Éric Zemmour agite le début de la campagne présidentielle en France. S’il n’est pas encore officiellement candidat, il en a tout l’air. L’ex-polémiste de CNews et du « Figaro » grimpe dans les sondages et commence à inquiéter les états-majors à droite et à l’extrême-droite. Décryptage.
Il tient des meetings, enchaîne les interviews. Et pourtant, il laisse toujours planer un faux suspense. Éric Zemmour a envie d’être candidat et on le voit mal s’arrêter maintenant. La question ce n’est « si » il sera candidat mais plutôt « quand ». Pour le moment, ne pas être formellement candidat lui évite de devoir répondre à toutes les questions. Éric Zemmour l’a dit lui-même : il a tout intérêt à rester dans l’ambiguïté le plus longtemps possible.
Candidat anti-système
Pas encore candidat, Éric Zemmour remplit les salles et menace Marine Le Pen dans les sondages. Pour Jean-Yves Camus, politologue et co-directeur de l’Observatoire des radicalités politiques, le principal atout d’Éric Zemmour est qu’il ne vient d’aucun parti politique : « Il a l’attrait de la nouveauté. Il est connu. Et puis il arrive à un moment où Marine Le Pen se présente pour la troisième fois à l’élection présidentielle, dans l’incapacité de l’emporter. Donc, il y a chez certains électeurs du Rassemblement national un peu de lassitude parce que leur objectif ce n’est pas de bien figurer ou de faire un bon score, c’est de gagner. »
Éric Zemmour profite à plein d’une forme de lassitude des électeurs du Rassemblement national. Un sondage le donne même devant Marine Le Pen au second tour de la présidentielle.
Les Républicains aussi menacés
Les Républicains sont embourbés dans le choix de leur candidat ou candidate jusqu’à début décembre, cela fait presque deux mois d’attente, une éternité en pleine campagne présidentielle. Pendant ce temps, Éric Zemmour parle à l’oreille des électeurs de François Fillon de 2017, selon Jean-Yves Camus : « Pour l’instant, il prend aux alentours du quart des suffrages des électeurs de François Fillon en 2017. C’est quand même beaucoup. La porosité idéologique existait déjà mais là elle trouve quelqu’un dans qui s’incarner. Ce n’était pas le cas avec François-Xavier Bellamy ni Bruno Retailleau. Philippe de Villiers est relativement hors course. Là, ces électeurs ultra conservateurs trouvent une figure dans laquelle ils se reconnaissent. »
Trouble-fête de la campagne, qui séduit aussi bien chez les LR qu’au RN, Éric Zemmour tente de réaliser l’union des droites. Il espère aussi prendre des voix aux abstentionnistes qui le voient comme un candidat hors système, pas un professionnel de la politique. Mais il a encore du travail. La récolte des 500 parrainages d’élus est plus difficile que prévue. Côté finances, c’est flou. Et surtout, Éric Zemmour manque d’une équipe de campagne qualifiée, élément clé pour organiser une machine de guerre électorale.
LR et RN à la recherche de la bonne riposte
Officiellement, les Républicains et le Rassemblement national font le dos rond face au piège Zemmour. L’attaquer en permanence lui donnerait de l’importance. L’ignorer lui laisserait la voie dégagée. À droite, les premières fractures ont éclaté chez les Républicains, beaucoup se reconnaissent dans les déclarations d’Éric Zemmour. Le candidat à l’investiture Eric Ciotti n’a pas exclu de voter Zemmour face à Macron.