Le poids des images sera lourd à porter. Ce qui s’est passé sur les grillages de la colonie espagnole de Melilla est une ignominie que les Forces de l’ordre marocaines devront assumer, ainsi que ceux qui leur auront donné l’ordre de traiter ainsi des êtres humains. Et c’est une nouvelle humiliation pour tous les politiciens africains qui, par leur silence, contribuent à tuer encore plus atrocement leurs compatriotes massacrés par les sujets du Roi Mohammed VI. Quand on pense qu’il n’y a guère, ce sont ces Marocains qui voulaient adhérer à la Cedeao. Pour mieux nous asservir chez nous, sans doute ?
C’est une image apocalyptique : plus de de 2 mille migrants, originaires d’Afrique subsaharienne, tentent de pénétrer à Melilla, au Nord du Maroc. Si 130 sont parvenus à entrer dans l’enclave espagnole, de nombreuses personnes sont tuées : au moins 24. Et sans oublier plusieurs blessés lors de cet assaut. L’Organisation internationale pour les migrations (Oim) et le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (Hcr) ont réagi conjointement pour exprimer «leurs plus vives inquiétudes» et rappeler la nécessité «en toutes circonstances de prioriser la sécurité des migrants et des réfugiés» et «l’importance de trouver des solutions durables pour les personnes en situation de déplacement».
«Nous insistons sur l’ouverture d’une enquête approfondie pour élucider toutes les circonstances de ce drame», demande Omar Naji, chargé du dossier des migrants au sein de l’Association marocaine des droits de l’Homme (Amdh). Si le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a dénoncé, lors d’une conférence de presse, un «assaut (…) violent et organisé de la part de mafias qui se livrent au trafic d’êtres humains, contre une ville qui est un territoire espagnol» et une «attaque contre l’intégrité territoriale de notre pays», a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse à Madrid, aucune voix africaine autorisée ne s’est encore levée pour dénoncer ce drame.
Pour l’instant, cette affaire a suscité presque une indifférence totale dans les capitales africaines. «Nous regrettons encore le silence assourdissant des autorités africaines qui devraient immédiatement diligenter une conférence à l’échelle du continent pour une meilleure prise en charge de sa jeunesse, une richesse devenue fardeau», déplore Boubacar Sèye. Alors que les défenseurs de migrants, qui parlent de «massacre», dénoncent la violence utilisée par la police espagnole et celle marocaine pour repousser la tentative de près de 2000 migrants, qui ont tenté de pénétrer de force vendredi matin dans l’enclave espagnole. Les policiers ont utilisé du matériel anti-émeute et ont lancé des gaz lacrymogènes en direction du groupe. «Nous avons entendu des coups de feu», explique à InfoMigrants un Soudanais qui vit à Melilla depuis plusieurs semaines. «Les forces de sécurité des deux côtés ont battu les migrants avec des matraques», ajoute le jeune homme.
Sénégalais parmi les victimes ? Appel à la prudence
En tout cas, l’identité des personnes tuées n’est pas encore totalement connue. Si la plupart seraient des Soudanais et Erythréens, le président de l’Ong Horizon sans frontières soutient que «des migrants sénégalais seraient parmi les victimes et nous reviendrons avec plus de détails». Evidemment, le conditionnel est de mise. Car le secrétariat d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur refuse de donner «des infos hâtives». Il ne confirme pas la présence de Sénégalais sur la liste des victimes et invite à la prudence. Pour l’instant, le Consulat du Sénégal à Casablanca est en train de suivre l’évolution de la situation.