Il n’est jamais trop tard pour retourner sur les bancs de l’école. C’est ce qu’essaie de montrer le programme « Jang du wess », en cours à Sacré-Cœur 2, au niveau du Centre d’appui à l’initiative féminine. Celui-ci est destiné à ceux qui veulent savoir lire et écrire dans la langue de Molière.
Un tableau noir, des tables blanches et un maître qui donne des instructions à des apprenants. Cette scène a tout l’air d’une salle de classe normale avec un cours classique. Mais, elle tient sa singularité des profils de ses apprenants. Ce sont, entre autres, des commerçants, des femmes de ménage ou encore des tailleurs qui ont décidé de venir apprendre le français. Ils se rendent, chaque jour, au Centre d’appui à l’initiative féminine (Caif), situé à Sacré-Cœur 2, pour suivre des cours du soir. Ces apprenants qui sortent un peu de l’ordinaire veulent ainsi faire table rase du passé et écrire un nouvel avenir en sachant lire et écrire en français. Un outil devenu indispensable pour la bonne marche de leurs activités respectives.
Trouvés dans une salle, jeudi dernier, les apprenants en sont à leur quatrième cours du soir. La concentration est à son maximum. Ils sont au nombre de sept et suivent avec attention l’enseignant. Le maître commence d’abord par une séance de révision en écriture. « Écrivez le mot pipe », ordonne-t-il. Après quelques minutes, les apprenants lèvent les ardoises pour montrer le résultat. Il invite ensuite trois apprenants à venir au tableau pour reproduire les lettres déjà apprises. La séance se termine par l’apprentissage des lettres « n » et « m ».
Khady, Sally Diatta et Vieux Cissokho n’ont pas fait les bancs. Le programme «Jang du wess » s’est révélé être une chance pour eux d’apprendre les bases de la langue française. Ils ont donc décidé de payer mensuellement 15 000 FCfa pendant trois mois de formation avec fournitures et manuels inclus. Khady est commerçante. Âgée d’une cinquantaine d’années, elle a décidé de venir suivre ces cours du soir pour être plus autonome. « C’est contraignant de ne savoir ni lire ni écrire », avoue-t-elle. Cette dernière estime qu’il est primordial de savoir lire et écrire pour pouvoir être indépendant. La commerçante participe à ces séances depuis une semaine. C’est aussi le cas de Sally Diatta et Vieux Cissokho. Ils sont tous âgés de 23 ans. Pour eux, ce programme est une chance pour se rattraper et écrire une nouvelle page dans leur vécu. « J’ai vu ce programme comme une aubaine, car je suis passé à côté de certaines opportunités à cause de mon incapacité à savoir lire et écrire », explique Vieux Cissokho. Le jeune tailleur juge l’apprentissage de la langue française « indispensable » surtout à l’ère du numérique.
Couturier, commerçant, ménagère…
Sally Diatta y voit aussi un moyen d’entrer dans l’univers de la connaissance à l’image des jeunes de son âge. Ménagère de son état, elle espère pouvoir combler ses lacunes durant ces trois mois de formation. « J’ai arrêté mes études en classe de CM2 et ces cours sont une seconde chance pour moi », estime aussi M. Mbaye, un couturier de formation qui s’est inscrit dans ce centre. Il veut rectifier le tir et saisir d’autres opportunités.
Lancé en 2018, le programme « Jang du wess » est né d’un constat. « Nous sommes dans le secteur de la formation professionnelle. Et dans ce milieu, le niveau le plus accessible est le Certificat d’aptitude professionnelle (Cap) qui équivaut au Bfem. Il est donc nécessaire de savoir lire et écrire. Cela exclut 50 % de la population », fait savoir Insa Dramé, Directeur du Centre d’appui à l’initiative féminine. Pour aider les analphabètes à pouvoir lire et écrire, le Caif a décidé d’initier ce programme dénommé « Jang du wess ». Le programme compte, en moyenne, une vingtaine d’apprenants par session, informe M. Dramé. À terme, il s’agit de lutter contre l’analphabétisme et d’aider les personnes adultes à acquérir des connaissances dans la langue française. « Nous avons constaté qu’il y a des personnes qui sont à des niveaux de responsabilité et qui ont envie de savoir lire et écrire pour diverses raisons », indique le Directeur du Caif. Ce programme est en phase d’initiation, dit-il. À l’issue de ces trois mois, des attestations de suivi de formation sont délivrées aux apprenants.