La semaine a été bien gourmande à Dakar. À la faveur de « Dakar restaurant Week », qui a débuté le 12 février et se termine aujourd’hui samedi, les populations ont profité des cartes de 17 restaurants avec des tarifs revus à la baisse. Un moyen friand de satisfaire les envies gourmandes des Dakarois et découvrir les bons plans cuisine.
Le climat de cet après-midi de mercredi n’est pas bien clément avec son monde. Un soleil agressif couvre un environnement poussiéreux, avec au-dessus des têtes des tas de cumulus sans grand secours. L’atmosphère rafraichie de la terrasse du restaurant-bar « Le Kiosk Dakar » dépare ce grand décor tropical qui sévit au quartier des Mamelles. À l’intérieur, quelques sourdes rumeurs de clients peinent à venir au bout de la quiétude qui règne. On se sent bien dedans. Le cadre est clairement apaisant et plutôt sélect, quoiqu’il n’y ait pas cette douce musique qui accompagne les appétits et mœurs des clients. « Un restaurant, ce n’est pas que la nourriture. C’est aussi tout ce qu’il nous offre pour notre bien-être », note Aly, baigné dans les effluves de la sandwicherie et de la pâtisserie « Le Kiosk Dakar ».
Aly et sa compagne ont découvert ce restaurant grâce au « Dakar Restaurant Week ». C’est une promenade culinaire avec 17 restaurants née de Cooking with Aziz and friends (Cowaf). Cette dernière est une communauté Facebook de 19 000 membres passionnés de cuisines et de voyages. L’initiative part de la volonté de faire partager aux Dakarois l’amour, l’envie et la possibilité de découvertes gastronomiques enrichissantes et trépidantes des grands restaurants. L’aventure a commencé le 12 février et finit aujourd’hui, samedi 19 février. Tous les menus spécialement concoctés seront, dans cette période, pour 9 000 FCfa le déjeuner et 15 000 FCfa le dîner. Aly et sa fiancée sont venus profiter de cette appétissante occasion et prolonger, par-là, la ferveur de la Saint-Valentin autour des arts de la table.
« Nous avons découvert cette semaine gastronomique sur Instagram et nous avons décidé de venir découvrir. C’est une superbe initiative et l’expérience est très bonne. Nous sommes à notre quatrième restaurant, et nous prévoyons de sortir dîner ce soir », sourit le jeune amoureux, qui tient délicatement la main de sa conjointe. Ses propos provoquent une joie perceptible chez l’homme bâti comme un mastodonte, debout derrière lui. Il s’agit du Chef Aziz, initiateur de cet atypique marathon culinaire. Il se fond difficilement dans la dizaine de clients qui se trouvent au salon, par son gabarit, ses manières et ses curiosités. Il s’enquiert du couple et de leurs ressentis.
Un héritage de ma grand-mère Gnagna Thiam
« En tant que promoteur culinaire, j’ai voulu valoriser et mettre en avant ce qu’on a au Sénégal en termes de grands restaurants et de cuisines, et en faire profiter au maximum tous ces gens qui en ont envie. Cowaf fête aussi ses dix ans et il fallait faire quelque chose de grand », explique Aziz Agbo-Panzo. Il retourne ensuite prendre la grappe du serveur, qui s’explique sur le menu et les services. Il pose des questions sur la vie du restaurant avec le « Dakar Restaurant Week », et consulte le menu. La minutie du chef fait encore un peu des siennes. Au lieu de lire, il examine les singularités de la carte. La fille d’Aziz, qui l’accompagne avec sa femme, prend aussi bien de son papa. Après quelques minutes et maintes questions, il choisit une assiette saumon en entrée, un curry de lotte avec ses fruits de mer en résistance, et du fondant de chocolat pour le dessert. « J’aime manger et bien manger. C’est une obsession chez moi, et un héritage de ma grand-mère Gnagna Thiam qui m’a appris les bonheurs de la cuisine », rigole Aziz en rejoignant sa table, aux côtés de sa petite famille.
En attente de sa commande, le chef cuistot entretient de sa satisfaction sur la réussite de l’évènement. « Nous sommes heureux de ce qui se passe. Dès les premiers jours, nous avons connu des restaurants inondés de monde. Même à Diamniadio, où nous pensions que les gens allaient être découragés par l’éloignement. Les populations avaient besoin de ces évènements », jubile le chef cuisinier. Aux autres tables, des échanges délicats et des sourires bon enfant agrémentent le décor. Ce joli tableau est ravi par la sympathie des serveurs, qui montrent grande bonhommie. « J’ai bien aimé cela. Dans certains points, le service est de qualité et l’accueil est trop bien. Dans d’autres cependant, il y a vraiment du travail à faire. Par rapport à mon travail et mon expérience, je vais apporter de l’assistance. Tout doit être au top dans un restaurant », confie le promoteur culinaire et fondateur de ZBox Cuisine, spécialisée dans l’engagement de la marque et la promotion des restaurants locaux à travers le monde.
À la remarque du temps que prend sa commande, Aziz se veut accommodant. « Il faut remarquer que beaucoup des 17 restaurants engagés ont connu un rush durant cet évènement. Ainsi, certains ont même épuisé leurs rations. Il faut, par moments, de la compréhension. Le bon point, c’est ce que permet un perfectionnement et un rééquilibrage, surtout qu’il y a plus d’yeux et de caméras braqués sur vous », raille Aziz, dans ses rires communicatifs. On perd tout de même peu à peu cette attention quand arrive l’entrée. Sa fille et lui prennent des photos des plats, pour « partager avec la communauté des réseaux sociaux ». Là où tout est parti. Toute cette chaleur est pour manifestement ravir le serveur et ses collègues, reconnaissants de « recevoir beaucoup plus personnes et d’intérêt », mais aussi de finances.
Mamadou Oumar KAMARA
Des perspectives plus appétissantes
Aziz Agbo-Panzo est joyeux. Il est aux anges de voir son projet être épousé et approprié par les populations. Ce qui lui inspire un génie prospectif. « Notre défi est d’en faire maintenant une fête nationale. À long terme, nous voulons une sorte de Biennale de la cuisine », s’enthousiasme le cuistot. Son équipe et lui ont déjà retenu les dates de la prochaine édition. Ce sera du 11 au 17 février 2023. « Nous aurons beaucoup plus de fast-food l’année prochaine, dans un franc esprit d’inclusion. Nous pensons aussi intégrer beaucoup plus de restaurants et d’hôtels 3 et 5 étoiles. Nous les avions contactés cette année, mais beaucoup d’entre eux ont estimé les prix très bas pour leurs cartes », souligne l’initiateur du « Dakar Restaurant Week ». Ce dernier annonce par ailleurs un Salon des traiteurs, dans le but « de concerner des prestataires qui n’ont pas de locaux mais qui proposent aussi de très belles choses ». Aziz indique que cela se fera dans un espace ouvert, avec aussi la participation des fournisseurs. L’ambition d’Aziz, comme il le dit, est de promouvoir le savoir-faire africain à travers une plateforme et disposer d’une plateforme d’informations pour les nouveaux et prochains talents cuistots.