La sciatalgie, plus connue sous l’appellation maladie du nerf sciatique, prend de l’ampleur au Sénégal. Pis, cette pathologie peut être handicapante car laissant dans la plupart des cas des séquelles telles que les difficultés de mobilité. Heureusement que bon nombre de malades s’en sortent si le traitement médical est précoce. Mais le constat est unanime : les patients font le tour des hôpitaux et consultent aussi des tradipratiens.
Dossier réalisé par Abdou DIOP
Sidy Diouf, un homme de petite taille, n’est plus en possession de toutes ses forces. Depuis trois ans, il éprouve des difficultés à se déplacer. Lorsqu’il avait commencé à sentir des douleurs, il n’y avait accordé aucune importance. Des jours, des semaines et puis des mois passent sans que la douleur bénigne ne disparaisse. Des mois plus tard, il commence à sentir des maux atroces à la cuisse et aux mollets. Il se rend alors à l’hôpital de Pikine où il a subi un traitement de pointe avec les médecins chinois. Ces derniers utilisent des aiguilles reliées à un ordinateur qu’ils appliquent sur certaines parties de son corps. Malgré ces interventions, il n’a pas retrouvé son état de santé. « J’ai dépensé beaucoup d’argent sans que mes douleurs ne s’atténuent. Je passais tout le temps à me coucher, car le moindre effort me faisait souffrir énormément », se plaint Sidy Diouf.
Depuis lors, il a fait le tour de plusieurs structures sanitaires en quête d’un traitement efficace. Actuellement, il est traité par un kinésithérapeute. « C’est avec lui que j’ai pu sentir une nette amélioration. Je vais me contenter des séances de massage qui sont certes chères, mais elles me paraissent plus efficaces », se résigne-t-il.
Âgé d’une trentaine d’années, Malick Nguer souffre également de la sciatalgie. C’est suite à une chute qu’il a commencé à sentir d’abord des douleurs. Ensuite il a eu des problèmes de mobilité. Au fil des jours, il a constaté que la douleur s’accentue. Actuellement, il se déplace à l’aide d’une canne. « À l’hôpital, le médecin m’a injecté une piqûre et, à ma grande surprise, la douleur s’est intensifiée », raconte le patient. Lors du rendez-vous qui a suivi cette piqûre, il a interpelé le médecin en ces termes : « Est-ce qu’il n’y a pas une erreur dans l’administration de la dose d’injection ? ». Une interrogation à laquelle le médecin a répondu par la négative. Il lui a, de ce fait, conseillé de s’armer de courage et de respecter le traitement. Heureusement, quelques jours plus tard, la douleur a disparu progressivement. À ce stade, Malick Nguer n’a plus besoin d’utiliser une canne pour se mouvoir. Lui aussi a dépensé une fortune pour se faire soigner. « J’ignore le montant global que j’ai dépensé, mais c’est beaucoup d’argent en tous cas », a-t-il insisté.
Les jeunes aussi touchés
Chauffeur de camion âgé de 35 ans, Djiby Fall fait aussi partie de ces jeunes qui souffrent de sciatalgie. Seulement, sa peine n’a pas duré trop longtemps. « Je suis guéri de la maladie du nerf sciatique il n’y a pas longtemps. Du moins je crois être guéri car je ne ressens plus de douleur », a-t-il confié. Au début, il ressentait des douleurs sur ses côtes. Puis, la douleur a touché sa jambe. « Je suis allé à la pharmacie, ensuite à l’hôpital, mais les médicaments que le médecin me prescrivait ne faisaient que calmer les douleurs. Car, à chaque fois que je restais une semaine sans en prendre, les douleurs revenaient », a expliqué le patient qui était inquiet. Il a alors sollicité les services d’un masseur qualifié jusqu’à une récente période. Après trois séances, sa souffrance s’est atténuée. C’est suite à cela que les séances ont été espacées. « J’avoue que c’est grâce à ces séances que je me suis débarrassé des douleurs », a-t-il affirmé.
Contrairement à certains, tout a débuté brusquement chez Pape Diène. Il a senti des douleurs atroces aux reins et au niveau des deux jambes. « Je ne pouvais pas marcher dix mètres sans me reposer. Contrairement aux autres, je n’ai pas une seule fois été à l’hôpital pour me faire soigner », a-t-il partagé. Un jour, par hasard, il tombe sur une foule devant un masseur traditionnel qui avait établi ses quartiers à Diamaguène. Et, comme d’autres clients trouvés sur place, il décide de requérir les services du masseur. Au cours de la consultation, le masseur a touché quelque part au-dessus de sa ceinture. Immédiatement, Pape Diène a sauté sous l’effet de la douleur. « Le masseur m’a fait savoir que je souffre de la maladie qui affecte le nerf sciatique. Il m’a dit que le traitement va nécessiter dix séances. J’ai accepté. Mais, au bout de sept séances, je n’ai plus ressenti de douleur. J’ai arrêté en pensant que je suis guéri », a-t-il partagé.
Abdou DIOP
Les personnes âgées plus touchées
Un constat : la sciatalgie ou maladie du nerf sciatique affecte plus le troisième âge. Le septuagénaire Mamadou Dieng, couturier depuis 45 ans, n’y a pas échappé. Il se souvient que lorsque le médecin lui a fait savoir que la position assise prolongée provoque la maladie du nerf sciatique, il a vite compris la cause de sa souffrance. « J’ai vécu avec cette maladie depuis plusieurs années. J’avais un atelier de couture à la Médina. Mais, j’ai définitivement quitté Dakar. Je vis actuellement à Touba avec ma famille », a-t-il informé, soulignant que ce n’est que pour honorer ses rendez-vous médicaux qu’il vient à Dakar. Le temps de rencontrer son médecin pour une consultation. Il repart aussitôt après pour Touba. « À cause de ma maladie, je suis obligé, en marchant sur une distance de trois cents mètres seulement, de m’asseoir à trois reprises avant d’arriver à destination », a-t-il témoigné. Depuis son diagnostic, il a évalué ses dépenses à plus d’un million de FCfa. « Maintenant, en désespoir de cause, j’allie le traitement médical moderne et celui traditionnel », a-t-il indiqué.
Des soins dans 5 hôpitaux
Modou Gaye, un ancien émigré établi à Thiaroye Gare, se remet de sa souffrance. C’est en Italie qu’il a commencé à ressentir des douleurs à sa jambe gauche. Le matin, en allant prendre le bus, ce sont ses jeunes voisins qui l’aidaient à monter à bord. Les douleurs se sont ensuite intensifiées. « Je me suis fait traiter dans cinq structures hospitalières sans succès. C’est à partir de ce moment que j’ai décidé de revenir au Sénégal. Les uns me disaient que je suis victime de « Ndoxu Siti » (une maladie de la peau), les autres pensaient que je souffrais de la sciatalgie (maladie du nerf sciatique) », s’est-il remémoré. Les effets limités de la prise en charge médicale l’ont poussé à recourir aux tradipraticiens. Par la suite, il a fait à nouveau confiance à la médecine moderne en se rend à l’hôpital Fann et à Principal. Rien que dans ce dernier établissement, il a dépensé 260.000 FCfa. Ensuite, quelqu’un l’a recommandé à un agent de santé qui officiait au camp militaire de Thiaroye. « Il m’a réclamé 150.000 FCfa pour 25 séances de massage à raison de 6.000 FCfa par séance. Après 20 séances, le résultat était nul. Tout récemment, j’ai fait la connaissance d’un masseur professionnel. C’est grâce au traitement que celui-ci me donne que j’ai retrouvé ma santé. Aujourd’hui, je suis en mesure de courir comme un lapin », s’est réjoui Modou Gaye.
« Le Soleil »