Ferveur et dévotion sont au rendez-vous à Médina Gounass, terre du « Daaka », retraite spirituelle qui se tient du 5 au 15 mars 2022. Cette terre de spiritualité témoigne déjà de l’ardeur dévote des fidèles.
VELINGARA – Médina Gounass (département de Vélingara, région de Kolda) se pare de ses plus beaux atours. Rues et ruelles nettoyées, coins et recoins dégagés, « zikrs », versets coraniques distillés un peu partout…, la cité religieuse charme et répand son parfum de « sainteté » sur les fidèles. Médina Gounass respire sa foi en Dieu. Chapelet en mains, pantalon bouffant, marche rapide, Ousmane Sall range soigneusement ses bagages dans un sac en fil plastique grandement ouvert. Il donne l’air pressé mais y va avec tact pour ne rien oublier puisque, souligne-t-il, ce samedi 5 mars 2022, il devrait rallier au soir le site du « Daaka » aménagé plus loin, à l’extrême droite, à une dizaine de kilomètres du centre-ville. Ousmane Sall est empli de joie. « Je m’apprête pour ne pas être pris au dépourvu. Je suis un enfant de Médina Gounass, un commerçant au marché central de la commune. J’assiste au « Daaka » depuis ma plus tendre enfance. Et chaque année, l’évènement religieux accueille beaucoup plus de monde », confie-t-il. Plus de ferveur. Plus de dévotion…
Cette année, les pèlerins ont très tôt pris d’assaut Médina Gounass. À moins de quelques heures de son « Daaka », retraite spirituelle organisée chaque année, la cité religieuse est pleine comme un œuf. L’édition 2022 mobilise des milliers de fidèles venus des quatre coins du Sénégal et d’ailleurs. Et plus les années passent, plus le « Daaka » prend une nouvelle dimension, une nouvelle allure. Et quel bel aspect ! En plus des pèlerins venus fortifier leur foi, des hommes d’affaires y viennent faire fortune. C’est cette image ripolinée du rendez-vous spirituel qui donne un cachet particulier au « Daaka ».
Venu de la République de Guinée, Abdoulaye Tall, homme au phrasé civilisé, a laissé négoce et enfants pour participer au « Daaka ». Pour lui, Gounass est la Médine (en référence à la ville mecquoise) du Sénégal. « Des gens viennent d’Europe, des Etats-Unis et même d’Asie pour y assister. C’est une occasion à ne surtout pas rater pour nous les fidèles. Cette retraite spirituelle nous rapproche de notre Créateur et nous détourne des mondanités », lance-t-il, en partance vers le centre-ville de Gounass, où il devrait rencontrer des amis venus du Gabon pour assister à cette communion.
Foi inébranlable
Ce vendredi-là, jour de prière et de recueillement, la grande mosquée de feu El Hadji Mouhamad Saïdou Bâ, fondateur de la cité de Gounass et initiateur du « Daaka », déverse son trop plein de monde dans les rues adjacentes au muret du lieu de culte. Certains adeptes jouent au plus rusé pour éviter la bousculade monstre. Les haut-parleurs tonnent fort. Le soleil étale ses fins rayons sur le cuir chevelu. La canicule dicte sa loi. Médina Gounass étouffe mais respire la ferveur tidiane. « Quelle que soit la température qui prévaut, on vient participer au « Daaka ». Ce n’est pas une question de moyens, mais une affaire de croyance. La foi n’a pas de prix et elle ne vit que de fortification spirituelle. Le « Daaka » est un moyen d’adorer Dieu », dit, entre deux souffles, Mamadou Bâ. Ce Gambien a, lui, quitté sa résidence de Bassé pour venir à Médina Gounass assister à cet événement religieux, sous une tente de fortune, la foi inébranlable.
À l’instar des autres années, les pèlerins vont prendre d’assaut le vaste espace aménagé en pleine brousse, à quelques 10 kilomètres de Médina Gounass commune. C’est dans cet espace « sans limites » que les fidèles vont communier avec le divin. Certains, chapelet en main, feront des « wirds » à gogo. D’autres liront le livre saint, le Coran, dans son intégralité. Ce moment de symbiose et d’intimité entre l’humain et le divin a poussé des milliers de personnes à fouler le sol béni de Médina Gounass. Une cité devenue célèbre grâce à son rendez-vous religieux annuel. Une rencontre que ne rate presque jamais Daouda Sow. Natif d’Orkédiéré dans le Fouta des profondeurs, ce berger peul, debout sur ses 50 ans, vit et respire le « Daaka ». « Tant que je vis et me porte en bonne santé, je viendrais au « Daaka ». Même si je dois me déplacer avec des béquilles, je ne raterais pour rien au monde ce rendez-vous. Le sens de la vie, c’est adorer Dieu », assure-t-il.
Les 10 jours de retraite spirituelle sont destinés à rapprocher les hommes de leur Créateur, par le biais des « zikrs », « wirds » et lecture du Coran. Cette édition 2022 du « Daaka » se tient du 05 au 15 mars 2022 sur le sol de Gounass, « la Médine de la sous-région », croit religieusement Aliou Tall, jeune entrepreneur de Saint-Louis.