamais suffisamment valeureux, pieux et achevé pour que je lui fasse allégeance « . L’enterrement effectué, les fils de Serigne Babacar s’enlacèrent et retournèrent au domicile familial. L’Epreuve de la perte subite d’un père qui leur vouait un amour paternel hors du commun avait fini de les rapprocher plus que jamais.
Sur place, ils trouvèrent un monde fou. La présentation de condoléances dura jusqu’aux environs de 3h du matin. C’est à cette heure précise de la nuit que Serigne Babacar Sy sortait de sa chambre pour enseigner ses illustres fils une des branches de la voie. Serigne Cheikh. Ahmed Tidjane Sy et Serigne. Mansour Sy qui s’étaient enfermés dans le salon, quelques instants plutôt, lorgnaient la chambre de leur père en ayant l’espoir que, d’un moment à l’autre, il fera son apparition habituelle. Au bout de quelques instants, ils se plièrent à la triste réalité : Serigne Babacar ne viendra plus jamais, du moins au sens exotérique, pour les initier au domaine mentionné plus haut. Ils étaient comme pétrifiés et absents des lieux. Serigne Cheikh Tidiane Sy qui n’arrêtait pas de se caresser le coude en guise d’antidote ne sentit plus rien. A cet instant précis et comme si on avait fait appel à lui pour consoler les fils éplorés du défunt guide religieux, Bassirou Thioune sortit de nulle part pour rassurer :
« Celui que vous pleurez n’est pas parti. Il est quelque part entrain de nous observer. Et si on faisait allégeance à ses héritiers. Soyons leur fidèles, chantons sa gloire et ne nous lassons jamais d’aller à Tivaoune.Tels sont les conseils qu’il n’a jamais cessé de nous prodiguer « . Cette chanson déclamée avec force dissipa leur attendrissement et leur restitua le sens de la réalité qu’ils avaient perdu depuis un bon moment.
Ibrahima NGOM Damel