La Guinée renoue avec ses vieux démons. De son indépendance en 1958 à nos jours, le pays a connu trois coups d’Etat et plusieurs tentatives. Retour sur les trois coups de force qui ont marqué la Guinée.
Si les deux premiers putschs ont eu lieu au lendemain de la mort des chef d’Etat, celui du dimanche 5 septembre a ceci de particulier qu’il a renversé le premier président démocratiquement élu du pays, Alpha Condé.
1984, Lansana Conté, précurseur des putschistes guinéens
Le Colonel Lansana Conté est le premier à avoir réussi un coup de force le 3 avril 1984, une semaine après la mort du père de l’indépendance de la Guinée, Ahmed Sékou Touré.
Le colonel, qui sera promu général dans la foulée, dirige un Comité militaire de redressement national et renverse le président intérimaire Louis Béavogui. En décembre 1990, il fait adopter une nouvelle Constitution et instaure le multipartisme.
Il remporte les premières élections présidentielles organisées après la mort de Sékou Touré en 1993.
Il sera réélu à deux reprises.
Son principal opposant, Alpha Condé, est arrêté en décembre 1998 puis emprisonné. Il bénéficiera d’une grâce en mai 2001.Son règne à la tête de la Guinée ne sera pas de tout repos. En 1985, il fait face à une tentative de coup d’Etat et en 1996, une mutinerie se transforme en tentative de coup d’Etat avec l’attaque de la présidence par près de 2000 soldats.
Ces derniers prennent brièvement le contrôle de la radio où il annonce la création d’un « comité de salut national ».
Début 2007, l’opposition et la société civile dénoncent sa gestion du pays lors de grandes manifestations qui feront plus de 180 morts, selon les organisations de défense des droits de l’homme.
2008, Moussa Dadis Camara et son CNDD
Lansana Conté meurt en décembre 2008 et inspire un groupe d’officiers qui prend le pouvoir au lendemain de son décès. Ils mettent en place le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD). Le Capitaine Moussa Dadis Camara est le chef de la junte au pouvoir en Guinée du 23 décembre 2008 jusqu’à la mise en place d’un gouvernement civil fin 2010.
Il se fait connaître à travers les médias par des discours enflammés ainsi que des humiliations publiques de diplomates européens.
Le 28 septembre 2009, les forces de sécurité répriment de manière violente un rassemblement de l’opposition dans un stade de Conakry.
Au moins 157 personnes sont tuées et plus d’une centaine de femmes sont violées, selon l’ONG Amnesty International.
Le 3 décembre 2009, il échappe à une tentative d’assassinat orchestrée par son aide de camp Toumba Diakité. Blessé à la tête, il est remplacé par le Général Sékouba Konaté, qui mène la transition jusqu’à l’élection de l’opposant historique Alpha Condé en novembre 2010.
2021, Mamady Doumbouya, coup d’arrêt au 3ème mandat
L’opposant historique sera réélu en 2015 pour un second mandat. Entre 2019 et 2020, le débat sur un éventuel 3ème mandat occupe l’opinion publique guinéenne.
Alpha Condé engage une révision constitutionnelle décriée par le Front National pour la Défense de la Constitution. Cette réforme lui permet de briguer un troisième mandat.
Il est réélu une 3ème fois mais ce 3ème mandat prendra fin brutalement le 5 septembre 2021, avec le coup d’Etat orchestré par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya.
Un Comité national du rassemblement et du développement, affirme avoir arrêté le président Alpha Condé et suspend la Constitution. Il est dirigé par le chef des forces spéciales, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, promu par Condé lui-même.