Depuis la révélation du gré à gré de 200 milliards de Fcfa à la Société africaine de raffinage (Sar), sa direction générale ne pipe mot. Au contraire, elle tente d’orienter tous les regards vers son contentieux privé avec Locafrique qui n’intéresse personne. On apprend que cette grosse commande, sans appel d’offres, relève d’une entente opaque entre certains actionnaires. Un vrai «tong-tong ».
Locafrique doit-elle de l’argent à la Sar ? La Sar doit-elle de l’argent à Locafrique ? Quoiqu’il en soit, c’est un contentieux privé entre actionnaires, qui n’intéresse personne. Les Sénégalais attendent de la direction générale de la Sar des explications claires et précises sur le marché de gré à gré de 200 milliards de Fcfa dont l’existence a été révélée par Locafrique dans sa réponse fournie au juge après l’assignation servie par la Sar qui veut par tous les moyens lever des fonds.
La société de crédit-bail, qui contrôle 34% du capital de la Sar, indiquait qu’à la faveur de l’arrêt métal décrété le 30 novembre 2021 pour une période de 100 jours, la commande de l’ensemble des produits blancs (super, gasoil…), estimée à 200 milliards de Fcfa, a été passée sans appel d’offres et à l’insu du conseil d’administration. Et comme nous le révélions, l’exécution de cette commande a commencé puisque via Petrosen, la Sar a déjà reçu, le 6 décembre dernier, 26.000 tonnes de gasoil déchargées par le bateau Fsc Singapour.
Libération a appris que d’autres déchargements de bateaux sont prévus dans le cadre de la même commande. En réalité, il s’agit d’une entente illicite entre actionnaires sur le dos du contribuable et de…Locafrique.
A preuve, Petrosen, qui a «eu » quatre cargaisons, a filé, par exemple, une partie à Sahara energy et Itoc Sa, qui sont aussi….actionnaires minoritaires dans la Sar. Comment une société publique peut-elle se livrer à ces opérations qui ressemblent tout simplement à une rétrocession ? N’est-il pas plus logique de «donner » directement les cargaisons à Sahara energy ou Itoc ? A quoi sert en définitive la subvention de l’Etat ?
Pendant ce temps, un bateau de Locafrique est dans les eaux sénégalaises, depuis plusieurs semaines, mais la Sar refuse de le prendre au motif qu’elle est contentieux avec la société de crédit-bail ! Mieux vaut importer que prendre ce qui est déjà là…
Dans tous les cas, les plus hautes autorités doivent faire arrêter ce marché de gré à gré dont l’exécution se déroule dans l’opacité totale. Surtout au moment où on évoque des surcoûts présumés sur lesquels nous reviendrons.