Les populations de Hann attendent, avec beaucoup d’espoir, la réalisation du projet de dépollution de la baie pour la reprise de la belle vie qui, naguère, se menait autour de ce littoral très attrayant à l’époque.
Jadis attrayante, la baie de Hann, longue de 14 km, est dépouillée de son apparat. Son rayonnement se conjugue au passé. Sa beauté s’est éclipsée. Son visage est horrible. Elle est devenue un dépotoir à ciel ouvert et reçoit toutes sortes de déchets, ménagers comme industriels. 80% des industries du pays sont installés dans la zone. Elles rejettent leurs eaux non traitées dans la mer. Poissons pourris, sachets en plastique, résidus de bouteilles, récifs de pneus sont, entre autres, les déchets qui jonchent le sable devenu noirâtre à cause de la sévérité de la pollution. Ce qui n’est pas sans conséquences néfastes sur la santé des riverains, mais également sur l’activité économique qui s’y développe, notamment la pêche. Le lundi 29 novembre 2021, le quai de pêche de la baie de Hann est très animé. Il est pris d’assaut par les vendeurs de poisson venus s’approvisionner auprès des piroguiers qui viennent d’accoster. Visiblement plus nombreuses, les dames, certaines assises sur des seaux ou bassines, attendent patiemment, supportant, malgré elles, l’odeur fétide qui embaume l’atmosphère et attaque les fosses nasales des visiteurs. Un vent sec fouette les visages. Des porteurs proposent leur service aux dames, moyennant une somme d’argent. Des camions frigorifiques, tous vides, sont stationnés tout au long de la baie attendant de faire le plein.
Assise sur un seau, Khady Sarr contemple les vagues qui déferlent malgré l’environnement nauséabond. Vendeuse de poissons de son état, elle mène cette activité depuis deux décennies. Native de Yarakh, elle fait partie des personnes qui ont connu la baie au moment de ses années de gloire. Et elle s’en souvient comme si c’était hier. « Nous ne sommes plus à la période où il suffisait de se baisser pour ramasser des poissons. Cette baie était très jolie, mais elle est devenue crasseuse à cause de la pollution. Ce sont surtout les usines qui ont empiré la situation », dénonce-t-elle avec regret. Toutefois, elle nourrit l’espoir que le projet de dépollution de la baie de Hann, dont les travaux sont en cours, va lui redonner son lustre d’antan.
À quelques pas d’elle, se trouve Mansour Mbaye, casquette bien vissée sur la tête, des écouteurs enrôlés à son coup. Des dorades et des pageots ornent le décor de son étal. Supportant le vent et l’odeur infecte, il attend les acheteurs. Interpellé, il reconnaît que leur activité ne marche plus comme auparavant. « La baie n’est plus fréquentée par les touristes qui y venaient nombreux à cause de la pollution. Ce lieu ne vaut plus rien. Nous prions pour que les travaux de dépollution se terminent vite afin que nos activités se développent davantage », déclare-t-il. Retrouvé sous une tente de fortune érigée sur les lieux, Saliou Diouf, coordonnateur des mareyeurs du quai de pêche de Hann, a, à l’instar des autres, déploré les conséquences engendrées par la pollution de la baie. Selon lui, à cause de la pollution, les poissons ont fui les côtes de Hann depuis plusieurs années. « Maintenant pour avoir du poisson, il faut aller en très haute mer », informe-t-il avec désolation. Pour lui, seule la dépollution de la baie pourra leur permettre de remettre leur activité sur les rails. « Le projet est certes lent, mais il est tout notre espoir pour la reprise de nos activités. Si cette baie est polluée, nous ferons tout pour l’entretenir et la protéger », rassure-t-il. En effet, si la pollution de la baie a pris des proportions inquiétantes, c’est en grande partie à cause des usines implantées aux alentours, mais aussi des populations autochtones qui y déversent toutes sortes de déchets ménagers. Résidente de la zone, Fatou Fall plaide pour l’accélération des travaux « afin qu’on puisse respirer de l’air pur et profiter de la brise la mer ». Selon elle, toutes les familles interdisent à leurs enfants de se baigner dans la mer pour éviter des maladies de la peau devenues nombreuses dans le village. « Nous ne vivons plus. Nous ne respirons pas de l’air pur et nous ne profitons pas des brises de la mer. Nos enfants ne se baignent plus dans cette mer polluée et insalubre. Sinon, ils risquent d’être malades », souligne-t-elle, tout en réitérant son vœu de voir la baie être dépolluée au grand bonheur de la population.