Il y a plus de 2 mille écoles élémentaires qui n’ont pas accès à l’eau, plongeant des milliers d’enfants dans une situation embarrassante. Avec le 9ème Forum mondial de l’eau en cours à Dakar, les autorités sont interpellées.
Par Ousmane SOW – Avec la tenue du Forum de l’eau à Dakar, les questions existentielles liées à son accès refont surface. A l’école, elle est un intrant essentiel dans les enseignements-apprentissages, mais il reste encore à faire pour satisfaire les élèves. Cheikh Mbow souligne la gravité de la situation : «Nous avons toujours cru, même avant l’avènement du Covid, qu’une école, ce n’est pas uniquement un enseignant, la craie et le tableau, mais surtout son environnement. Le Covid-19 est venu nous confirmer que sans eau, nous pouvons être agressés par des crises sanitaires, mais aussi sans eau, nous ne pouvons pas avoir des performances. Voilà ce qui fait qu’aujourd’hui, il était important qu’on puisse aller dans cette campagne pour que toutes nos écoles soient sécurisées, mais aussi assainies.»
Le Directeur exécutif de la Cosydep intervenait lors d’un panel sur le thème : «Education, eau et assainissement» ce mercredi au Cices, où se tient un sommet parallèle initié par la mairie de Dakar. Et le constat qu’il fait montre les défis à relever pour baigner l’école dans un environnement sain et fréquenté par des enfants. «Une école sur trois a des difficultés en termes de blocs sanitaires. Mais aussi concernant l’eau, seuls 40% des écoles disposent d’eau potable. Il est donc essentiel que l’on puisse aller davantage dans le sens de protéger l’environnement des apprentissages, de protéger les enfants qui constituent un tiers de la population sénégalaise. Si vous prenez les talibés, les élèves dans les écoles classiques, les étudiants, ils font plus de 6 millions. Ils sont les plus fragiles, ils ont besoin de protection. Cette protection, c’est justement la disponibilité en eau potable, mais aussi par rapport à l’hygiène et la santé», note M. Mbow. Que faire pour changer la situation ? «Nous comptons élaborer un rapport à l’issue de ce panel que nous allons transmettre à l’autorité. Nous pensons qu’il est urgent que nous puissions montrer que nous avons suffisamment entendu le Covid-19, que nous avons suffisamment compris que l’enseignement, c’est l’environnement des apprentissages, sans quoi les performances ne seront pas améliorées. Les filles en période de puberté ont encore plus besoin d’eau pour leur hygiène personnelle. Elles ont donc besoin d’eau par rapport au bloc sanitaire», explique le patron de la Cosydep.
Paiement des factures
Par ailleurs, il présente une situation disparite des besoins. «En termes de zones géographiques, nous avons constaté par les données, qu’il y a une demande forte dans le Nord, à Saint-Louis, à l’Est, avec Tambacounda et Kédougou, au Sud, avec Sédhiou et Kolda. Mais aussi au niveau de Louga. C’est une question qu’il faut adresser de manière globale parce qu’elle traverse le Sénégal», poursuit-il. Mais, il y a aussi la lancinante question du paiement des factures, qui crée souvent des conflits dans les établissements. «Nous pensons que les collectivités territoriales ont un rôle important en termes de paiement des factures d’eau. Vous vous rappelez les écoles qui ont connu une crise avec des parents qui étaient en conflit avec l’administration, les élèves qui étaient en grève parce que les factures n’avaient pas été payées. Nous espérons que les nouveaux élus vont accorder une attention particulière au paiement des factures d’eau mais aussi à l’accompagnement des écoles pour disposer d’eau», prie Cheikh Mbow.
En écho, Matthias Lansard, chef du programme Education à l’Unicef, poursuit une lecture très triste de la situation dans les écoles. Il dit : «On a une situation qui doit interpeller au Sénégal dans la mesure où il y a plus de 2000 écoles élémentaires qui n’ont pas accès à l’eau, avec des fractures assez importantes entre le milieu rural et celui urbain. On arrive à une situation où l’accès à l’eau est une option alors que ça ne devrait pas être le cas. Les responsabilités sont à différents niveaux, à commencer par les pouvoirs publics», poursuit le fonctionnaire onusien.
Malgré la gravité de la situation, des solutions existent. «Il y a des systèmes mis en place dans un certain nombre de pays, qui consistent à transporter l’eau dans les citernes pour alimenter les écoles. Ça peut se faire à travers un partenariat public privé. Dans les établissements scolaires, il faut aussi clarifier les choses. On se renvoie la balle : est-ce que ce sont les collectivités territoriales, est-ce que c’est l’Etat, est-ce que ce sont les directeurs d’école, est-ce que ce sont les parents d’élèves. Je pense qu’on doit revenir aux principes fondamentaux.»