- Il fit allégeance à Serigne Touba à l’âge de 09 ans.
*Il quitta très tôt le « Daara » de son père Serigne Amadou dit Serigne Beyti Ndongo Dior Amar à Sine, près de Dièmoul (Cayor) pour le rejoindre à Diourbel.
*Grand voyageur, il effectua plusieurs fois le pèlerinage à la Mecque et visita bon nombre de capitales africaines.
- Il était ami des autorités administratives dont le Président Diouf, Babacar Ndiaye (BAD) et Jacques Diouf (FAO).
- Son rêve à Médine, au mausolée du Prophète, qui a précédé sa disparition, cette même année.
Serigne Ibnou Amar (Ibnoul Harabi) est né en 1909/1910 à Sine, un village fondé par son père et qui se trouve à 4 Km de Diémoul (département de Tivaouane, arrondissement de Niakhène), un autre foyer religieux ardent crée par ses aïeux, non loin de Ndiarné. Son père Serigne Amadou dit Serigne Beyti Ndongo Dior Amar fut un grand soufi issu de la lignée des Ansars (compagnons d’exil du Prophète Muhammad (S.AW)). Sa mère Sokhna Faty Fall, très tôt ravie de l’affection des siens, était de la grande famille royale du Cayor.
Il quitta très tôt le « Daara » de son père pour aller faire allégeance à Serigne Touba
Serigne Ibnou Amar a intégré, dès sa plus tendre enfance, le « Daara » de son père Serigne Amadou dit Serigne Beyti Ndongo Dior Amar : »Il se distinguait par une grande intelligence et des qualités humaines si rares. Un jour, le pater demanda aux pensionnaires de son école de venir faire allégeance. Ce que le jeune Ibnou refusa. Il a alors signifié son père qu’il est un talibé de Serigne Touba Khadimou Rassoul alors qu’il ne l’a jamais vu. Alors, on lui faisait vivre des tracas de toutes sortes en le privant certains privilèges pour avoir une idée sur le degrés de sa foi en Borom Touba. Un jour, une de ses sœurs du nom de Mame Sokhna (une des épouses du Cheikh) l’avait alors amené chez le Fondateur du Mouridisme qui lui dit: »Comment je peux être ton guide alors tu ne m’as jamais vu? Qu’est ce que tu as besoin ? Et il répondit: »Rien sinon être seulement votre talibé jusqu’à l’éternité. »C’est ainsi qu’il resta auprès du Cheikh alors qu’il n’avait même pas 10 ans », nous convie Serigne Ahmadou Amar, un des fils du Saint homme.
Une des trois dernières personnes à avoir vu Serigne Touba avant son rappel à Dieu en 1927
Serigne Ibnou Amar jouissait d’une grande réputation auprès de Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul. C’est lui même qui a su parfaire son éducation. Il avait une place de choix dans le cercle restreint du Cheikh. Il était aussi son confident. Selon Serigne Souhaïbou Amar Ibn Serigne Moustapha Amar (Premier Khalife de Serigne Ibnou Amar) : »Serigne Ibnou Amar était très bien considéré par Serigne Touba. Il était un talibé très dévoué qui ne menageait aucun effort pour servir la Communauté. Il fait partie des trois dernières personnes qui ont vu Serigne Touba avant son rappel à Dieu en 1927. Cela en dit long sur sa relation privilégiée bien qu’étant très jeune », lance son petit-fils Serigne Souhaïbou Amar.
Homme de développement, il fonda des villages et s’adonna à l’agriculture
Serigne Ibnou Amar a été un homme de son époque. Il a fondé des villages et autres « Daaras ».On peut citer, entre autres, Darou Salam Mbodjène, Sam Yabal. Il avait également des exploitations agricoles comme « Tollou Ndiarème »( les champs de Ndiarème, l’autre nom historique de Diourbel).Tous les produits issus de ses récoltes (arachide, niébé, mil) étaient vendus pour contribuer aux grands travaux de la Communauté mouride. Diawrine Abdourahmane Ndao, conférencier et hagiographe de la famille, d’aller plus loin: »Il avait des « Darras » à l’intérieur du Sénégal mais avait aussi des maisons à Mbacké,Touba (Darou Khoudoss) . Il était un vrai acteur de développement qui a beaucoup aidé les villages de Sine et de Dièmoul à se doter d’infrastructures de base (école, poste de santé, forages, routes, accès au téléphone,etc.) Il prônait beaucoup d’ initiatives relatives à l’agriculture comme le maraîchage. Jusqu’à 1984, il ne cessait d’aider les populations à s’autonomiser sur le plan économique « , rapporte-il.
Ses relations avec la famille de Borom Touba, avec Mame Cheikh Ibra Fall et Serigne Modou Massamba Diop
Serigne Ibnou Amar était l’ami de tout le monde. Il avait des relations solides avec la famille du Cheikh. Le premier Khalife des Mourides Serigne Modou Moustapha Mbacké avait beaucoup d’estime en lui et reconnaissait les hautes valeurs qui le distinguait. Serigne Fallou Mbacké, lui-même, avait fait le déplacement pour le trouver à Darou Salam Mbodjène. Le 2ème Khalife Général des Mourides a réhabilité une vieille histoire en lui donnait un verre de thé en rappel à celui que son illustre père lui avait donné à Diourbel sous les ordres du Prophète Muhammad ( S.A.W). Idem pour Serigne Bassirou Mbacké, Serigne Bara Mbacké, Serigne Abdoulahi Mbacké Borom » Deurbi », Serigne Abdou Lahat (3ème Khalife Général des Mourides qui le recevait chaque mois du Gamou en visite-ganalé dans son propre domicile pendant 8 jours), Serigne Abdou Khadre Mbacké pour ne citer que ceux-là. Mame Cheikh Ibrahima Fall était aussu très proche de lui. Lorsqu’il amenait son « adya » et ne trouvait pas le Cheikh, il le confia à Serigne Ibnou par ce qu’il savait qu’il était entre de bonnes mains. Tant il joue le rôle d’interface entre lui et Serigne Touba. Ses relations avec la famille de Cheikh Massamba Diop Sam étaient connues presque de tous. D’ailleurs, Serigne Modou Massamba Diop initiait un grand » Ganalé annuel « (journée de réjouissance) à son honneur. Ses relations sont toujours perpétuées par les deux familles respectives », a fait savoir Serigne Souhaïbou Amar.
Ses prévisions au Président Abdou Diouf et à Babacar Ndiaye de la BAD
Avec le Président Abdou Diouf, Serigne Ibnou entretenait des relations exceptionnelles. Alors jeune gouverneur de la région du Sine Saloum (Kaolack) , il a fait le déplacement jusque dans son bureau. En discutant, il lui prévenait: »Tu quitteras ce poste de gouverneur un jour mais, c’est toi qui vas nommer celui qui sera là ». Quelques années après, il a connu une ascension fulgurante en devenant Président de la République du Sénégal. Il avait de très bonnes entrées chez lui, au Palais de la République et n’avait pas besoin d’audience . Cela a été plusieurs fois confirmé par M. Talla Cissé, alors Directeur de Cabinet du Président Diouf. Pour l’autre cas, Babacar Ndiaye de la Banque Africaine de Développement (BAD). Ce dernier qui accompagnait un ami un jour chez Serigne Ibnou Amae avait reçu des prières. Il disait à Babacar Ndiaye : »A la BAD, tu vas avoir 3 mandats alors que la règle était de deux seulement. Il ne croyait pas au dire du marabout. Un jour, Abdou l’avait appelé pour lui dire au terme de son 2ème mandat: » Tu vas continuer à diriger cette institution bancaire par ce que nous avons des problèmes internes au sein de la Communauté. Il faut que tu continues à assurer ces charges », nous confie Serigne Souhaïbou Amar.
Son rêve à Médine, au mausolée du Prophète qui a précédé son rappel à Dieu
Serigne Ibnou Amar était un grand voyageur. Il avait cultivait d’intenses relations au niveau de plusieurs pays d’Afrique (Cameroun, Nigeria, notamment), d’Europe et d’Asie. Amoureux du Prophète Muhammad (S.A.W) comme son serviteur Cheikh Ahmadou Bamba, il effectua plusieurs fois la « Oumra » et le pèlerinage aux Lieux Saints de l’Islam. Une année, alors qu’il priait devant le mausolée de la Meilleure des Créatures, il s’endormit. Il voyait alors en rêve le Prophète Muhammad (S.A.W) qui lui dit: »Tu es un homme pur, un vrai combattant de la foi islamique. Si ce n’était votre grand guide Cheikh Ahmadou Bamba, tu ne rentrerais pas. Tu vas rester,ici, à mes côtés ». Rentré au Sénégal, Serigne Ibnou resta quelques mois avant de rendre l’âme cette même année.
Né un vendredi, disparu un vendredi
Serigne Ibnou Amar aimait les jours de vendredi. Le secret est tout simple: il était né un jour du vendredi saint et était décédé ce même jour. Ses grands projets, il les débutait les vendredi. Il avait une relation fusionelle avec ce seigneur des jours. Après un parcours exceptionnel, il a rendu l’âme le vendredi 08 Juillet 1988 à Touba. Il a été enterré au cimetière de la capitale du Mouridisme en laissant toute la Communauté mouride dans l’émoi. Son fils aîné Serigne Moustapha Amar fut son premier Khalife (1988-2003). Son actuel Khalife est Serigne Khadim Amar. Que Dieu lui accorde une longue vie et une santé de fer. Amin.
Ibrahima NGOM Damel