Les élections législatives occupent toujours le centre de discussion au Sénégal. Quatre jours après ces joutes électorales, c’est toujours la polémique autour des résultats. Sur les réseaux sociaux, les commentaires vont bon train. L’inter coalition Yewwi-Wallu crie, à qui veut l’entendre, qu’elle a gagné ces élections haut la main. Du côté de Benno Bokk Yakaar, admettre une défaite cuisante n’est pas encore envisageable. Mimi Touré et ses acolytes récusent les résultats qui circulent sur internet et écartent déjà toute idée de cohabitation. Mais cette élection a permis à Yewwi de donner une leçon politique aux marabouts de Macky Sall
Le président Macky Sall est esseulé de jour en jour. Les premières tendances des législatives prouvent que le chef de l’Etat est très mal entouré. Tous les ministres, directeurs généraux et conseillers sur qui il comptait, ont été laminés par l’opposition. Les transhumants qu’il avait recrutés et ceux qui sont venus en renfort ont aussi été battus. Dans ce lot de perdants figurent deux marabouts-politiciens. Malgré leur forte popularité et le monde fou qui gravite autour d’eux, ils n’ont pas pu repousser les assauts de Yewwi et Wallu.
En effet, Serigne Modou Kara Mbacké et Serigne Mansour Sy Djamil avaient décidé de soutenir le locataire du Palais. Le guide de la révolution pacifique et leader du parti de la vérité pour le développement (PVD) a battu campagne pour Benno. Et si Kara a décidé volontairement de soutenir le chef de l’Etat, tel n’est pas le cas pour le leader de Bess Du Niak. Membre de la coalition Yewwi Askan Wi, il a décidé de lâcher ces « amis » à quelques jours des législatives. Il avait même invité les sénégalais à voter pour la mouvance présidentielle. Mais son appel n’a pas été suivi au vu des résultats dans sa base.
Les membres de Bess Du Niak ont été les premiers à tourner le dos à Serigne Mansour Sy Djamil. Beaucoup ont décidé de continuer de cheminer avec Yewwi contrairement à la direction prise par le marabout. En théorisant un troisième mandat pour le chef de l’Etat, Kara s’est attiré la foudre des sénégalais. Beaucoup de personnes s’en sont ouvertement pris au guide de la révolution pacifique.
Mansour Sy Djamil s’était positionné comme un opposant radical au régime du Président de la République. Jusqu’à la publication des listes des investitures de la coalition Yewwi Askan wi aux élections législatives, il considérait que le régime actuel est un accident de l’histoire, il prône la mal gouvernance, l’impunité, le népotisme. C’est cet homme qui est venu travailler avec Macky Sall. Maintenant que les résultats commencent à tomber, il devient une équation au cœur de Yewwi. Avec les tendances actuelles, il est fort possible que des membres de son parti, investis sur la liste de YAW, deviennent des députés. D’où les interrogations de beaucoup de sénégalais sur la posture qu’il va adopter.
Cette volte-face de dernière minute a été fatale aux deux marabouts qui ont perdu le soutien de leurs « talibés » (disciples). Ces derniers ont même entraîné dans leur chute, Macky Sall. Contrairement à la coalition Yewwi Askan Wi qui a un « puissant » marabout qui la soutient. Artisan de la coalition Yewwi Askan Wi, Serigne Moustapha Sy est devenu une personne incontournable au sein de cette coalition. Son parti (Parti de l’Unité pour le Rassemblement), est l’une des principales locomotives qui conduisent YAW.
Contrairement aux marabouts de Macky, les Moustarchidines obéissent au doigt et à l’œil à leur guide. Comme aux législatives, ils ont été très présents dans la campagne de Yewwi aux législatives. Une présence qui est payante car cette coalition sera fortement représentée à l’Assemblée nationale…
Ces résultats prouvent clairement que les consignes de vote sont devenues obsolètes dans la politique moderne. Et Yewwi Askan Wi en est la cause. Avec des leaders comme Ousmane Sonko, cette coalition a réussi à creuser un fossé entre les marabouts et leurs disciples. Yewwi sonne ainsi la fin du mythe des marabouts-politiciens.
Aliou Niakaar Ngom pour Xibaaru