Un géant de la Tradition vient de disparaître, emportant avec lui des pans entiers de notre histoire nationale, dans ses séquences anecdotiques les plus secrètes, ainsi que de multiples rameaux extraits des branches généalogiques de nos différentes familles. Avec lui, c’est le Wâlo, le Rîp, le Sâloum, le Djolof, le Cayor, le Baol, le Sîne et le Fouta qui perdent les dernières brides de leurs mémoires traditionnelles.
Fils de El-Hadj Omar BÂ, descendant de la famille de Ma-Bâ Diakhou BÂ, et de Fatou DIAW, fille de Yoro DIAW de Bôly MBÔDJ, dont il était l’héritier dans le savoir traditionnel, cet homme fut mon ami personnel et en même temps mon maître qui m’a initié dans la science de la généalogie historique traditionnelle et de l’histoire nationale populaire des pays wolof. En fréquentes compagnies avec lui, où je venais souvent aux HLM pour lui rendre visite et surtout puiser de ses connaissances, il m’avait dit un jour : « si j’étais né dans ta génération, c’est avec toi que je m’accompagnerais toujours… ».
Né en 1924, il vient de décéder à l’âge de 92 ans, me laissant orphelin et encore frustré de son savoir, pour beaucoup de compléments et de rappels que je voulais obtenir de lui, avant qu’il ne commence subitement à perdre la mémoire et rentrer définitivement à Kaolack. Je projetai alors de passer prendre de ses nouvelles, auprès de sa nièce, ma tante Bigué NDIAYE – fille du Lt Coumba-Diouf NDIAYE dit « Coumba-Bigué-NGoné », fils du Toubé MBaba NGouye-Fâma au Djoloff -, et dont la mère, Seynabou NDIAYE-Bouna, fille de Bouna Al-Boury NDIAYE et en même temps épouse du Lt Coumba-Diouf NDIAYE, était sa sœur aînée, issue d’une même mère : Fatou DIAW Yoro-Boly. Mais la nouvelle m’a surpris soudainement, hier en pleine nuit, me faisant regretter ce retard de visite.
A Bilel Racky WANE, fille de ma tante Bigué NDIAYE et de Mâmadou Birâne, fils de Amadou-Mokhtâr, fils de Ibrâ-Almamy WANE, ainsi qu’à sa mère qui m’a fait personnellement connaître son oncle maternel Mamour BÂ, j’aimerais présenter mes condoléances les plus vives, ainsi que le partage de mon cœur attristé et lourd de douleur, en attendant de venir à la maison leur en faire témoignage de vive voix.
Mes condoléances à tout le Sénégal qui perd ainsi un Baobab énorme, un agrégé du savoir en son genre et dont chaque feuille constitutive en était l’illustration d’une Bibliothèque vivante.