A Mboro, les accidents mortels impliquant les gros porteurs constituent un véritable drame social. Une insécurité inquiétante qui a mobilisé durant le week-end, plusieurs acteurs de la localité.
Avec ses 310 ha pour 50 mille habitants, Mboro étouffe et croule sous le poids de la densité du trafic. Ceinturée de toutes parts par la commune rurale de Darou Khoudoss et disposant d’une seule et unique route qui assure tout le trafic de la zone des Niayes, Mboro, zone minière et maraîchère par excellence, est en danger. La commune enregistre beaucoup d’accidents souvent mortels dus à la grande affluence des gros porteurs.
Une situation «inquiétante» qui a poussé la plateforme citoyenne Mboro Sos, avec son partenaire Naturel justice, à organiser un forum sur la problématique du trafic urbain qui a mobilisé, ce week-end, l’ensemble des acteurs de la localité, les autorités locales et administratives et des représentants des industries extractives de la zone. Selon Fossary Ndiaye, coordonnateur des projets à Mboro Sos, «le problème du trafic routier, surtout lié au passage des gros porteurs, est réel. Le rythme est de 500 camions par jour transportant des produits chimiques, du béton, du charbon et de produits maraîchers. Et le tout passe sur l’unique axe routier de la commune». Ce qui, aux yeux de M. Ndiaye, est la cause des nombreux accidents mortels. «En deux ans, 4 accidents mortels ont été enregistrés sur cette unique voie, causés par les gros porteurs.» En plus de ces chocs mortels, «il y a le déversement du soufre, d’acide et de jus fluo tout le temps». En clair : «Nous souffrons beaucoup à cause de la fréquentation des gros porteurs des entreprises extractives implantées dans la zone.» Ce n’est pas tout : «Il y a l’envahissement de l’espace public par les stationnements irréguliers. Ce qui crée des bouchons interminables et au quotidien comme si nous étions à Dakar.»
Circulation des gros porteurs
Ainsi Sos Mboro demande la réhabilitation de la seule voie de la commune très dégradée. Et la construction d’une route de contournement pour les gros porteurs. «Dans la convention minière, qui lie les entreprises minières et l’Etat, ces industries ont le devoir de trouver une voie de contournement si la situation l’exige.» A sa suite, Gorgui Kâ, responsable de la communauté environnement de Naturel justice de Mboro, qui accompagne le plaidoyer, pense qu’au-delà de la situation du trafic urbain à Mboro «assez alarmante avec un passage très intense des camions», il y a aussi «le comportement des usagers de la route». L’adjoint au sous-préfet de Méouane, qui a présidé la rencontre, ne dit pas moins.
Selon Cheikh Tidiane Sow, «Mboro dispose d’une route mal en point». En plus, «il n’y a aucune sécurité sur la seule voie, avec des stationnements anarchiques». Egalement, «l’unique axe routier a le malheur d’abriter en même temps, le marché de Mboro qui est pratiquement installé sur la route donc très fréquenté, donnant ainsi un beau monde qui converge au quotidien vers un lieu exigu». Et il pense que cette situation mérite une solution avant qu’une catastrophe ne se produise à Mboro. «La route est trop fréquentée et très dégradée», dit-il, en demandant «aller à l’action». «Mboro c’est comme une banane enfoncé dans la bouche de Darou Khoudoss. C’est donc un problème qui implique les deux communes. Il faut une intercommunalité pour trouver une solution à ce problème», plaide l’autorité administrative.
Souvent indexées par les populations, les Industries chimiques du Sénégal (Ics), à travers son représentant, Bamar Sow, précise : «Il y a nuance tout le temps. Il y a dans cette zone 15 carrières. Donc la plupart du temps ce ne sont pas les camions des Ics qui sont impliqués dans des accidents. Mais comme notre entreprise a bon dos, quand il y a un problème avec un camion, on dit que ce sont les Ics. Parce que, pour les populations, tous les camions de ces carrières viennent des Ics. Et toutes les fois où on a indexé les camions des Ics, on a vu, par la suite, que c’était un prestataire indépendant qui n’a rien à voir avec les Ics. C’est ça le problème.» M. Sow pense donc que «les populations gagneraient à connaître les propriétaires des camions». Surtout que, estime-t-il, «les statistiques et Pv de rapport d’accidents de la brigade de Mboro prouvent le contraire». Saluant l’initiative de Mboro Sos et de son partenaire, Bamar Sow pense que le problème du trafic «doit être réglé à la racine».
Il explique : «90% des problèmes que nous rencontrons avec nos camions se passent à Mboro. Alors que ce sont des produits que nous transportons de Dakar à Mboro sans problème.» Pour lui, «le problème se situe à Mboro. Il y a une croissance démographique. Mboro est devenue aujourd’hui une très grande ville et que par conséquent, les autorités locales doivent pouvoir diagnostiquer tous les maux de cette commune à travers cet atelier». Il a terminé pour assurer toute la disponibilité des Ics pour trouver une solution. «Nous sommes de tout cœur pour la construction d’une voie de contournement et nous ne ménagerons aucun effort afin que ce projet soit réalisé», enchaîne-t-il.