Nombreux sont ceux qui souhaitent se faire consulter à l’hôpital Abdoul Cissé Kane des Agnam, commune située dans le département de Matam. La proximité et la qualité des prestations justifient, selon les témoignages recueillis, un tel comportement.
MATAM – Depuis que l’hôpital Abdoul Cissé Kane des Agnam a ouvert ses portes, en juin 2021, les populations préfèrent s’y rendre pour se procurer des soins au détriment des hôpitaux de Matam ou d’Ourossogui qui sont à plus de 70 km de la commune des Agnam. De ce fait, on constate une grande affluence des malades dans cet établissement public de santé de niveau 1. Une incursion dans ce nouvel hôpital nous a permis de savoir les réelles motivations des patients. Un homme d’une trentaine d’années, positionné à l’entrée de l’hôpital, sert de guide aux malades et à leurs accompagnants. Une fois à l’intérieur, ces derniers attendent patiemment leur tour. Ce lundi 28 février 2022, il y a du monde dans ce nouvel établissement sanitaire. Le président des hémodialysés de l’hôpital Abdoul Cissé Kane, un ancien adjudant-chef de police à la retraite, habitant à Diaba Lidoube, un village de la commune de Mbolo Birane dans le département de Podor, fait partie du lot des patients.
Atteint d’une insuffisance rénale, ce sexagénaire loue d’abord la qualité du service des agents de la structure. Malgré son état de santé chancelant, on perçoit l’enthousiasme et la bonne humeur sur son visage. « J’ai fait 2 ans et 7 mois dans les hôpitaux et cliniques de Dakar », dit-il. Par la suite, il a eu la chance d’avoir une place à l’hôpital régional de Matam. « Je peux dire que je suis le premier inscrit en hémodialysé », précise-t-il. « Avant l’ouverture de l’hôpital des Agnam, je parcourais plus de 120 km pour effectuer mes deux séances mensuelles », souligne le patient. Selon lui, la proximité de cette structure sanitaire est un avantage parce qu’il dépensait beaucoup d’argent quand il se rendait à Matam. « Je suis vraiment satisfait du travail du personnel de santé », apprécie l’adjudant-chef à la retraite, assurant qu’il se sent beaucoup mieux depuis qu’il a entamé ses soins dans cet hôpital.
Service satisfaisant
Assis sur une chaise roulante, Djiby Samba Bolo a été récemment victime d’un accident qui a occasionné la fracture de la jambe droite. Ce jeune homme, de taille élancée, à peine 20 ans, est natif de Loumbal Balaji dans la commune de Oréfondé. « Nul besoin maintenant d’aller à Ourossogui ou ailleurs pour se faire soigner », se réjouit-il. Selon lui, le personnel de l’hôpital des Agnam offre un service satisfaisant et à moindre coût. Haby Thiam, habitante de Tiguéré Yéné (un village de la commune de Nabadji), est au bout de ses forces après avoir accompagné son mari enseignant malade. Elle ne sait plus à quel saint se vouer car elle a fait le tour des structures sanitaires de la région pour l’hospitalisation de son époux qui souffre d’une insuffisance rénale. « Mon mari faisait ses examens de routine à l’hôpital de Matam. Mais lorsque son état s’est aggravé, je l’ai évacué d’urgence à Dakar », indique-t-elle. Quand son mari a commencé à reprendre ses forces, ajoute-t-elle, ils sont rentrés, mais le néphrologue n’a même pas daigné le prendre en charge. Par la suite, ils se sont rendus à l’hôpital Abdoul Cissé Kane pour que son époux puisse effectuer ses séances d’hémodialyse. « Ici, le néphrologue est très attentionné à l’égard des patients », confie-t-elle. Toutefois, elle souhaite que son mari ait une place à l’hôpital régional de Matam, distant de quelques kilomètres de son village, parce qu’elle n’a pas les moyens de payer les frais de transport qui sont très coûteux.
Accessibilité
Sur le hall d’entrée de l’hôpital, Farmata Yéro Anne, de teint noir, attend patiemment les résultats de ses examens cliniques. Elle est originaire du village de Kobilo (commune de Dabia), distant d’Agnam d’une vingtaine de kilomètres. Après son diagnostic qui a révélé qu’elle souffrait d’un fibrome, elle devait subir une opération. « Au départ, j’allais à Ourossogui », dit-elle. Mais elle a trouvé que la distance était longue. Il s’y ajoute les frais médicaux très onéreux. C’est fort de ce constat qu’elle a préféré l’hôpital Abdoul Cissé Kane des Agnam. « C’est tout proche, explique-t-elle, la prise en charge n’est pas également trop chère ». Non loin d’elle, une femme voilée, qui a préféré taire son identité, se tord de douleur. Elle a mal aux dents. « Je n’ai pas fermé l’œil la nuit dernière », avoue-t-elle. C’est pourquoi, elle est venue d’urgence pour se faire consulter. Heureusement, souligne-t-elle, l’hôpital n’est pas loin de chez moi. « Si je devais prendre un car pour aller à Matam ou Ourossogui, je ne sais même pas quand est-ce que je serai arrivée », fait-elle savoir. Selon les populations, cette infrastructure sanitaire est venue à son heure parce qu’il n’y en avait pas qui répondait aux besoins sanitaires des populations de la zone.
L’hôpital d’Ourossogui se trouve à plus de 70 km, il faut parfois passer la nuit à la belle étoile pour avoir la chance d’être pris en charge à cause de la pléthore de patients qui viennent de partout.