Dans la perception populaire, elle est passée de Che-Guevara à proche du système qu’elle dénonçait. Sa langue est devenue moins acerbe, elle fréquente chanteurs, danseuses et influenceurs, tout en criant sa proximité avec Antoine Félix Diome. Mais contre l’impression que son attitude renvoie, Fatoumata Ndiaye dite Fouta Tampi se défend.
De Fouta Tampi, elle est passée à Fouta Tampaani. Sur les plateaux télé, Fatoumata Ndiaye disait, à qui voulait l’entendre, que son terroir était oublié de tous les gouvernements du Sénégal. Celui de Macky Sall qui n’était pas non plus en reste, n’avait pas été épargné par ses quolibets… Seulement, la coordonnatrice du mouvement contestataire semble n’être plus «Tampi» pour ne pas dire «fatiguée». Elle mène maintenant une vie de star. Les principes, les combats pour Fouta ? Fouta Wéli. Des observateurs, telle que la journaliste Aissatou Diop Fall, avaient crié leur tristesse et leur compassion pour celle chez qui, on avait commencé à déceler un changement de discours. Et de veste.
Fatoumata Ndiaye, quelques mois avant ces changements, disait pourtant que Macky Sall avait trahi son Fouta. Aucune réalisation de la part du président et de son gouvernement. Mais, c’était au début, lorsqu’elle brandissait encore sa casquette de révolutionnaire sur certains plateaux. Peu de temps passera et on l’entendra louer un début de réalisation : la coordonnatrice du mouvement qui a atteint une aura quasi nationale en peu de temps avait été ainsi contactée, directement, par le ministre Mansour Faye, qui lui a annoncé le début des travaux. Une route…
«Distributrice automatique de billets de banque, amie des ministres et des stars»
En l’espace de quelques mois, une chose et son contraire : elle est passée de la posture d’une révolutionnaire qui nie toute action du gouvernement à celle d’un acteur au discours plus adouci. Mieux, elle est aussi devenue «distributrice automatique» de billets de banque et «amie de ministres.” La vidéo ne saurait mentir : c’est bien elle devant le flash de Niang Kharagne Lo. C’est bien Fatoumata Ndiaye qui exulte quand l’influenceur la surnomme « Fouta tampani » (Fouta n’est pas fatiguée). Elle ne semble plus fatiguée en effet. Fatoumata Ndiaye a compté cash dix billets de dix-mille francs pour les offrir à Niang. C’est encore elle qui a évoqué son rapprochement avec Antoine Félix Diome, ministre du gouvernement sur qui elle tirait à boulet rouge, après avoir gâté celui qui le filmait. Il y avait sur place l’ancienne danseuse Ndèye Guèye. Réunion de stars quoi…
Aussi, la Che Guevara d’hier se paie le luxe d’être chantée (et de distribuer des billets aussi) par Wally Seck. Fouta Wély et Fatou se défend de la perception que l’opinion s’est faite d’elle. Elle s’explique : « Peut-être les gens ne sont pas au courant de ma relation avec Ndèye Guèye, mais cette dernière m’a pratiquement élevée. C’est ma grande-sœur. Elle connaît tout de moi et on discute de tout », dit-elle, s’exprimant au sujet de la vidéo qui est devenue virale sur les réseaux sociaux. Niang Kharagne Lo était juste de passage chez elle et c’est grâce à une de leur amie en commun, Amina Ndoye que le Link entre eux, a été établi. Au moment de rentrer, il a demandé à ce qu’elle lui offre de l’argent. C’est ainsi que celle qui dénonçait le mal-être de son Fouta natal a entrepris de lui remettre de l’argent. «A ma grande surprise, il a pris la scène en vidéo et l’a publiée sur les réseaux sociaux», précise t-elle.
«C’est Wally Seck lui-même qui m’a remis l’argent que je lui ai donné sur scène»
Elle revient sur sa relation avec Antoine Félix Diome. «Effectivement, c’est mon frère et c’est mon ami. On se voit beaucoup et je suis sa petite-sœur. » Mais, à l’en croire, «cela n’a rien à voir», parlant de l’engagement qui l’a fait connaître et de sa proximité avec certains membres du gouvernement.
Ce n’est pas pour autant qu’elle nie avoir reçu de l’argent de Antoine Félix Diome. «Si je devais estimer ce qu’il m’a offert comme argent, dit la dénonciatrice virulente d’avant, ça ne dépasse pas un million de francs CFA.» Quid de l’argent qu’elle distribuait au concert du fils de Papa Thione ? «C’est Wally Seck lui-même qui m’a donné l’argent», renseigne-t-elle, tout en soulignant, dans la foulée que le chanteur et elle ne se connaissent même pas et qu’ils ne se sont vus, pour la première fois, que le jour du concert où elle le couvrait d’argent.
Du reste, elle réfute la thèse selon laquelle, elle aurait rejoint le cercle restreint des peoples. «Je suis juste victime des feux des projecteurs. D’ordinaire, je n’aime même pas sortir et fréquenter certains endroits. La fameuse soirée de Wally Seck avait été organisée par Nogaye Diaw, une grande amie à moi, elle est aussi ma couturière. Je ne pouvais pas ne pas y assister par égard pour elle. Ceci dit, la coordonnatrice du mouvement Fouta Tampi soutient toujours être dans la lancée de ce qui a fait son nom. «Je suis sur le terrain et bientôt on verra quelque chose de nouveau. On est dans les préparatifs d’une tournée pour ce vendredi et nous aurons un grand rassemblement pour dimanche prochain, à Podor.»
Elle a une vie privée et la réclame, de même qu’elle s’offusque du fait que le Sénégalais aime chercher des poux dans la tête d’autrui. Aussi dit-elle ne pas se payer la tête de ceux et celles qui ont cru à son discours et adhéré à la philosophie «tampiste» qu’elle incarnait, en la troquant avec quelques liasses. Fatoumata Ndiaye Fouta Tampi se déclare commerçante et soutient vivre de son commerce. «Personne n’est derrière moi», termine-t-elle, pour se défendre de ceux et celles qui, selon elle, parlent par simple envie de parler…