La BADEA, institution de financement du développement détenue par des pays arabes et intervenant essentiellement sur l’Afrique subsaharienne, a renforcé son principal outil d’action, à savoir ses fonds propres.
Le conseil des gouverneurs de la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA), a validé l’augmentation de son capital autorisé, le portant de 4,2 milliards $ à 20 milliards $. « Cette augmentation place la base de fonds propres et la structure globale du capital de la banque au même niveau que d’autres banques multilatérales de développement très bien notées », a commenté l’institution dans un communiqué lu par l’Agence Ecofin. 10 milliards $ de capitaux sont désormais souscrits, même si seulement 5 milliards $ sont effectivement versés.
Cette évolution permet à l’institution de renforcer ses fonds propres, et de poursuivre durablement avec une stratégie qui lui a permis jusqu’ici, de ne jamais recourir à des emprunts pour mettre en œuvre ses différents programmes. Pour son huitième plan quinquennal en cours d’exécution, elle prévoit en effet de porter son encours de crédits de placement sur les titres publics à 50% de la valeur totale de ses actifs, contre 37% à la fin de l’année 2020, période pour laquelle ses performances financières sont disponibles.
Bien que la totalité de ses actionnaires sont les pays arabes, la BADEA intervient essentiellement en Afrique subsaharienne, en droite ligne avec le principe de solidarité qui avait conduit à sa création, après les fortunes générées par les pays arabes grâce aux retombées des hydrocarbures. Son modèle économique repose sur l’offre de produits et services, ainsi que sur des prêts qui sont accordés avec entre 25 et 35 ans de délai de remboursement et des taux d’intérêts de 1% à 2% maximum.
Cette approche lui a permis de bâtir un portefeuille de prêts très diversifié. Toutefois le bénéfice de la BADEA est aussi le fait de la gestion de ses importants actifs sous la forme de titres publics dont les marges nettes sont généralement plus importantes que ses besoins de dépenses en cash. A la fin 2020, cette stratégie lui a permis de se retrouver avec des réserves de près de 929 millions $.
L’institution, pour la première fois, a fait l’objet d’une notation par Moody’s qui lui a assigné sa troisième note la plus élevée sur les risques de défaut à long terme (Aa2). Mais l’agence de notation a précisé qu’il n’est pas certain que la BADEA arrivera sur le marché des capitaux pour lever des fonds. Toutefois, la solidité qu’elle affiche renforce l’effet de levier qu’elle induit au profit des pays bénéficiant de ses financements.
Depuis sa création en 1975 jusqu’en 2020, la banque de développement a apporté 22,8 milliards $ à ses clients, dont 5,4 milliards $ sur fonds propres. La totalité des pays d’Afrique subsaharienne bénéficient de ses engagements, à l’exception de l’Afrique du sud. Le Burkina-Faso, le Sénégal, l’Ethiopie, le Mozambique et la Tanzanie, cumulaient ensemble 27% de ses engagements à la fin 2020.