La Galerie Art Monie est née de la passion de Simone Turpin Stempflé pour le savoir-faire artisanal et la restauration de meubles coloniaux. L’ambition : promouvoir l’artisanat africain en mettant en avant des pièces réalisées par des artisans venus de l’Afrique centrale, de l’Est, de l’Ouest et du Sud.
Par E. Massiga FAYE
L’harmonie dans sa plus noble expression. En franchissant le seuil de la porte d’entrée de la Galerie-boutique Art Monie, le visiteur baigne dans l’univers d’une Afrique plurielle avec des créations d’une rare singularité. Cette console originale en tronc de bois incrustée d’un mélange de peinture « souwere » et de Wax donne le ton. Art Monie existe depuis novembre 2009. Monie est le petit nom de Simone Turpin Stempflé –sa fondatrice et Directrice, et c’est presque l’anagramme de Simone. Par ailleurs, Mme Stempflé a aussi voulu faire un jeu de mot en lui donnant la consonance de « harmonie. »
La balade se déroule à petits pas sur un tapis en sisal. En promenant son regard, le visiteur tombe sur des poupées Awoulaba en bronze ou en bois. Par moments, on est tenté de se poser dans un fauteuil Dagobert. Le décor est sublime : pied de lampe « arbre du voyageur » en fer frappé, coussin de sol en velours de kasaï, abat-jour fleur de mariage en wax, table basse en tronc d’arbre. Bienvenue dans l’univers d’Art Monie où tous les articles sont réalisés par d’ingénieux artisans africains. La mise en bouche se poursuit autour du café. On se délecte devant ce coffret de tasses à café et de théières. Quid de ces miroirs incrustés dans du bois pour sublimer votre intérieur. Simple ou avec des fixés « souwére », horizontal ou vertical, c’est selon votre goût. Ce sont des pièces uniques.
La Galerie Art Monie est née de la passion de Simone Turpin Stempflé pour le savoir-faire artisanal et la restauration de meubles coloniaux.
Art Monie ambitionne de promouvoir l’artisanat africain en mettant en avant des pièces réalisées par des artisans venus de l’Afrique centrale, de l’Est, de l’Ouest et du Sud. On y trouve des objets de décoration, des meubles, des accessoires de table, entre autres. L’art de la récupération n’est pas en reste. Tout en capsules. Plateaux, dessous de plats, miroirs, dérouleur de papier, pots à crayons…. Dans cet espace dédié à l’art et à l’artisanat, l’Afrique de l’Est rencontre l’Afrique de l’Ouest. Masques, Massaï, bols, œufs d’autruches en perles et d’autres trésors s’y côtoient dans une élégante pluralité.
Dans la boutique-galerie, on trouve aussi des plateaux, couverts à salades, cendriers, statuettes en bois, mais c’est surtout la récupération réalisée par un artisan congolais qui s’est établi depuis très longtemps au Sénégal. Il travaillait pour Enda et après il a pu voler de ses propres ailes. Le leitmotiv, explique Simone Turpin Stempflé, c’est de faire travailler les artisans, de promouvoir le « Made in Senegal » et ensuite le « Made in Africa », montrer qu’on peut être aussi ingénieux que les Européens et faire plein de choses sorties tout droit de nos terroirs. Pour les produits phares, la petite pirogue trône majestueusement. « Quand on vient au Sénégal, c’est la pirogue, le car rapide. Cela fait partie de notre identité. Il y a des artisans qui se sont spécialisés dans la fabrication des cars rapides et des pirogues », se réjouit la Directrice de la Galerie Art Monie.
FONCTIONNALITÉ ET ESTHÉTIQUE
Dans le rayon des accessoires, porte stylos, boite à bijoux, coffrets, boite à thé, occupent une bonne place. « C’est très difficile d’avoir des cadeaux pour les hommes. Il faut trouver quelque chose d’original », opine Mme Stempflé. Celle-ci insiste beaucoup sur la finition en alliant fonctionnalité et esthétique. « Il faut aller dans les moindres détails, car les détails font la différence », estime la galeriste.
Dans le cadre de ses activités, elle expose deux fois par an en Côte d’Ivoire, à l’hôtel Ivoire qui l’invite chaque année. « Ils aiment beaucoup parce que c’est un artisanat différent. On fait des échanges entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire. J’amène de l’artisanat. Je veux que ça reste africain, parce qu’on a de belles choses en Afrique », souligne Mme Stempflé. Selon la galeriste, ce n’est pas la peine d’aller voir chez les voisins. « Nous avons le savoir-faire. Il y a des choses que nos artisans ne peuvent pas faire parce qu’ils n’ont pas les bonnes machines ni les appareils qu’il faut pour les finitions », remarque-t-elle. S’ils sont bien formés et disposent de machines, avance la galeriste, ils peuvent réaliser des merveilles. En témoigne la collection Touareg qui sublime des femmes africaines avec des assiettes peintes. « On essaie de s’adapter, de mettre au goût du jour cette créativité tout en gardant l’esprit africain », défend la fondatrice de Art Monie. Son crédo : « On veut que ce soit local, quelque chose du terroir, d’original, fait par nos artisans ». Un bel ancrage qui vivifie le patrimoine.
Simone Turpin Stempfle, fondatrice et directrice : Une passion pour l’artisanat d’art africain
C’est une passion née lorsqu’elle a quitté le Sénégal en 1991 pour s’installer en Egypte avec son époux. Sur place, Simone Turpin Stempflé a découvert tout cet art réalisé autour du papyrus. La future galeriste a commencé à s’intéresser à cela. En parallèle, sa sœur aînée, Thérèse Turpin Diatta, tient une Galerie à Dakar (Kemboury). Elle y allait souvent. Mme Stempflé y a pris le virus. Avec beaucoup de modestie, Mme Diatta confie qu’elle était juste une accompagnatrice. « On est une famille plus ou moins d’artistes. Simone a sa propre inspiration. Elle a une relation particulière avec ses objets », note la Directrice de la Galerie Kemboury. Sur ce registre, les deux sœurs entretiennent une relation très fusionnelle.
Au fur et à mesure de ses déplacements successifs avec son conjoint après l’Egypte, la Tanzanie, le Kenya, Simone a pris goût des objets de décoration de ces pays notamment en Tanzanie. Le dialogue des cultures entre le Sénégal et ces pays s’est vite établi. En 2009, l’époux de Simone a été réaffecté au Sénégal. Avec leurs enfants scolarisés au lycée Jean Mermoz, Simone Turpin Stempflé a eu l’idée d’ouvrir une boutique-galerie à Ouakam pas trop loin du domicile familial au Point E. « Je me suis dite il faut faire découvrir aux Sénégalais l’art africain d’ailleurs », confie la fondatrice de Art Monie. Avec des créations d’inspiration locale, dit-elle, on peut faire toute sa décoration sans importer. Une obsession habite Mme Stempflé : celle de faire rayonner l’art sénégalais, africain. « Le savoir-faire de nos artisans doit être valorisé », avance la galeriste pour qui c’est une manière de leur permettre de vivre pleinement de leur art.